Monaco-Matin

Le Général appelait à résister

2020, année de Gaulle. Aujourd’hui, est célébré le 80e anniversai­re de l’Appel du Général. Suivront, en novembre, le 130e anniversai­re de sa naissance et le 50e de sa mort

- RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicematin.fr

Rares sont ceux qui, le 18 juin 1940, entendent l’Appel du général de Gaulle, s’adressant depuis Londres aux Français, sur les ondes de la BBC. Pourtant aujourd’hui, les Alpes-Maritimes et le Var, comme le reste de la France, célèbrent le 80e anniversai­re de ce discours, considéré comme l’acte de naissance de la Résistance. Lorsque Charles de Gaulle parle aux Français en ce 18 juin, ils sont sous le choc. La veille, le maréchal Pétain a annoncé, à la radio, qu’il demandait l’armistice à l’Allemagne. Signé le 22 juin, avec les Allemands et le 24 avec les Italiens, entrant en vigueur le 25, il crée le gouverneme­nt de Vichy et une France coupée en deux par une ligne de démarcatio­n : au nord, la France occupée ; au sud, la zone dite libre.

Les jeunes veulent rejoindre Londres

Dès le 22, le général de Gaulle le refuse dans un nouveau discours radiodiffu­sé, qu’il conclut ainsi : « J’invite les chefs, les soldats, les marins, les aviateurs des forces françaises de terre, de mer, de l’air, où qu’ils se trouvent actuelleme­nt, à se mettre en rapport avec moi. J’invite tous les Français qui veulent rester libres à m’écouter et à me suivre. Vive la France libre, dans l’honneur et dans l’indépendan­ce ! » Entre-temps, la presse se fait l’écho, sous diverses formes, des mots du Général. Le 20 juin, les Niçois lisent, dans L’Éclaireur , que l’appel, qualifié « d’idée généreuse »,a« réveillé l’espoir dans le coeur des Français » et surtout parmi les jeunes. « Un certain nombre d’entre eux, unis par un courage et un espoir semblables, ont télégraphi­é au général de Gaulle pour lui témoigner toute leur admiration et pour se mettre à sa dispositio­n où et quand il le voudra pour la défense de la France et de la civilisati­on ».

Premières armes à la craie et au goudron

Ils ignorent que Winston Churchill ne voit pas en ce militaire aux multiples médailles le représenta­nt des Français. Mais le Général finit par s’imposer aux Anglais, ainsi qu’à ses compatriot­es, qui veulent entrer en résistance.

Elle consiste en des actes isolés et courageux, d’autant que Pétain a les faveurs d’une majorité de la population, car il est considéré comme celui qui a amené la paix. Les premières armes de ces résistants sont la craie, la peinture, le goudron et la colle qui font fleurir, sur les kiosques à journaux, les wagons de marchandis­es ou les murs, toutes sortes de messages. « Vive de Gaulle ! Pas de guerre pour Hitler ! L’Angleterre libérera la France, collaborer c’est être esclave », lisent les passants du boulevard Carnot, à Cannes, en novembre 1940. Le 20 novembre à Toulon, des tracts sont répandus dans un cinéma : « Notre presse, notre radio sont allemands ».

En décembre, les Tropéziens découvrent ce tract collé aux murs : « Où est l’honneur des Français ? Avec le traître Laval qui bâillonne le maréchal ? Ou avec nos soldats et nos chefs d’Afrique du Nord ? Quel vrai Français hésite encore ? » Il est édité par le premier groupe de résistants de Saint-Tropez, « Les sans-culottes », mené par Jean Despas. Laval, appelé par Pétain pour être vice-président du Conseil, symbolise la collaborat­ion avec l’Allemagne.

Un hôtelier de St-Tropez cherche le contact

« À bas le duce et Hitler », peignent ici et là les opposants à Vichy et aux Allemands. Le duce, Mussolini,

occupe une zone frontalièr­e, dont Menton, depuis que la France a signé l’armistice avec l’Italie, le 24 juin 1940. Très tôt, de plus en plus, les Français guettent les appels du Général à la radio. Le 19 juin 1940, un hôtelier tropézien n’hésite pas à écrire au préfet du Var pour savoir comment rejoindre de Gaulle à Londres. Le 12 novembre, le consul d’Angleterre à Cannes reçoit un courrier posant la même question. Charles de Gaulle appelle, le 26 juin 1940, à la formation d’une légion de volontaire­s et, dès l’automne, circulent dans la région des tracts appelant à le rejoindre. En novembre 1940, Vichy interdit l’écoute de la BBC dans les lieux publics. En 1941, elle le sera chez les particulie­rs. Les pétainiste­s se baladent dans les rues pour dénoncer « ces mauvais Français » qui tendent l’oreille quand le Général s’exprime.

La naissance de héros

Lentement mais sûrement, la Résistance se structure. Elle établit le contact avec le chef de la France Libre, passe des messages, surveille l’ennemi qui occupe la Provence à partir de novembre 1942, mène la propagande anti-Allemands, sabote quand elle le peut. Autant d’actions derrière lesquelles se cachent les noms de résistants, passés de l’anonymat à la clandestin­ité et devenus héros. Ils rendront possible le Débarqueme­nt en Provence, le 15 août 1944. L’Appel du 18 juin 1940 avait donné l’élan.

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Le général de Gaulle est acclamé par la foule à Nice, le  avril , la veille de l’attaque de l’Authion dans les Alpes-Maritimes. Ce massif, occupé par les Allemands, va être repris par la première division française libre ( DFL). ère (DR)

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