Le risque sur la Côte d’Azur est bien réel
Même avec des nappes phréatiques à un bon niveau, les autorités veillent au grain cet été, qui s’annonce particulièrement chaud et sec
Possible. » Sur la carte de l’Hexagone publiée le juin par le ministère de la Transition écologique et solidaire, les Alpes-Maritimes figurent en jaune. Elles sont le seul département de la région Sud à courir un risque de sécheresse cet été. Un risque « possible » dans départements, « probable » dans autres, « très probable » dans autres. en tout. Soit plus de la moitié de la France. À peine sorti du confinement et entré dans l’été, notre pays vit, cette semaine, son premier pic de chaleur de l’année. Le mercure a brusquement bondi à °C sur le littoral hier. Et Météo France prévoit un été particulièrement chaud et sec sur tout le sud de l’Europe. Même si les intempéries ont reconstitué ses stocks d’eau, la Côte d’Azur doit anticiper les épisodes de sécheresse, toujours plus fréquents.
Risque tempéré
« On s’est placé en état de veille. » Serge Castel, directeur départemental des territoires et de la mer (DDTM), annonce la couleur. Depuis la publication de la carte du ministère, les autorités azuréennes « opèrent un suivi régulier, regardent le niveau des nappes phréatiques ». Rien d’alarmant à ce jour. Si la situation venait à se dégrader, le plan sécheresse prévoit quatre stades d’alerte successifs (lire ci-contre). Depuis cette carte, de l’eau a coulé sous les ponts et dans les nappes. « J’étais un peu inquiet avant le confinement. Des bassins semblaient en déficit. Aujourd’hui, les indicateurs sont plutôt bons, se réjouit Serge Castel. Nous veillons à ce qu’il n’y ait pas d’assecs, des parties de cours d’eau asséchées. »
Consommation XL
Le contraste apparaît saisissant. Comment imaginer que notre département pourrait venir à manquer d’eau, après les déluges meurtriers de l’automne dernier ? Et alors que la fin du printemps a été plutôt pluvieuse ?
Trop brutales, les pluies diluviennes comme celles de l’automne 2019 n’ont pas le temps d’être bien digérées par les sols. Un problème récurrent. Reste que les stocks sont aujourd’hui « bien reconstitués », note Annick Mièvre, directrice régionale Paca-Corse de l’Agence de l’eau. « En termes de nappes phréatiques, la situation est plutôt normale pour la période. Ça ne signifie pas qu’il n’y aura pas des tensions cet été. On part juste avec moins de handicap que d’autres. » La région Sud-Paca n’est pas la plus fragile en termes d’alimentation. Mais elle est la plus consommatrice en eau. La Côte d’Azur en tête. Avec 310 litres par jour et par habitant, elle consomme plus du double de la moyenne française ! Explication de Serge Castel : « Il y a le tourisme mais aussi les comportements. Ce qui consomme le plus, ce sont les copropriétés. Il n’y a pas de responsabilisation de l’individu. »
Économies en vue
Notre département fait face à des besoins considérables : milieu naturel, eau potable,
hydroélectricité, agriculture, golfs et piscines... Certains secteurs (Loup, Cagne, Siagne, basse vallée du Var...) sont scrutés de près.
« Le gros enjeu pour nous, c’est de travailler sur les économies d’eau », explique Annick Mièvre. Un défi tous azimuts. Cela implique de « travailler sur le rendement des réseaux (la gestion des fuites), d’ajuster les techniques d’arrosage dans l’agriculture (l’aspersion plutôt que l’irrigation gravitaire)... »
Éviter le couperet
Même avec des stocks d’eau regonflés, la Côte d’Azur n’est pas à l’abri du régime sec. Ce fut le cas à l’été 2019, dans une configuration similaire. En août 2017, les AlpesMaritimes étaient même passées en « alerte renforcée ». Interdiction de laver sa voiture, de remplir les piscines, d’arroser jardins et espaces verts... De telles restrictions n’ont rien d’abstrait.
« Désormais, la vigilance sécheresse sera la norme », prévient Annick Mièvre. De là à restreindre l’accès à l’eau potable, comme la Creuse et la Corrèze l’an passé ? «Ilne faudrait pas arriver à cette extrémité... »
Plutôt que de jouer à se faire peur, les autorités veulent sensibiliser. Les populations, les entreprises et les collectivités. « L’eau est un bien précieux, sinon le plus précieux. On n’en a jamais manqué dans les A.-M. Mais il faut absolument entrer dans une action volontariste », martèle Serge Castel. Pour bien passer le message, la préfecture écrit cette semaine à tous les acteurs de l’eau.