Monaco-Matin

RSA : « Il faut déclarer la guerre au chômage »

Face la « débâcle économique » annoncée, Charles-Ange Ginésy fait ses comptes. Les chiffres du RSA ont « explosé » et les ressources chutent, mais le conseil départemen­tal des Alpes-Maritimes renforce son action

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Alors que le nombre de bénéficiai­res du Revenu de solidarité active a fait un bond de 15 % depuis le début de la crise Covid-19, le Conseil départemen­tal des A-M cherche des remèdes. Vendredi, son président CharlesAng­e Ginésy proposera en séance plénière que soit adopté le principe d’une prime à verser aux employeurs, pour favoriser la sortie du RSA.

Quelle est l’incidence de la crise sur le RSA ?

C’est malheureus­ement une mauvaise histoire qui commence. D’ores et déjà, en début de confinemen­t,   personnes en fin de droits, qui devaient être suspendues du RSA, ont été prolongées de deux mois par décision gouverneme­ntale, et c’est bien normal. Mais c’est, pour nous, une dépense en plus de  millions d’euros par mois, ce qui n’était pas dans les tuyaux.

S’y sont ajoutés de nouveaux bénéficiai­res ?

On a vu, durant le confinemen­t, le nombre des bénéficiai­res du RSA grossir considérab­lement. Sur la période,   personnes sont entrées dans le dispositif. Une explosion : + % ! Ce qui porte aujourd’hui à   le nombre total d’allocatair­es.

Ce qui suppose de trouver de nouvelles ressources ?

Il faut que l’on déclare la guerre au chômage. Car une débâcle économique se profile et l’on voit le RSA monter en puissance, puisqu’il se nourrit des chômeurs arrivant en fin de droits. Quand on regarde les perspectiv­es, on aboutit à une dépense pour le budget prévisionn­el  de + millions d’euros. C’est colossal. Et les chiffres dans les AlpesMarit­imes sont préoccupan­ts :   demandeurs d’emploi supplément­aires fin mai, et   offres disponible­s ce mois-ci, contre   en juin . Cet effritemen­t me fait dire qu’il faut vraiment engager un combat contre la précarisat­ion des allocatair­es du RSA. Sachant que le retour à l’emploi se fait généraleme­nt durant les premiers mois. Selon la Cour des comptes,  % des bénéficiai­res de contrats aidés décrochent un emploi après six mois. Autrement dit, pour les deux tiers d’entre eux, ils se retrouvent dans un emploi consolidé. D’où l’idée que je vais défendre devant les conseiller­s départemen­taux en assemblée plénière ce vendredi, qui consiste à apporter une aide aux employeurs des secteurs marchand et non-marchand. Via le véhicule juridique des contrats uniques d’insertion qui n’existent plus, puisque Macron les a laissés tomber, et que l’on reprend à notre actif.

Quelle aide et pour qui ?

Nous proposons une aide de  euros par personne et par mois, pour une période de  à  mois. C’est une charge lourde, mais moins que le poids du CSA qui oscille entre  et  euros par mois.

Comment y prétendre ?

Les entreprise­s accéderont à ce soutien financier, grâce à cette participat­ion du Départemen­t qui atteint  % du coût d’un Smic. C’est gagnant-gagnant pour l’allocatair­e : il peut reprendre rapidement et cumuler salaire et prime d’activité. Notre objectif est très clair :   recrutemen­ts dans les  prochains mois. Je suis certain du succès, nos services m’en ont fait la démonstrat­ion, beaucoup de Départemen­ts de France viennent voir ce qu’on fait. Nous sommes à la pointe de l’innovation pour essayer de donner des chances à tous.

Un gros coup de pouce…

C’est effectivem­ent un gros, gros coup de pouce à l’économie départemen­tale. Que l’on fait d’ailleurs en partenaria­t avec les chambres consulaire­s, l’UPE ,

Pôle Emploi et les principaux associatif­s du secteur.

Le marché immobilier à l’arrêt, les ressources ont chuté. Quel préjudice ?

Il y a deux éléments. D’abord, la solidarité que l’État exige des Alpes-Maritimes à hauteur de  millions d’euros supplément­aires pour aider les départemen­ts les plus pauvres. Ce qui fait monter à  millions notre contributi­on solidaire cette année - c’est énorme. J’ai engagé une démarche auprès de Dominique Bussereau, le président de l’Associatio­n des Départemen­ts de France, avec notamment mes homologues des Yvelines, des Hauts-de-Seine, de Gironde, du Nord ou de Haute-Savoie. On ne peut pas continuer, avec cet effet ciseaux de prélèvemen­ts qui obèrent nos finances, alors que les droits de mutation subissent une coupe sombre : - millions d’euros d’ici à la fin de l’année, sur un total de  millions. Je pense qu’il faut trouver un autre système de péréquatio­n, sans pour autant remettre en cause le principe de solidarité. Faute de solution, il y a fort à parier que les budgets ,  et  seront assis sur un remboursem­ent de dette colossal, puisque l’État envisage de nous prêter  millions à rembourser en trois ans. Autant dire que ça ne sert à rien.

 ??  ?? On recense aujourd’hui   allocatair­es du RSA dans les Alpes-Maritimes. Soit   de plus qu’avant la crise du coronaviru­s. Sans compter les   bénéficiai­res prolongés de deux mois. (Photo doc. François Vignola)
On recense aujourd’hui   allocatair­es du RSA dans les Alpes-Maritimes. Soit   de plus qu’avant la crise du coronaviru­s. Sans compter les   bénéficiai­res prolongés de deux mois. (Photo doc. François Vignola)

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