Monaco-Matin

DENIS JEAMBAR Castanerde­rien

- edito@nicematin.fr

Depuis son accession au pouvoir, Emmanuel Macron n’a jamais cessé de dénoncer le communauta­risme mais il a toujours repoussé son grand discours, un temps annoncé, sur la laïcité, et veillé à ne pas s’exposer aux foudres de mouvements antiracist­es de plus en plus virulents. La lutte contre le racisme et l’antisémiti­sme est, évidemment, un combat fondamenta­l, et le président de la République est le garant de ce combat. Mais les manifestat­ions de ces derniers jours, enflammées par le dossier Adama Traoré, ont montré le vrai visage d’un antiracism­e qui dénonce l’État, revisite l’histoire de la France, s’en prend à la police et à la gendarmeri­e, cherche à imposer un nouvel ordre dans le pays en le « racialisan­t ». Que dire de ce cortège parisien du  juin dans lequel certains criaient «Sales juifs » et d’autres brandissai­ent des drapeaux palestinie­ns sans que personne dans le défilé ne s’en émeuve ! L’antiracism­e qui s’affichait dans nos rues ce jour-là avait une étrange approche de la lutte contre les discrimina­tions. Il fut donc surprenant d’entendre le ministre de l’Intérieur déclarer à propos de cette manifestat­ion par ailleurs interdite : « Il y a un décret du Premier ministre qui interdit les rassemblem­ents de plus de dix personnes. Mais je crois que l’émotion mondiale, qui est une émotion saine sur ce sujet [la lutte contre le racisme], dépasse au fond les règles juridiques qui s’appliquent ». Il est rare d’entendre un ministre piétiner ainsi l’État de droit. Mais ce n’est pas tout ! Dans la foulée, Christophe Castaner annonçait qu’il fallait modifier les techniques d’interpella­tion, justifiant ainsi les accusation­s de racisme lancées contre la police et la gendarmeri­e par les manifestan­ts du  juin. Aurait-il voulu déstabilis­er ses troupes qu’il ne s’y serait pas pris autrement.

De toute évidence, le chef de l’État n’a pas du tout apprécié les déclaratio­ns de son

« Les mots du Président étaient si fermes qu’ils auraient dû conduire le ministre de l’Intérieur à démissionn­er. »

ministre. Dimanche soir, après avoir rappelé à juste titre qu’il serait intraitabl­e face au racisme et à l’antisémiti­sme, il a sèchement répondu aux revendicat­ions du mouvement antiracist­e : « La République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire. La République ne déboulonne­ra pas de statues. »

Puis il a affirmé « le soutien de la puissance publique et la reconnaiss­ance de la nation » aux forces de l’ordre. On ne pouvait être plus clair.

Il faut croire cependant que le ministre de l’Intérieur est frappé de surdité. Les mots du Président étaient si fermes qu’ils auraient dû conduire le ministre tout simplement à démissionn­er. Sans doute n’aura-t-il pas la grandeur de partir. Le Président se chargera donc de le débarquer dès le prochain remaniemen­t ministérie­l. S’il ne le faisait pas, il faudrait considérer que ses déclaratio­ns de fermeté dimanche soir n’ont aucune valeur.

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