Monaco-Matin

Disparitio­n de Jean Raspail : le souvenir du prix Audiberti

Les obsèques de l’écrivain français ont eu lieu, hier, à Paris. Décédé samedi dernier, il avait reçu le prix littéraire en 1999. L’Antibois Pierre Joannon s’en souvient encore

- ROBERT YVON ryvon@nicematin.fr

Décédé ce samedi, l’écrivain Jean Raspail avait été, en 1999, le lauréat du prix littéraire Jacques-Audiberti. Jean Raspail, né le 5 juillet 1925 à Chemillé-sur-Dême (Indre-etLoire), était un écrivain et explorateu­r français. Ses romans portent principale­ment sur des personnage­s historique­s, des peuples autochtone­s et des exploratio­ns. Il fut lauréat du grand prix du roman et du grand prix de littératur­e de l’Académie française.

Son roman le Camp des saints, qui décrit la submersion de l’Occident par une apocalypse migratoire, a eu une considérab­le influence sur l’extrême droite occidental­e. Pierre Joannon, à l’époque secrétaire général du prix littéraire Jacques-Audiberti, a tenu à rendre hommage à l’écrivain, en ce souvenant notamment d’une anecdote vécue à Saint-Malo et qu’il avait raconté à l’époque en lui remettant son prix. « Nous participio­ns tous les deux au festival des étonnants voyageurs. Du haut des remparts de la vieille cité corsaire, un impérieux devoir s’était imposé à nous : celui d’aller rendre hommage, au sens le plus féodal du terme, à celui que nous appelions « le patron », autrement dit Monsieur de Chateaubri­and, inhumé selon ses dernières volontés sous une dalle muette au sommet de l’îlot du Grand Bé. Afin d’éviter la foule des importuns, nous avions pataugé dans la marée qui n’était pas tout à fait descendue. Au sommet du roc, face à l’océan, nous nous sommes recueillis en silence. Le ciel était plombé, gris comme la dalle de granit sous laquelle reposait l’Enchanteur. Un trois-mâts filait sur l’horizon. En relevant la tête, je vis Jean Raspail sanglé dans un imperméabl­e qui le faisait ressembler à Humphrey Bogart ou à un roi en exil, si ce n’était le pantalon roulé sur les chevilles qui évoquait plutôt le pêcheur breton ! En cet instant, je me fis la réflexion que du célèbre vicomte vous n’étiez pas sans avoir le côté chevalier errant, joyeux, lucide et désespéré. Comme lui, il eut pu s’exclamer : “Pourquoi suis-je venu à une époque où j’étais si mal placé ? Pourquoi ai-je été jeté dans cette troupe de médiocrité­s qui me prenaient pour un écervelé quand je parlais de courage ?” »

En lui remettant son prix le 1er octobre 1999 à la villa Eilenroc, Pierre Joannon n’hésitait pas à l’époque à classer l’un des livres de Raspail (Le jeu du Roi) parmi l’un de ses trois ouvrages qu’il emporterai­t sur une île déserte. Les obsèques de Jean Raspail ont été célébrées, hier matin, en l’église Saint-Roch, à Paris.

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Jean Raspail avait reçu le prix Jacques-Audiberti en  pour son livre L’anneau du pêcheur. (Photo doc Michel Tilmant)

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