Quand un Niçois perpétue la mémoire de De Gaulle en Chine…
Un Niçois en Chine, qui y a entretenu, le temps d’un voyage, le bon souvenir du général De Gaulle : c’est le vécu de Jean-Marc Nicol, qu’il livre à l’occasion de l’anniversaire de l’Appel du 18-Juin.
« Mon père, le commandant RenéClaude Nicol, médecin militaire, avait été envoyé à la fin des années trente à Fort-Bayard, ancienne enclave de l’Indochine française administrée entre 1898 et 1945, dans le Sud de la Chine. Cette ville s’appelle aujourd’hui Zhanjiang. Mon père, inquiet du déclenchement du second conflit mondial, avait pris pour habitude de suivre avec assiduité les nouvelles à la radio. Aux premières heures de ce 18 juin 1940, alors qu’il veille sur moi, alors âgé de presque 3 mois, il écoute sur la BBC l’appel du général de Gaulle. Cet appel va changer sa vie, et la nôtre… Car, alors que l’armée coloniale était majoritairement en faveur du maréchal Pétain, lui, que des valeurs humanistes animaient, avait dû faire profil bas pour protéger sa famille… » Ce qui ne l’empêchait pas, par conviction, fidèle à ses valeurs, de soigner indifféremment Français, Chinois et Japonais. « Mais c’est ce message du général de Gaulle qui lui a donné la force d’entrer en résistance. Il s’est mis à diffuser des tracts sous les portes pour encourager les militaires à rejoindre Londres… »
« Il devait être fusillé »
Une activité pour laquelle il sera arrêté et jugé. « Il devait être fusillé. Mais il a dû son salut à un officier du nom de Nicole, avec un E, mais qui a décrété : “On ne fusille pas un Nicol !” Mon père a donc été expulsé en 1942 vers un camp de prisonniers tenu par les Japonais à Saïgon. Et nous, avec ma mère, nous étions dans un camp à Huê, où se trouvaient les familles d’officiers. »
Un jour, Jean-Marc Nicol et sa mère eurent l’opportunité de prendre un train qui devait les emmener en France. Mais des soldats japonais en avaient eu vent et vinrent les trouver. Ils leur intimèrent de descendre. Or, quelques kilomètres plus tard, ce train, piégé, explosait avec à son bord plusieurs centaines de personnes. « Mon père avait sauvé la jambe du fils du commandant en chef des troupes japonaises de Saïgon. Ce commandant, à son tour, respectueux d’un code d’honneur, nous a sauvé la vie… »
Après l’Indochine, et plusieurs affectations en Afrique, René-Claude Nicol s’installe définitivement à Nice, à Las Planas, en 1954. « Pour la chaleur, les paysages… Ma mère, de Nouvelle-Calédonie, n’avait pas supporté la Bretagne natale de mon père à cause de son climat… »
« Toujours une importante aura »
Jean-Marc Nicol, qui a fait carrière au sein du ministère du Travail, à l’ANPE, est toujours revenu à Nice. Il y a quelque temps en 2017 et 2018, il est retourné voir FortBayard, alias Zhanjiang. « Avec beaucoup d’émotion, j’ai redécouvert les bâtiments de l’époque, le phare construit en 1904, la chambre de commerce, le poste de police ou encore la résidence du gouverneur récemment repeinte en couleur pastel… Les gens là-bas m’ont réservé un accueil extraordinaire. Beaucoup voulaient me voir, me toucher, me parler… Le maire d’alors, M. Wang, m’a reçu. Il avait été prévenu par la Ville de Nice. Une coopération devait naître, notamment autour de la rénovation du patrimoine français là-bas, du tourisme, de l’hôtellerie… »
Et de souligner, à l’occasion de l’Appel du 18-Juin : « Le général de Gaulle dispose toujours d’une importante aura dans cette région de Chine car contrairement au Royaume-Uni pour Hong Kong et au Portugal concernant Macao, il prit la décision de restituer FortBayard à la Chine dès 1945 alors que le bail obtenu en 1898 aurait pu continuer jusqu’en 1998… » Comment, à 80 ans, le Niçois JeanMarc Nicol a été un ambassadeur du message du général de Gaulle en Chine…