Monaco-Matin

Un premier lieu de culte emporté par le Var

- VALÉRIE ALLASIA vallasia@nicematin.fr 1. Coauteur de Saint-Martin du Var, 15 siècles et 150 ans d’histoire avec Francine

Au coeur de cette rénovation, l’église Saint-Roch, au fond de la place Honoré Baudoin, n’est pas le tout premier lieu de culte du village. Une église médiévale vouée à Saint-Martin de Tours a existé au bord du Var.

Elle était probableme­nt au carrefour de l’avenue des Moulins et de l’allée des grignons, sous le château de La Roquette.

En 1028, l’un des plus anciens documents de la région niçoise atteste de sa donation à l’abbaye de Saint-Pons de Nice. Avec l’édifice : son domaine agricole, vignes, prés, vergers, bois, moulins et canaux.

L’église médiévale victime des crues Michel Bottin, professeur émérite de Droit à l’université de Nice et historien (1), attribue aux crues du fleuve la destructio­n, puis l’abandon de ce premier édifice au milieu du XVIIIe siècle.

Pour le remplacer, entre 1755 et 1760, une fondation pieuse édifie l’église actuelle et la voue à saint Roch, protecteur des épidémies. Elle l’érige à l’emplacemen­t d’une petite chapelle, lieu de pèlerinage sur un pré, en bordure de la route des Alpes. La voie passait à hauteur de l’école communale actuelle, le Var n’étant pas encore endigué. En 1760, un vicaire y est nommé. Pour l’héberger, on bâtit l’actuel presbytère.

Pour la financer, une opération d’urbanisme Un nouveau quartier apparaît avec la nouvelle église : la place Honoré-Baudoin et la quinzaine de maisons qui l’entourent, édifiées par des notables, sont issues d’une opération immobilièr­e.

Pour financer la constructi­on de Saint-Roch, son conseil de fabrique – composé de laïques gérant ses biens – procède au lotissemen­t du pré. Il est morcelé en quinze terrains, pour autant de maisons encore en alignement. L’opération répond aussi à un besoin de repli de la population car, avec la vieille église Saint-Martin, le Var a aussi emporté un moulin près de l’actuelle mairie, et plusieurs habitation­s. La dernière constructi­on de ce lotissemen­t est, en 1845, la maison Reboul qui va prochainem­ent accueillir deux classes de l’école.

Les boulets de la bataille de Gilette En 1793, l’avenir de la jeune

République française se joue dans le sud sur l’autre rive du Var, à la bataille de Gilette. Les gueyeurs de Saint-Martin facilitent alors le passage du fleuve aux hommes de Dugommier. Victorieux et reconnaiss­ant, il aurait offert les boulets, alors scellés en façade. En 1956, sous le mandat d’Alexis Maiffredi et pour répondre à la mode « rustique » de l’époque, l’enduit est décroûté, les pierres rendues apparentes jointoyées au mortier. Elles se délitent, ce qui a amené la commune à décider de rendre à l’édifice sa façade baroque, propre à l’architectu­re du Comté de Nice. et Patrick La Louze, vendu 25 euros à la médiathèqu­e.

D’autres recherches historique­s sur www.michel-bottin.com

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Au premier plan du choeur baroque de Saint-Roch, la statue du saint protecteur contre la peste, sortie de la sacristie pendant la crise sanitaire.
 ??  ?? Michel Bottin devant la façade bientôt rénovée, présente l’ouvrage collectif qu’il a cosigné. (Photos V.A.)
Michel Bottin devant la façade bientôt rénovée, présente l’ouvrage collectif qu’il a cosigné. (Photos V.A.)

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