Mais qui va vraiment habiter à Marenda-Lacan ?
Conseil municipal Le futur quartier a, de nouveau, donné lieu à un débat entre majorité et opposition. Le Rassemblement national tance le volet habitation dédié « aux bobos étrangers »
Vue sur grue. Depuis le déconfinement, les riverains du chantier antibois retrouvent le charme de l’ambiance échafaudages et parpaings. Mais pour l’instant, la réalité des illustrations placardées sur les palissades reste en deux dimensions. Bref, dans cet environnement brut de ciment on est bien loin de l’image « écoquartier » vantée sur papier. S’il faut attendre quelques mois supplémentaires pour saisir l’aspect « méditerranéen » du projet (voir ci-dessous), son existence continue toujours d’alimenter de la même manière les débats du conseil municipal. Impossible de faire passer la moindre délibération sans voir l’opposition bondir de son siège.
« Pas de familles nombreuses inactives ! »
C’est donc sans surprise que les acquisitions des derniers lots ont servi de prétexte pour en remettre une couche. « Ce projet aurait dû être amendé voire abandonné », lance au micro, sûr de lui, le leader du groupe Rassemblement national, Tanguy Cornec.
Son inquiétude ? La question des futurs résidants. S’il qualifie le secteur de « quartier survitaminé pour bobos étrangers à 5 000 euros le m2 qui vivront deux semaines par an ici », l’élu redoute le volet logement social de 35 % : « Un taux délirant à 200 mètres des remparts du XIIe siècle ! » Et même s’il tique sévèrement sur cette question, le leader d’Antibes retrouvé veut tout de même faire valoir son penchant pour l’arbitrage : « Nous voulons que les jeunes ménages actifs et modestes restent à Antibes. Et non pas que les familles nombreuses inactives extérieures à la ville s’installent. Nous voulons du logement social exclusivement pour les Antibois. » Mais au final, il voit plutôt un parking « pour répondre aux besoins des commerçants », à la place de ces habitations.
« Des pauvres ! »
Décrivant la vision de l’opposant de« passéiste et pessimiste », le maire Jean Leonetti fait dans l’ironie : « Quelle horreur ! Des pauvres près des remparts ! » Le premier magistrat revient au premier degré : « Vous avez une certaine contradiction. Nous parlons d’accès à la propriété, de logements à prix encadrés et sociaux. Je vous garantis que ces familles seront présentes toute l’année. » Levant les sourcils, il continue : « Et il paraît que ces familles achètent des choses, mangent, amènent leurs enfants à l’école... » Rappelant que « 65% des personnes vivant dans la commune » sont éligibles à un logement social, il souligne : « Le Covid nous a montré que ce pays tient grâce aux gens qui ont les plus petits salaires. » Alors, qui va vraiment habiter dans ce nouveau quartier ? Jean Leonetti l’assure : « 60 % des acquisitions de MarendaLacan sont faites par des Antibois ! »