La tension à son comble impasse des Liserons
Haut lieu du trafic de drogue, le quartier de l’est de Nice a encore été le théâtre de tirs à l’arme lourde dimanche soir. Une compagnie de CRS a été déployée hier à 20 heures
Cinq coups de feu en moins d’une minute éclatent dans la nuit, impasse des Liserons, dimanche vers 23 heures. Une vidéo postée sur Twitter par un riverain ne laisse aucun doute sur la nature de ces détonations amplifiées par les hautes façades des HLM. Des inconnus font usage de kalachnikov, des armes de guerre. Des hommes encagoulés circulent dans le quartier et cherchent à en découdre. Depuis ce printemps, l’impasse connaît de vives tensions entre communautés et les règlements de compte se sont déplacés hier près du McDo, route de Turin, faisant craindre le pire. Jeudi déjà, un jeune homme de 19 ans, d’origine maghrébine, a été poignardé. Ses jours ne sont pas en danger mais il est toujours hospitalisé. Des coups de feu ont été tirés et un membre de la communauté tchétchène a été légèrement blessé.
Dimanche soir, bis repetita. Plusieurs hommes d’origine tchétchène se sont regroupés dans ce quartier dit sensible.
C’est alors qu’ils ont essuyé plusieurs tirs de gros calibre. Trois d’entre eux ont été blessés, dont un plus sérieusement. Là encore, le drame irréparable a été évité de justesse. Acte d’intimidation ou volonté de nettoyer le quartier des dealers ? Les porte-parole de chacune des communautés avancent des hypothèses aux antipodes.
CRS déployés
À chaque agression, les forces de l’ordre interviennent en nombre pour boucler le quartier, éviter les représailles et enquêter. La nuit dernière les policiers de la Sécurité publique ont été renforcés par le Raid et des gendarmes d’unités d’intervention. Et le préfet a annoncé, hier soir, le déploiement d’une compagnie de CRS qui devrait permettre aux 3 200 habitants de retrouver un semblant de quiétude. Avec les risques que les tensions se déplacent.
Les investigations, elles, sont confiées à la brigade criminelle de la police judiciaire qui a multiplié les auditions ces dernières heures. Pas simple de démêler l’écheveau des rivalités qui agitent le quartier d’autant que les témoins sont rares et les victimes peu bavardes. Six personnes, dont un mineur, sont d’ailleurs actuellement en garde à vue tandis que deux suspects dans l’agression de jeudi ont été déférés au parquet de Nice hier soir.
Intimidation et incendie criminel
Le 17 avril, dans le quartier SaintCharles, toujours au nord-est de Nice, des coups de feu avaient été échangés. Un jeune Tchétchène avait été blessé par balle. Le 26 avril, à 2 heures du matin, la voiture d’une femme, chauffeur VTC et figure du quartier, qui s’oppose aux dealers boulevard LouisBraille, avait été incendiée. Le feu, d’origine criminelle, avait également détruit un appartement. Des inscriptions anti-Tchétchènes avaient été taguées sur les murs de la cité.
Là encore, trois suspects ont été interpellés et présentés à la justice. Ils attendent d’être jugés.
Des vigiles ont été appelés à la rescousse, cours Saint-Roch, pour sécuriser les lieux. «Le pire est à craindre, confiait alors une habitante. On a affaire à des dealers en manque de clients à cause du confinement et qui ont la haine. Moi je ne rêve que d’une chose : déménager. »