REPRISE SANS FAUTE
Le show parfait des carabiniers Le prince Albert II au balcon Devant les premiers touristes
Hier, à la descente des bus qui les amenaient de la caserne du boulevard de Belgique, peu avant 11 h 30, la tension était palpable dans les regards des carabiniers du Prince. Derrière les nouveaux masques de la Compagnie, frappés de la devise « Deo Juvante » (« Avec l’aide de Dieu »), tous ressassaient certainement la mécanique de la chorégraphie à venir. Un ballet militaire quotidien depuis le XIXe siècle dont la mise en pause forcée – et inédite – ces trois derniers mois, pour cause de pandémie de Covid-19, a rappelé à chacun son rayonnement bien au-delà du Rocher.
Alors que les premiers curieux convergeaient devant la grande porte du Palais princier, attirés par les derniers préparatifs et le déploiement des photographes, la garde rapprochée de la famille princière rendait hommage à ses pairs tombés au combat dans le secret de la petite caserne, de l’autre côté de la place. Là, dans cette chambre d’appel, parés de leur « grand blanc » immaculé, tous écoutaient religieusement les dernières consignes du chef de poste jusqu’au tintement du carillon à 11 h 55. À l’ouverture des portes, plus de 150 spectateurs découvraient l’élégance et la rectitude de la formation princière. Bientôt, tambours et clairons donnaient le rythme, entrecoupés du bruit des crosses de fusils embrassant le sol au détour d’une manoeuvre. Aux premières loges, dans l’ombre d’un balcon du premier étage, le prince Albert II ne cachait pas sa joie et sa fierté de voir la vie reprendre sous ses fenêtres. Au point de sortir son téléphone pour immortaliser la scène. Cinq minutes plus tard, le sansfaute des carabiniers déclenchait une salve d’applaudissements. Le souverain tournait les talons. Disparaissait dans un dernier coup de bras. « J’étais émue. On a pourtant l’habitude d’y assister chaque jour depuis des années, mais ça m’a fait quelque chose », témoignait une employée de la maison souveraine pour définir ce nouveau départ.