Monaco-Matin

« Le vélo est devenu un mode de déplacemen­t »

Un mois après son lancement, le maire-candidat de Nice fait le bilan de son plan vélo post-confinemen­t. Et le point sur les pistes cyclables qui vont rester, changer ou disparaîtr­e

- Recueilli par CÉLIA MALLECK cmalleck@nicematin.fr

Àla sortie du confinemen­t, le maire de Nice, candidat à sa réélection, a annoncé la création de 30 km de pistes cyclables. Un essai d’un mois. Avec des avancées. Et des rétropédal­ages. Lundi, Christian Estrosi a fait le bilan de son expériment­ation lors d’une interview exclusive accordée à Nice-Matin. Le président de la Métropole fait le point sur les aménagemen­ts à garder, à ajuster ou à jeter à moins de deux semaines du second tour des élections municipale­s.

Quelle a été la philosophi­e du plan mobilité ?

On a essayé de trouver des solutions pour traverser le mieux possible cette période de déconfinem­ent, sans parti pris. Quelqu’un qui veut se déplacer en voiture, parce qu’il a peur de monter dans les transports en commun, c’est sa liberté. Je ne dois pas lui compliquer les choses. Mais il faut trouver le juste équilibre qui nous permet d’aller vers une ville apaisée. C’était l’occasion d’équilibrer la voiture et le vélo. Alors, étape par étape, on a tiré les leçons pour voir ce qui pourrait être pérennisé. Et dans ce qui ne marcherait pas, ce qu’il fallait réajuster ou défaire.

Combien ça a coûté ?

, million d’euros.

Qu’est-ce qui n’a pas marché ?

La Madeleine. Un : ça pénalisait la circulatio­n. Deux : il n’y avait pas de cyclistes. Trois : quand il y en avait, c’était dangereux. Avec le comité de quartier, on a réfléchi à des solutions structurée­s qui nécessiter­aient des travaux sur le terre-plein central pour faire une piste cyclable en site propre et sécurisée. Pareil pour Pierre-Sola. Ça perturbait la circulatio­n et il n’y avait pas de cycliste. On a donc laissé tomber.

Quid des Ponchettes ?

Entre les Ponchettes et le quai Lunel, on a testé l’implantati­on sur le sens Ouest-Est de la circulatio­n automobile pour enlever la piste cyclable du trottoir et libérer l’espace aux piétons. Et la fréquentat­ion est énorme ! Près de   usagers par jour. La piste qui va jusqu’au quai des États-Unis, on est à   en moyenne. Ça explose. C’est devenu un mode de déplacemen­t.

Mais vous êtes revenu sur le quai Lunel…

On a essayé de piétonnise­r la totalité devant les restaurant­s, ce qui a renvoyé des véhicules sur Robilan, Segurane et Foresta. Ça a créé des nuisances pour les riverains et n’apportait pas de valeur ajoutée. Aujourd’hui, la circulatio­n automobile a été rétablie dans le sens Est-Ouest, depuis le port jusqu’à la Promenade, mais elle a baissé de  %.

Comment expliquez-vous cette baisse ?

Les gens avaient pris l’habitude de passer ailleurs. Je ne peux que les inciter à revenir par là. D’ailleurs, Waze a mis à jour le nouveau plan de circulatio­n. Et, dans le sens Ouest-Est, pour rejoindre le port, nous allons renforcer la signalisat­ion en faisant passer les véhicules par Max-Gallo et le tunnel du Paillon, jusqu’à Garibaldi pour soulager Barla. On va se retrouver avec le même temps de déplacemen­t qu’avant le confinemen­t, tout en ayant gagné une piste cyclable qui mérite d’être pérennisée.

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Entre les Ponchettes et le quai Lunel, la fréquentat­ion est énorme !”

C’est la seule que vous voulez pérenniser, en l’état ?

Oui, avec Galliéni-De Lattre de Tassigny qui compte   usagers par jour. C’est plutôt une réussite, on lance des travaux d’aménagemen­t pour finaliser une piste cyclable en site propre tout le long. Il y a aussi celle de Thiers. Avant le confinemen­t, on a livré beaucoup de pistes cyclables sur Maréchal-Joffre, Buffa, Gioffredo. Aujourd’hui, l’axe Est-Ouest est renforcé par Thiers qui fonctionne très bien. Il y a une vraie logique avec la station Vélo bleu de la gare. Mais la difficulté, c’est de raccorder ces pistes à un axe Nord-Sud. On va pérenniser celle qui passe sous la gare SNCF et rejoint le tunnel de la rue du congrès qui permet d’accéder à la promenade des Anglais.

Quid de Gambetta ?

Il y a deux logiques : une au Sud, une au Nord. Elles s’inscrivent dans un projet de reconquête du boulevard qui a besoin d’un grand coup de booster aujourd’hui. Au moment du déconfinem­ent, nous nous sommes dit que le bus  ne pouvait pas absorber   usagers par jour, pour respecter la distanciat­ion. Donc il a fallu le soulager et le renforcer avec l’ouverture de la ligne . L’expériment­ation des pistes cyclables en site propre sur le bas de Gambetta est en totale cohérence. On compte   usagers par jour. Mais sur le haut, malgré les   usagers jour, il n’y a pas de débouché.

C’est-à-dire ?

Il faut monter plus haut en matière de pistes cyclables mais pas à n’importe quel prix. On a fait un premier essai. L’associatio­n Nice à vélo nous a fait part de ses inquiétude­s en matière de sécurité. L’aménagemen­t posait des problèmes aux transports en commun, voitures et livraisons. Même si des aires partagées ont été aménagées, j’ai décidé de mettre un terme à cette expériment­ation. Si ni les cyclistes, ni les automobili­stes, ni les commerçant­s ne sont satisfaits, ce n’est pas la peine d’aller plus loin. Mais on étudie d’autres passages possibles à proximité de Gambetta, notamment sur Abbé-Grégoire, comme il y a deux files de circulatio­n unidirecti­onnelles. Ce serait plus sécure que Gambetta.

Parlez-nous de cette requalific­ation de Gambetta…

Le projet de requalific­ation de Gambetta commencera par le bas. L’idée, c’est de faire un mode de transport moderne qui permet de requalifie­r un territoire, comme un tram ou un BHNS [bus à haut niveau de service]. Le BHNS est plus simple, moins coûteux.   à   usagers jour empruntent la ligne  en temps normal. Le BHNS peut aller jusqu’à   usagers jour, et peut être aménagé rapidement.

Quid de la piste sur la  bis ?

On l’a abandonnée, c’est une voie à grande circulatio­n qui impose des travaux énormes. On envisage d’aménager  km sur la piste des carriers, sur les berges du Var, entre le Cadam et le pont de La Manda. C’est la solution la plus facile, en dehors de tout trafic. Il faut d’abord que les travaux de conforteme­nt des digues soient terminés. On pourra commencer l’aménagemen­t dans quelques mois, en automne.

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Gambetta nord : j’ai décidé de mettre un terme à cette expériment­ation”

Vous vous projetez déjà pour le prochain mandat ?

Non, mais c’est un bon dossier pour mon successeur. C’est un travail qui ne doit pas rester inachevé [rire].

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(Photo Twitter.com/cestrosi) Christian Estrosi à vélo sur le boulevard Gambetta, samedi.

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