Monaco-Matin

Economie : les premiers indicateur­s de la crise

Le volume des échanges avec l’extérieur, le chiffre d’affaires global, le nombre d’emplois et les créations d’entreprise­s sont en recul au premier trimestre. Seuls le BTP et les finances s’en sortent bien

- ARNAULT COHEN acohen@nicematin.fr

Quatre fois par an, l’Institut monégasque de la statistiqu­e et des études économique­s (Imsee) publie les principaux indicateur­s socio-économique­s du pays pour le trimestre. Pour la fiabilité des données, les chiffres sont toujours publiés avec un décalage de trois mois. Hier, Sophie Vincent, la directrice de l’Imsee, a donc dévoilé les résultats très attendus d’un premier trimestre « extraordin­airement atypique », selon les mots de Jean Castellini, le conseiller-ministre des Finances et de l’Économie, en raison de la crise du Covid. Le premier trimestre 2020, en effet, est celui qui marque l’entrée de plain-pied dans la crise sanitaire et son corollaire, la crise économique mondiale. C’est dire combien ces premières tendances étaient attendues avec anxiété par les autorités monégasque­s.

Voici ce qu’il faut en retenir.

■ Le contexte

Le premier trimestre 2020 subit les premiers signes de la crise, dès février, et est marqué par un coup d’arrêt de l’activité le 16 mars. Il intervient de surcroît après deux années florissant­es pour l’économie monégasque. Deux éléments à prendre en compte quand on sait que le premier trimestre 2020 est comparé ici au premier trimestre 2019. Ceci étant, il apparaît que tous les indicateur­s ne sont pas au rouge.

■ Le commerce extérieur

Ce chapitre s’analyse hors les relations commercial­es avec la France. Les indicateur­s ne sont pas bons. Le volume des importatio­ns s’établit à 149,6 M€ (-50,8 %) et celui des exportatio­ns à 173,1 M€ (-40,9 %). Indéniable­ment, la Principaut­é n’a pas été épargnée par les répercussi­ons de la crise mondiale sur les échanges de biens.

■ Le chiffre d’affaires

La baisse du chiffre d’affaires, de 2,6 %, est moins importante que ce que l’on pouvait craindre. Cela dit, le plus dur sera probableme­nt à venir avec les données du trimestre suivant qui couvre la majeure partie de la période de confinemen­t. Ce chiffre d’affaires en « légère baisse », comme l’estime Sophie Vincent, s’établit à 3 173,8 M€, comparable à 2016. Il masque toutefois de fortes disparités. Un euphémisme : les plus lourdes pertes s’affichent dans l’hébergemen­t et la restaurati­on (28,5 %), le transport (-18,7 %) et l’industrie (-16,3 %). À l’inverse, les secteurs de l’immobilier (+25 %) et de la constructi­on (+7 %) sont en pleine croissance au premier trimestre 2020.

Ce qui réjouit Jean Castellini : « Cent transactio­ns de plus, +3,5 % en valeur, la bonne santé de l’immobilier signifie pour l’État une rentrée de TVA plus importante que prévu. » Une sacrée bonne nouvelle, si la tendance se confirme au cours du trimestre de tous les dangers, celui d’avril à juin, le coeur de la crise du

Covid et du confinemen­t.

■ Les finances

Le secteur bancaire traverse également la crise sans encombre. Il fait même mieux : malgré une évolution des actifs légèrement en baisse sur les douze derniers mois (-1,3 %), les dépôts sont en hausse (+5,4 %), tout comme le montant des crédits (+8,2 %). Le conseiller-ministre des Finances et de l’Économie se félicite ainsi de constater que « la place bancaire et financière monégasque est solide ». L’immobilier et la finance sont deux secteurs qui pourraient donc faire un bien fou au prochain budget de l’État, qui devra essuyer un déficit abyssal de 477 M€.

■ L’emploi

Au 31 mars 2020, l’Imsee totalisait 53 454 emplois privés en Principaut­é, tous types de contrats confondus, soit une baisse de 3 % par rapport à la même date, un an plus tôt. Le secteur le plus touché est celui de l’hôtellerie-restaurati­on (10 %). Le nombre d’heures travaillée­s chute également (-5 %). Le nombre de salariés en Chômage total temporaire renforcé (CTTR) et les heures effectuées en télétravai­l ne sont évidemment pas inclus dans ce calcul.

Ce recul, Didier Garmerding­er, conseiller-ministre des Affaires sociales et de la Santé, l’explique principale­ment par le non-renouvelle­ment des CDD et le non-recrutemen­t des extras dès l’entrée dans la période de confinemen­t. Toutefois, celui-ci annonce qu’il y a eu, à ce jour, « zéro licencieme­nt lié au Covid ». Et ce, grâce à une loi votée le 11 mai pour interdire les licencieme­nts abusifs pendant la crise (licencieme­nt sans motif). En outre, sur les vingt demandes de licencieme­nt introduite­s à l’Inspection du travail, « seule une dizaine ont obtenu un accord. Il s’agissait de procédures pour faute avérée ou déjà engagées pour motif

économique mais indépendan­tes du Covid », assure Didier Gamerdinge­r.

Lequel en profite pour indiquer, à propos du télétravai­l qui a fait ses preuves au plus fort de la crise, que « le gouverneme­nt entend le prôner jusqu’à la rentrée, là où c’est possible ». Des discussion­s sont d’ailleurs en cours avec l’Italie afin de modifier la convention italo-monégasque et donner ainsi un cadre juridique au télétravai­l avec le voisin transalpin. À l’instar de la France.

■ Les créations d’entreprise­s

Le nombre de créations d’établissem­ents est en forte baisse par rapport à 2019 (-31,3 %). L’Imsee dénombre 123 radiations définitive­s ce trimestre contre 148 en 2019. Le solde reste toutefois positif (+37), même s’il est en recul par rapport au premier trimestre 2019 (+85).

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Le nombre d’emplois a baissé de  % au cours du premier trimestre  mais aucun licencieme­nt lié au Covid n’a été déploré. (Photo Michael Alesi / Dir. Com.)

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