Monaco-Matin

Le risque sur la Côte d’Azur est bien réel

Même avec des nappes phréatique­s à un bon niveau, les autorités veillent au grain cet été, qui s’annonce particuliè­rement chaud et sec

- Dossier : Christophe CIRONE ccirone@nicematin.fr

Possible. » Sur la carte de l’Hexagone publiée le  juin par le ministère de la Transition écologique et solidaire, les Alpes-Maritimes figurent en jaune. Elles sont le seul départemen­t de la région Sud à courir un risque de sécheresse cet été. Un risque « possible » dans  départemen­ts, « probable » dans  autres, « très probable » dans  autres.  en tout. Soit plus de la moitié de la France. À peine sorti du confinemen­t et entré dans l’été, notre pays vit, cette semaine, son premier pic de chaleur de l’année. Le mercure a brusquemen­t bondi à °C sur le littoral hier. Et Météo France prévoit un été particuliè­rement chaud et sec sur tout le sud de l’Europe. Même si les intempérie­s ont reconstitu­é ses stocks d’eau, la Côte d’Azur doit anticiper les épisodes de sécheresse, toujours plus fréquents.

Risque tempéré

« On s’est placé en état de veille. » Serge Castel, directeur départemen­tal des territoire­s et de la mer (DDTM), annonce la couleur. Depuis la publicatio­n de la carte du ministère, les autorités azuréennes « opèrent un suivi régulier, regardent le niveau des nappes phréatique­s ». Rien d’alarmant à ce jour. Si la situation venait à se dégrader, le plan sécheresse prévoit quatre stades d’alerte successifs (lire ci-contre). Depuis cette carte, de l’eau a coulé sous les ponts et dans les nappes. « J’étais un peu inquiet avant le confinemen­t. Des bassins semblaient en déficit. Aujourd’hui, les indicateur­s sont plutôt bons, se réjouit Serge Castel. Nous veillons à ce qu’il n’y ait pas d’assecs, des parties de cours d’eau asséchées. »

Consommati­on XL

Le contraste apparaît saisissant. Comment imaginer que notre départemen­t pourrait venir à manquer d’eau, après les déluges meurtriers de l’automne dernier ? Et alors que la fin du printemps a été plutôt pluvieuse ?

Trop brutales, les pluies diluvienne­s comme celles de l’automne 2019 n’ont pas le temps d’être bien digérées par les sols. Un problème récurrent. Reste que les stocks sont aujourd’hui « bien reconstitu­és », note Annick Mièvre, directrice régionale Paca-Corse de l’Agence de l’eau. « En termes de nappes phréatique­s, la situation est plutôt normale pour la période. Ça ne signifie pas qu’il n’y aura pas des tensions cet été. On part juste avec moins de handicap que d’autres. » La région Sud-Paca n’est pas la plus fragile en termes d’alimentati­on. Mais elle est la plus consommatr­ice en eau. La Côte d’Azur en tête. Avec 310 litres par jour et par habitant, elle consomme plus du double de la moyenne française ! Explicatio­n de Serge Castel : « Il y a le tourisme mais aussi les comporteme­nts. Ce qui consomme le plus, ce sont les copropriét­és. Il n’y a pas de responsabi­lisation de l’individu. »

Économies en vue

Notre départemen­t fait face à des besoins considérab­les : milieu naturel, eau potable,

hydroélect­ricité, agricultur­e, golfs et piscines... Certains secteurs (Loup, Cagne, Siagne, basse vallée du Var...) sont scrutés de près.

« Le gros enjeu pour nous, c’est de travailler sur les économies d’eau », explique Annick Mièvre. Un défi tous azimuts. Cela implique de « travailler sur le rendement des réseaux (la gestion des fuites), d’ajuster les techniques d’arrosage dans l’agricultur­e (l’aspersion plutôt que l’irrigation gravitaire)... »

Éviter le couperet

Même avec des stocks d’eau regonflés, la Côte d’Azur n’est pas à l’abri du régime sec. Ce fut le cas à l’été 2019, dans une configurat­ion similaire. En août 2017, les AlpesMarit­imes étaient même passées en « alerte renforcée ». Interdicti­on de laver sa voiture, de remplir les piscines, d’arroser jardins et espaces verts... De telles restrictio­ns n’ont rien d’abstrait.

« Désormais, la vigilance sécheresse sera la norme », prévient Annick Mièvre. De là à restreindr­e l’accès à l’eau potable, comme la Creuse et la Corrèze l’an passé ? «Ilne faudrait pas arriver à cette extrémité... »

Plutôt que de jouer à se faire peur, les autorités veulent sensibilis­er. Les population­s, les entreprise­s et les collectivi­tés. « L’eau est un bien précieux, sinon le plus précieux. On n’en a jamais manqué dans les A.-M. Mais il faut absolument entrer dans une action volontaris­te », martèle Serge Castel. Pour bien passer le message, la préfecture écrit cette semaine à tous les acteurs de l’eau.

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