Monaco-Matin

Les posidonies font leur nid sur les plages

Les banquettes d’herbes séchées font débat sur les réseaux sociaux. Certains Internaute­s exigent leur enlèvement, d’autres rappellent leur rôle. Ce qui est sûr c’est qu’elles sont protégées

- M.-C.A mabalain@nicematin.fr

Jean-Gabriel est furieux et nous a envoyé une photo de la plage de la Salis que nous reproduiso­ns ci-contre. On y voit où un large cordon brunâtre sur le sable qui court le long du rivage. Pour ceux qui veulent aller faire trempette, même si l’eau est encore frisquette, pas le choix : il faut franchir l’obstacle. Jean-Gabriel fulmine : « Inadmissib­le révoltant de voir comment la mairie traite ses habitants et les premiers touristes ! » De quoi s’agit-il ? Plus précisémen­t de banquettes de posidonies échouées sur le sable et qui sèchent au soleil. Ce ne sont pas des algues mais des plantes à fleurs sous-marines : les herbiers de posidonies forment d’immenses prairies où nichent les poissons et dont la présence en nombre signale une bonne qualité de l’eau. Cette plante créée de l’oxygène grâce à la photosynth­èse. Et comme toutes les plantes, elle produit, durant la saison hivernale des feuilles mortes qui flottent à la surface de l’eau et viennent s’échouer sur la plage. À la belle saison, leur présence fait débat. Ces banquettes se retrouvent même au centre de débats houleux sur les réseaux sociaux. Certains, comme Jean-Gabriel estiment qu’on doit les enlever. On les accuse de faire sale et de sentir mauvais. Or, une fois séchées, elles ne sentent plus rien. Bref, il s’agit de faire place nette pour permettre au plus grand nombre de poser sa serviette. Mais, et certains Internaute­s le rappellent avec force, ces dépôts sont utiles. C’est vrai. En séchant et en formant un tapis épais au bord de l’eau, elle limite l’impact des vagues et du vent sur l’érosion du sable. C’est pourquoi la Ville, comme d’autres communes littorales maintient le plus longtemps possible ces fameuses banquettes. D’autant qu’on ne peut pas traiter les posidonies comme de vulgaires mauvaises herbes. « En France, la protection légale de la Magnolioph­yte marine Posidonia oceanica s’intègre dans le cadre de la Loi du 10 juillet 1976, relative à la protection de la nature et de son Décret d’applicatio­n du 25 novembre 1977 concernant la protection de la flore et de la faune sauvages du patrimoine naturel français », rappelle-t-on en mairie.

Remises à l’eau

Ainsi, un arrêté ministérie­l du 19 juillet 1988 veille à sa prévention. Tout comme pour toutes les espèces végétales marines menacées. Le but est de permettre la conservati­on des biotopes. Il est donc interdit en permanence de « détruire, couper, arracher, mutiler, cueillir ou enlever, colporter, utiliser, vendre ou acheter tout ou partie » de la fameuse Posidonia oceanica mais aussi sa cousine Cymodocea nodosa...

La Ville prévient : « Il ne s’agit donc pas de déchets qui peuvent être mis en benne et en décharge. Mais les spécimens doivent être remis à l’eau car ils constituen­t un milieu riche d’organismes vivants interagiss­ant, formant par là même un écosystème à préserver...»

Voilà pourquoi on assiste à d’étranges ballets d’engins de chantier qui, à grandes pelletées, renvoient à la mer les banquettes. L’échouage des herbes s’arrêtant en mai. Mais, à partir de novembre, d’autres prendront leur place sur les plages.

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(DR) Depuis la prise de cette photo à la Salis, la banquette de posidonies séchées s’est considérab­lement réduite.

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