RSA : « Il faut déclarer la guerre au chômage »
Face la « débâcle économique » annoncée, Charles-Ange Ginésy fait ses comptes. Les chiffres du RSA ont « explosé » et les ressources chutent, mais le conseil départemental des Alpes-Maritimes renforce son action
Alors que le nombre de bénéficiaires du Revenu de solidarité active a fait un bond de 15 % depuis le début de la crise Covid-19, le Conseil départemental des A-M cherche des remèdes. Vendredi, son président CharlesAnge Ginésy proposera en séance plénière que soit adopté le principe d’une prime à verser aux employeurs, pour favoriser la sortie du RSA.
Quelle est l’incidence de la crise sur le RSA ?
C’est malheureusement une mauvaise histoire qui commence. D’ores et déjà, en début de confinement, personnes en fin de droits, qui devaient être suspendues du RSA, ont été prolongées de deux mois par décision gouvernementale, et c’est bien normal. Mais c’est, pour nous, une dépense en plus de millions d’euros par mois, ce qui n’était pas dans les tuyaux.
S’y sont ajoutés de nouveaux bénéficiaires ?
On a vu, durant le confinement, le nombre des bénéficiaires du RSA grossir considérablement. Sur la période, personnes sont entrées dans le dispositif. Une explosion : + % ! Ce qui porte aujourd’hui à le nombre total d’allocataires.
Ce qui suppose de trouver de nouvelles ressources ?
Il faut que l’on déclare la guerre au chômage. Car une débâcle économique se profile et l’on voit le RSA monter en puissance, puisqu’il se nourrit des chômeurs arrivant en fin de droits. Quand on regarde les perspectives, on aboutit à une dépense pour le budget prévisionnel de + millions d’euros. C’est colossal. Et les chiffres dans les AlpesMaritimes sont préoccupants : demandeurs d’emploi supplémentaires fin mai, et offres disponibles ce mois-ci, contre en juin . Cet effritement me fait dire qu’il faut vraiment engager un combat contre la précarisation des allocataires du RSA. Sachant que le retour à l’emploi se fait généralement durant les premiers mois. Selon la Cour des comptes, % des bénéficiaires de contrats aidés décrochent un emploi après six mois. Autrement dit, pour les deux tiers d’entre eux, ils se retrouvent dans un emploi consolidé. D’où l’idée que je vais défendre devant les conseillers départementaux en assemblée plénière ce vendredi, qui consiste à apporter une aide aux employeurs des secteurs marchand et non-marchand. Via le véhicule juridique des contrats uniques d’insertion qui n’existent plus, puisque Macron les a laissés tomber, et que l’on reprend à notre actif.
Quelle aide et pour qui ?
Nous proposons une aide de euros par personne et par mois, pour une période de à mois. C’est une charge lourde, mais moins que le poids du CSA qui oscille entre et euros par mois.
Comment y prétendre ?
Les entreprises accéderont à ce soutien financier, grâce à cette participation du Département qui atteint % du coût d’un Smic. C’est gagnant-gagnant pour l’allocataire : il peut reprendre rapidement et cumuler salaire et prime d’activité. Notre objectif est très clair : recrutements dans les prochains mois. Je suis certain du succès, nos services m’en ont fait la démonstration, beaucoup de Départements de France viennent voir ce qu’on fait. Nous sommes à la pointe de l’innovation pour essayer de donner des chances à tous.
Un gros coup de pouce…
C’est effectivement un gros, gros coup de pouce à l’économie départementale. Que l’on fait d’ailleurs en partenariat avec les chambres consulaires, l’UPE ,
Pôle Emploi et les principaux associatifs du secteur.
Le marché immobilier à l’arrêt, les ressources ont chuté. Quel préjudice ?
Il y a deux éléments. D’abord, la solidarité que l’État exige des Alpes-Maritimes à hauteur de millions d’euros supplémentaires pour aider les départements les plus pauvres. Ce qui fait monter à millions notre contribution solidaire cette année - c’est énorme. J’ai engagé une démarche auprès de Dominique Bussereau, le président de l’Association des Départements de France, avec notamment mes homologues des Yvelines, des Hauts-de-Seine, de Gironde, du Nord ou de Haute-Savoie. On ne peut pas continuer, avec cet effet ciseaux de prélèvements qui obèrent nos finances, alors que les droits de mutation subissent une coupe sombre : - millions d’euros d’ici à la fin de l’année, sur un total de millions. Je pense qu’il faut trouver un autre système de péréquation, sans pour autant remettre en cause le principe de solidarité. Faute de solution, il y a fort à parier que les budgets , et seront assis sur un remboursement de dette colossal, puisque l’État envisage de nous prêter millions à rembourser en trois ans. Autant dire que ça ne sert à rien.