Welcome Schneiderlin !
Après douze saisons en Angleterre, l’Alsacien de 30 ans va retrouver le championnat de France sous le maillot du Gym. Le milieu de terrain passé par les Bleus apportera caractère et expérience
L’officialisation était surveillée hier, on devra attendre encore un peu. Mais l’issue ne fait plus aucun doute, Morgan Schneiderlin portera le maillot rouge et noir cette saison. Charmés par la mentalité et la personnalité du joueur de 30 ans, les dirigeants niçois ont privilégié la piste de l’international français au détriment de Baptiste Santamaria (25 ans), un dossier dans lequel Angers se montrait trop gourmand (15 millions d’euros). Outre l’économie financière réalisée autour d’un transfert à 2 millions d’euros, assorti de bonus, c’est aussi l’apport de caractère et d’expérience dans un jeune vestiaire qui a convaincu les décideurs. « Je ne connais pas exactement son état de forme, s’interroge Grégory Paisley, ancien Aiglon (2009-11) devenu consultant sur beIN SPORTS, et ex-coéquipier à Strasbourg (2007-08) de l’Alsacien opéré du genou en février dernier. Mais pour son vécu et ses qualités, ce n’est surtout pas un pari risqué. Il va étoffer le milieu, faire briller les jeunes. A ce prix-là, ce sera “tout bénef” pour tout le monde. »
Darren Tulett : « Dans l’idée d’un Deschamps, c’est un joueur qui rend les autres meilleurs »
A 30 ans, Morgan quitte la Premier League sur un compte rond. Après 200 matchs dans l’élite anglaise, il retrouve la France et la L1 douze ans plus tard. Un championnat dans lequel il ne compte que 3 apparitions lorsqu’il s’envole vers la Championship pendant que son club formateur redescend en 2e division.
« Je pense que Jean-Marc (Furlan, voir ci-contre) a un petit goût d'inachevé avec “Momo”, poursuit l’ancien défenseur. C’était un jeune prometteur. Réservé, mais concerné et investi, bosseur. A l'image d'un Kevin Gameiro, tu savais qu’ils feraient une belle carrière. C’est un talent que tu as envie de mettre à petit feu dans le bain de la L1 dès la mi-saison, mais on avait un tel besoin de résultat que c’était compliqué. »
« On peut dire qu’il a reçu son éducation footballistique du bon côté de la Manche, rigole son confrère de beIN SPORTS, Darren Tulett, le plus “Frenchie” des journalistes sportifs britanniques. Intelligence, lecture du jeu, beaucoup de personnalité sur un terrain... Les supporters de Southampton l’ont adoré au-delà de ses qualités techniques. Vous me direz, un bon contrôle suffit pour être considéré comme un joueur technique en Angleterre (rires). »
Malgré une relégation et deux saisons de purgatoire au troisième échelon (League One), le natif de Zelwiller, commune alsacienne de 800 habitants, passe sept ans de sa vie dans le sud-est du Royaume-Uni. Ne disputant jamais moins de 30 matchs par saison. «Çadémontre le caractère du gamin à l'époque. Il était déjà déterminé dans ses choix, il avait la conviction de réussir quand il part là-bas », admire Paisley. « Jouer dans les divisions inférieures, sur des terrains pourris, dans des ambiances hostiles, ça lui a permis de passer des paliers pour être au niveau dès sa première saison en Premier League, observe Julien Laurens, correspondant RMC à Londres. La dernière année à Southampton, il est tellement fort dans le pressing, dans le jeu avec et sans ballon, qu’il était logique qu’un grand club comme Manchester United s’intéresse à lui. »
Titulaire face à l’Equateur lors du troisième match de poules du Mondial 2014, Schneiderlin a conquis ses coéquipiers en Bleu. « Un super mec, parfait pour encadrer des jeunes » souffle l’un d’eux. Et il présente des similitudes avec son sélectionneur selon Darren Tulett. « Presque dans l’idée d’un Didier Deschamps, c’est un joueur qui rend les autres meilleurs. Il fait le boulot pour l’équipe, sait se montrer malicieux et mettre la petite semelle quand il le faut... Les Anglais aiment bien ces joueurs. »
Un papa réservé dans la vie, un leader tourné vers les autres dans le vestiaire
Manchester United pose 35 millions d’euros sur lui à l’été 2015, Everton doit en débourser 23 pour le récupérer un an et demi plus tard. Deux transferts qui coïncident avec une période plus instable pour Schneiderlin. « Manchester était, et reste encore d’ailleurs, dans une période de restructuration depuis le départ de Ferguson. Comme à Everton, où il y a eu pas mal de changements d’entraîneurs, Morgan n’était plus au bon endroit au bon moment, » résume
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■ Darren Tulett.
« Et il a été particulièrement malheureux dans le timing de ses blessures », étaye Julien Laurens, avec un regard positif sur l’avenir. Ce sont des années difficiles qui l’ont probablement bonifié mentalement, l’ont rendu plus fort. Un Schneiderlin à 100 % de ses moyens physiques, renforcé mentalement par la frustration de ces dernières saisons, ça peut être une vraie bonne pioche pour l’OGC Nice ! »
Louis Van Gaal, José Mourinho, Ronald Koeman, Sam Allardyce, Marco Silva, Carlo Ancelotti... A Nice, le milieu défensif découvrira un septième coach en 5 ans. « Avec Allardyce, les ballons lui passaient au-dessus de la tête. Quand un Patrick Vieira te fait signer par contre, tu es sûr qu’il sait de quoi il parle, embraye Darren Tulett. Et j’imagine que quand il a parlé de la Côte d’Azur à sa famille, il n’a même pas dû finir sa phrase que les valises étaient déjà prêtes (rires). »
Avec son épouse Camille, une Alsacienne qu’il a rencontrée grâce à la participation de la jeune femme à la saison 12 de Koh-Lanta (en 2012), Morgan fêtera à Nice la prochaine arrivée de son deuxième enfant. Un choix de vie important dans l’esprit d’un homme épanoui, tourné vers les autres, à l’aise pour organiser des déjeuners entre coéquipiers ou conseiller les plus jeunes. « Il est discret, sympa, mignon, poli en dehors de la pelouse. C’est un peu dingue quand on sait que dès que le match va commencer, il va devenir râleur, mettre le pied, compare Darren Tulett. Mais un club comme Nice a besoin de ça. »