FRANÇOIS Ier ARRIVE
En présence du pape Paul III, le roi de France vient signer avec le roi d’Espagne Charles Quint la « Paix de Nice ».
Le 31 mai 1538, François Ier arriva avec son armée à Villeneuve-Loubet. Il allait y séjourner jusqu’au 22 juin. Il avait été invité à Nice par le pape Paul III pour rencontrer le roi d’Espagne Charles Quint et mettre fin à la guerre qui les opposait depuis deux ans. (Lire #NOUS de la semaine dernière)
Sa venue fut grandiose. « D’abord arrivèrent 700 lanciers, relate l’historien niçois Pierre Gioffredo (1619-1692). Puis 115 rangs d’arquebusiers disposés sept par sept, 37 rangs de piquiers protégés par des cuirasses, 21 rangs de hallebardiers, 9 enseignes, 9 autres rangs de hallebardiers, 150 rangs de piquiers disposés cinq par cinq, également pourvus de cuirasses, 78 rangs d’arquebusiers disposés trois par trois, suivis par 250 hommes d’armes, ce qui faisait en tout environ mille cavaliers. Derrière eux une troupe de lanciers légers et les gentilshommes de la garde du roi au nombre de 200 avec 600 chevaux. »
Au haut de la colline de Villeneuve se dressait le château médiéval, hérissé de quatre tours, dominé par le donjon à cinq côtés. Il était la propriété de la tante de François 1er, la comtesse de Tende, Anne de Lascaris.
François Ier en famille
François Ier s’était déplacé en famille. Il était venu avec son épouse Eléonore, sa soeur Marguerite de Navarre, sa fille Marguerite de France, 15 ans, ses deux fils Henri, 19 ans, futur roi Henri II, et Charles, 16 ans, duc d’Orléans. Henri était accompagné de son épouse Marie de Médicis et… de sa maîtresse Diane de Poitiers.
Rassemblement inouï de têtes couronnées ! Charles Quint, qui avait résidé au château de Villeneuve en 1536 lors de son invasion de la Provence, séjournait, cette fois, à Villefranche-sur-Mer où sa flotte était arrivée le 9 mai. Le 31 mai, le connétable de Montmorency rencontra le pape pour préparer l’entrevue avec François Ier Celle-ci eut lieu le 2 juin à Nice dans la « plaine des Baumettes » qui s’étendait du vallon de Magnan jusqu’à l’actuelle Croix de Marbre, rue de France. C’est là que se trouvait le couvent où résidait le Pape.
Des vêtements boutonnés d’or
« Sa Majesté très Chrétienne arriva montée sur un très grand cheval, couvert de velours bleu brodé d’or, relate Pierre Gioffredo. Les manches de ses vêtements étaient toutes boutonnées d’or et de très riches joyaux. Il y avait une plume bleue sur son chapeau, identique à celle que le cheval portait sur sa têtière. Le roi chevauchait avec à ses côtés les deux cardinaux Contarini et Ghinucci, que le Pape avait envoyés à sa rencontre. Il alla ainsi jusqu’à la maison de la Baumette, où les unités d’infanterie s’étaient rangées en bataille du côté de la terre et la cavalerie dans la plaine qui s’étend le long de la plage… Sa Majesté descendit de cheval et baisa les pieds du Pape à genoux. Le roi ne se releva qu’après de nombreuses invitations à le faire et garda son chapeau à la main. Trois fois, à la demande pressante du Pape, il remit son chapeau sur sa tête mais, à chaque fois, avec beaucoup de respect, il se découvrait à nouveau. »
François Ier et Paul III s’entretinrent pendant quatre heures.
La paix signée le juin
Les jours suivants, le pape rencontra séparément les délégations française et espagnole. Jamais François Ier et Charles Quint ne se rencontrèrent – malgré les peintures qui ont été faites, représentant les deux souverains et le pape ensemble.
La Paix de Nice fut signée le 18 juin 1538 (lire encadré). Hélas, même les textes les plus puissants ne résistent pas à la folie des hommes. Cette « Paix de Nice » fut rompue dès 1543 par François Ier et ses alliés turcs qui envahirent nos côtes. Cela se passa – comme nous le raconterons la semaine prochaine – en présence, dans le Var, d’un espion célèbre : Rabelais.
« Sa Majesté le roi de France descendit de cheval et baisa les pieds du Pape. »