Monaco-Matin

La tension à son comble impasse des Liserons

Haut lieu du trafic de drogue, le quartier de l’est de Nice a encore été le théâtre de tirs à l’arme lourde dimanche soir. Une compagnie de CRS a été déployée hier à 20 heures

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Cinq coups de feu en moins d’une minute éclatent dans la nuit, impasse des Liserons, dimanche vers 23 heures. Une vidéo postée sur Twitter par un riverain ne laisse aucun doute sur la nature de ces détonation­s amplifiées par les hautes façades des HLM. Des inconnus font usage de kalachniko­v, des armes de guerre. Des hommes encagoulés circulent dans le quartier et cherchent à en découdre. Depuis ce printemps, l’impasse connaît de vives tensions entre communauté­s et les règlements de compte se sont déplacés hier près du McDo, route de Turin, faisant craindre le pire. Jeudi déjà, un jeune homme de 19 ans, d’origine maghrébine, a été poignardé. Ses jours ne sont pas en danger mais il est toujours hospitalis­é. Des coups de feu ont été tirés et un membre de la communauté tchétchène a été légèrement blessé.

Dimanche soir, bis repetita. Plusieurs hommes d’origine tchétchène se sont regroupés dans ce quartier dit sensible.

C’est alors qu’ils ont essuyé plusieurs tirs de gros calibre. Trois d’entre eux ont été blessés, dont un plus sérieuseme­nt. Là encore, le drame irréparabl­e a été évité de justesse. Acte d’intimidati­on ou volonté de nettoyer le quartier des dealers ? Les porte-parole de chacune des communauté­s avancent des hypothèses aux antipodes.

CRS déployés

À chaque agression, les forces de l’ordre intervienn­ent en nombre pour boucler le quartier, éviter les représaill­es et enquêter. La nuit dernière les policiers de la Sécurité publique ont été renforcés par le Raid et des gendarmes d’unités d’interventi­on. Et le préfet a annoncé, hier soir, le déploiemen­t d’une compagnie de CRS qui devrait permettre aux 3 200 habitants de retrouver un semblant de quiétude. Avec les risques que les tensions se déplacent.

Les investigat­ions, elles, sont confiées à la brigade criminelle de la police judiciaire qui a multiplié les auditions ces dernières heures. Pas simple de démêler l’écheveau des rivalités qui agitent le quartier d’autant que les témoins sont rares et les victimes peu bavardes. Six personnes, dont un mineur, sont d’ailleurs actuelleme­nt en garde à vue tandis que deux suspects dans l’agression de jeudi ont été déférés au parquet de Nice hier soir.

Intimidati­on et incendie criminel

Le 17 avril, dans le quartier SaintCharl­es, toujours au nord-est de Nice, des coups de feu avaient été échangés. Un jeune Tchétchène avait été blessé par balle. Le 26 avril, à 2 heures du matin, la voiture d’une femme, chauffeur VTC et figure du quartier, qui s’oppose aux dealers boulevard LouisBrail­le, avait été incendiée. Le feu, d’origine criminelle, avait également détruit un appartemen­t. Des inscriptio­ns anti-Tchétchène­s avaient été taguées sur les murs de la cité.

Là encore, trois suspects ont été interpellé­s et présentés à la justice. Ils attendent d’être jugés.

Des vigiles ont été appelés à la rescousse, cours Saint-Roch, pour sécuriser les lieux. «Le pire est à craindre, confiait alors une habitante. On a affaire à des dealers en manque de clients à cause du confinemen­t et qui ont la haine. Moi je ne rêve que d’une chose : déménager. »

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Jeudi (photo ci-dessus) et dimanche, des hommes ont utilisé des armes dans l’impasse des Liserons, lieu de tous les trafics où s’affrontent actuelleme­nt des communauté­s.(Photo Eric Ottino)

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