Ils veulent faire chuter Masséna !
Quand les répercussions de l’affaire George Floyd donnent des idées… à un collectif de nostalgiques du Royaume des Deux-Siciles, disparu il y a 150 ans avec l’unification de l’Italie
Àl’heure où des militants antiracistes, dont la colère ne retombe pas depuis le début de l’affaire George Floyd, réclament le démontage de la statue de Colbert devant l’Assemblée nationale, le maire de Nice vient de recevoir un étonnant courrier.
Un collectif transalpin lui demande le déboulonnage de la statue du général André Masséna, située sur la promenade du Paillon, en plein centreville. Ou, a minima, la pose d’une plaque commémorative. La requête émane du Mouvement néo-bourbonien, un collectif italien composé de nostalgiques du Royaume des Deux-Siciles et de la dynastie des Bourbons-Siciles, qui régna sur le sud de l’Italie jusqu’en 1861 et l’unification du pays. La missive est argumentée de nombreux documents et archives retraçant les « massacres » et « pillages » perpétrés par l’armée de Napoléon lors de l’invasion du Royaume de Naples, en 1806. Les troupes françaises, menées par le général André Masséna, avaient violemment réprimé le soulèvement des habitants des actuelles régions de Basilicate et de Calabre, relèvent les auteurs du courrier.
Général d’Empire élevé à la dignité de Maréchal par Napoléon, qui le surnommait « l’enfant chéri de la victoire », André Masséna est un emblème de la ville, où il est né en 1758. C’est pourquoi Christian Estrosi ne fera pas grand cas de cette requête. «Onne touche pas à l’histoire de Nice. Elle ne s’efface pas. Elle se respecte et se construit. À
Nice, on ne déboulonne pas les statues. De qui que ce soit : Apollon, Garibaldi, Masséna, en passant par Jacques Chirac, De Gaulle, l’empereur Napoléon Ier, Jean-Paul II », s’agace le maire, qui cite encore de nombreuses statues de la ville ainsi que « les innombrables allégories religieuses sur toutes nos églises. »
Les noms de rues, déjà…
Outre les revendications des militants antiracistes, cette doléance venue de l’autre côté des Alpes rappelle des récents combats concernant les noms de rues. Tour à tour, l’allée Charles-Pasqua (novembre 2018), le quai Napoléon-Ier (octobre 2019), la rue Jacques-Médecin (novembre 2019) ou encore le cours Jacques-Chirac (février) avaient été l’objet de controverses et de protestations, égrène sur son blog le militant de gauche David Nakache, très actif sur la question. « La démocratie exerce légitimement son droit d’inventaire et réexamine les symboles de la République. Assumer notre passé permet de ne pas reproduire les erreurs commises et, à tout le moins, de ne pas les ériger en exemples. Or c’est très précisément ce que fait la Ville de Nice célébrant tour à tour des personnalités corrompues, racistes ou esclavagistes », écrit encore l’ancien socialiste, qui figurait en cinquième position sur la liste ViVA ! (LFI, PCF) et qui avait recueilli près de 9 % des suffrages exprimés le 15 mars, au 1er tour des élections municipales.