Accouchement à domicile : « Le sujet reste encore tabou »
Difficile de récupérer des données statistiques sur le nombre d’accouchements à domicile qui ont eu lieu dans les Alpes-Maritimes et le Var, durant la crise sanitaire. Difficile parce que, comme nous l’explique Alexandra Musso, vice-présidente de l’Ordre des sages-femmes du , « le sujet reste encore tabou et peu de professionnelles souhaitent en parler ». Et comme de son côté, l’Agence régionale de santé n’est pas plus bavarde pour fournir des chiffres, reste donc à se tourner vers les tendances. Que disent-elles ? Que beaucoup de futures mamans [elles sont plus de à accoucher chaque mois en France, Ndlr], en raison des mesures drastiques prises par les hôpitaux, ont privilégié l’accouchement à domicile pour, comme Marion, ne pas être privées de la présence de leur conjoint ou par peur de se retrouver dans un lieu de concentration des malades. L’accouchement programmé et accompagné à domicile (AAD) représenterait près de naissances en moyenne par an. Un chiffre que la crise sanitaire aurait donc contribué à gonfler quelque peu. Une enquête récemment menée par nos confrères de Mediapart, révèle que « les rares sages-femmes – une centaine, sur tout le territoire français, pour naissances par an – qui accompagnent les accouchements à domicile ne peuvent répondre à la forte demande d’accompagnement, parce qu’elles sont combattues par les pouvoirs publics depuis de nombreuses années. » Dans la même enquête, on apprend qu’aux Pays-Bas, le pourcentage de femmes qui accouchent à domicile est de %, alors qu’au Royaume-Uni, depuis , « les pouvoirs publics encouragent les femmes à accoucher à domicile ou en maison de naissance (...) La France, elle, fait figure d’exception au sein des pays occidentaux en menant une véritable chasse aux sorcières envers les sages-femmes à domicile. Pour des raisons purement idéologiques, les pouvoirs publics ont tenté depuis des décennies d’empêcher les femmes de choisir ce type d’accouchement en s’attaquant directement aux sages-femmes, notamment par le biais de leur assurance professionnelle. »
La loi leur impose en effet de prendre une assurance – d’un montant de à euros – couvrant leurs risques professionnels. « Une somme, constate Mediapart, qui représente quasiment l’entièreté de leur salaire et est donc impayable. À titre de comparaison, les sages-femmes à domicile belges ne payent que € d’assurance annuelle. »