Monaco-Matin

Jaloux, il étouffe un chat et en abandonne un autre

Accusé d’avoir voulu abréger la soirée de sa compagne d’alors en exécutant son animal, le jeune prévenu s’est montré inquiétant à la barre du tribunal correction­nel

- G. L.

Polo blanc élégant, brodé de liserés tricolores, petites lunettes, coupe de cheveux bien sage, l’homme de 23 ans, résidant à La Turbie, présente bien à la barre du tribunal correction­nel. Le 3 juin 2017, il a pourtant étouffé, pendant cinq longues minutes, un chaton de trois mois et demi.

Celui auquel on donnerait le bon Dieu sans confession s’était épris d’une jeune femme, logée en résidence universita­ire à Nice. Mais ce serveur dans un restaurant de Monaco, incurable jaloux, ne supportait pas que la jeune femme sorte sans lui.

Le 3 juin 2017 au soir, elle reçoit un appel de sa part : «Swanest mort, du sang coule de sa bouche, je ne sais pas ce qui s’est passé. » Le but, avoué devant les enquêteurs, est de la faire revenir au domicile en urgence. Exactement ce que fait la jeune femme, catastroph­ée. Elle ne peut que constater le décès du chaton. En juillet 2017, alors que le couple est désormais séparé, un autre chat « s’échappe » du domicile. Un autre connaîtra le même sort en septembre mais les preuves sont trop minces pour que ce cas soit retenu par le tribunal.

Des SMS envoyés par le prévenu à un ami commun permettron­t de dévoiler la vérité.

« J’ai appuyé cinq bonnes minutes »

Le jeune homme a étouffé le premier chat. « J’ai pris Swan, je l’ai mis dans le plaid, j’ai appuyé cinq bonnes minutes, j’ai attendu, attendu », a-t-il textoté. Il a abandonné un deuxième matou dans une rue.

Le prévenu était jugé mercredi devant le tribunal correction­nel de Nice, présidé par Alain Chemama, pour « abandon volontaire d’un animal domestique » et « atteinte volontaire à la vie d’un animal domestique ». L’audience a révélé un jeune homme peu empathique, bredouilla­nt des explicatio­ns sans queue ni tête. Des zones d’ombre sont même apparues, comme cette lettre reçue par la jeune femme à sa résidence universita­ire après la disparitio­n d’un des chats. La missive était prétendume­nt écrite par des voisins de chambrée de l’étudiante. Ils auraient retrouvé le chat perdu, l’auraient adopté, mais le petit chat aurait été écrasé par un véhicule. Les prétendus auteurs de la lettre s’en excusaient auprès de l’étudiante. Drôle d’histoire, inventée, et au final assez inquiétant­e.

Le jeune homme a depuis pris un chat

L’avocate de la jeune femme, Me Kim Camus, du barreau de Nice, a dénoncé un comporteme­nt « tordu », quasi psychiatri­que. « Il a avoué vouloir faire du mal à la jeune femme par ces actes », a-t-elle rappelé. L’étudiante, très marquée, a dû abandonner sa formation universita­ire, car elle y côtoyait son ex-conjoint. Son avocate a réclamé 1 000 euros de préjudice matériel et 5 000 euros de préjudice moral. « Il s’agit d’actes de cruauté extrêmemen­t graves envers un animal, le prévenu prend pourtant les choses à la légère », a estimé Me Julie Dreksler, avocate de la fondation Brigitte Bardot, partie civile dans le dossier. Comble du cynisme : le jeune homme a depuis pris un chat chez lui. La fondation Bardot, et la Société protectric­e des animaux, représenté­e par Me Sandrine Reboul, ont exigé une interdicti­on définitive de détenir un animal et la confiscati­on du chat. Le jeune homme a été relaxé pour le meurtre du chat qui ne lui aurait de toute façon valu, très étonnammen­t, qu’une contravent­ion. Ainsi est la loi. Une pièce du dossier, manquante, lui a permis d’échapper à l’amende.

Il a en revanche été condamné à cinq mois de prison avec sursis, une interdicti­on de cinq ans de détenir un animal domestique, et la remise immédiate du chat, qu’il détient actuelleme­nt, à la Société protectric­e des animaux. Sans oublier près de 5 000 euros de dommages et intérêts répartis entre son ex-compagne et les associatio­ns de défense des animaux.

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