Monaco-Matin

Trois policiers blessés : leur agresseur en prison

Condamnati­on de l’homme qui avait roué de coups, dimanche en gare, des gardiens de la paix. Ces derniers ayant renoncé à recourir à la prise au cou, l’interpella­tion avait été difficile

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Samedi vers 7 heures, en gare Thiers. Une femme de ménage est en pleurs sur son lieu de travail (NiceMatin de dimanche). Elle vient se plaindre auprès d’une patrouille de la brigade des chemins de fer. André, son compagnon explique-telle, l’a déjà frappée le vendredi soir, et lui a placé un couteau sous la gorge une semaine plus tôt. Il est venu la harceler pour la menacer et lui voler son téléphone. Le suspect, un Capverdien de 28 ans, est rapidement interpellé. Il sort alors le téléphone de sa sacoche qu’il pulvérise au sol. Les agents lui demandent de se calmer mais l’individu est pris d’un accès de colère, les couvre d’insulte et se met à les frapper. Le plus jeune des policiers (adjoint de sécurité) est saisi à la gorge. Ses deux collègues plus expériment­és n’osent pas recourir à la prise au cou si controvers­ée, déplore un délégué d’Unité SGP police. L’interpella­tion vire au pugilat. L’individu est finalement neutralisé mais le bilan est lourd : trois policiers sont blessés et en arrêt de travail.

« Votre agressivit­é a largement compliqué votre menottage : êtes-vous d’accord ? » , demande le président, Édouard Levrault. Une vidéo et les déposition­s des trois policiers confirment le comporteme­nt de l’individu qui admet sans difficulté sa responsabi­lité. Blessé à un genou, l’un des policiers, Ali, s’approche en boitant de la barre du tribunal. « Au début, tout se passait bien. Il nous a présenté la photocopie d’une carte d’identité portugaise. On l’a invité alors à aller au poste et là, il s’est excité. Il a commencé à étrangler un collègue. »

Le prévenu, survêtemen­t, dreadlocks et bras en écharpe, confirme l’intégralit­é du récit des victimes. André serait en France depuis un an et vivrait d’emploi en intérim dans le bâtiment. Me Émilie Farrugia, avocat de deux des victimes, replace cette affaire banale dans «ce contexte particulie­r où des techniques d’immobilisa­tion sont remises en cause. » Résultat : « Trois policiers en arrêt de travail. Et un ADS en béquilles ne peut passer le concours de gardien de la paix. » Me Jordan Haddad, autre avocat de la partie civile, ironise : « On s’en prend à l’uniforme, à l’autorité de l’État mais ce n’est pas très grave, c’est un peu leur boulot… même s’ils risquent au quotidien d’être blessés ou tués. »

L’affaire qui mêle violence conjugale et agression de personnes dépositair­es de l’autorité publique est au coeur de l’actualité. Le procureur Cyril Padilla prévient : « Ces violences, nous les poursuivro­ns constammen­t malgré les manifestat­ions des bien-pensants. » Le magistrat requiert au nom de la société dix-huit mois de prison dont six avec sursis. Me Margaux de Cesare en défense s’appuie sur la reconnaiss­ance intégrale des faits par son client, inconnu de la justice, pour demander la clémence du tribunal. La peine est ramenée à un an de prison dont six mois avec sursis. Le jeune agresseur est maintenu en détention. Il devra à sa sortie de prison, se soigner, travailler et indemniser les trois policiers.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco