ans de prison pour un pion du collège de La Trinité
En début d’année, le surveillant avait approché deux jeunes filles via Instagram et les avait agressées sexuellement au sein de l’établissement
Recroquevillées sur le banc du tribunal correctionnel, elles apparaissent si fragiles. L’une porte un grand pull très ample. Elle y cache ses mains et sa nervosité, y essuie ses larmes. L’autre tente de faire bonne figure mais craque à la sortie. Elles n’ont que 14 ans. En face d’elles, leur agresseur : un surveillant de leur établissement.
Les trois bâtiments du collège La Bourgade à La Trinité, où s’est noué le drame, sont posés dans un quartier pavillonnaire adossé à la colline. Entre le 1er janvier et le 13 février, Th. S., 25 ans, en a fait son terrain de chasse, s’est infiltré dans leur vie. Instagram et quelques SMS, au début anodins, ont servi d’hameçon. Puis très vite sont apparues des propositions à connotation sexuelle. « C’est quoi ce mini-haut que tu portes ? Je l’aurais bien descendue cette fermeture. » Ce « mini-haut » couvrait en fait tout le buste jusque sous le nombril…
Le choc
Devant les enquêteurs, les gamines ont raconté le choc de recevoir ce type de messages. Elles ont d’abord dit non. C’était sans compter sur la perversité de leur bourreau qui a joué à les mettre en opposition pour savoir laquelle des deux serait le « chouchou ». «Il m’avait demandé de me rejoindre dans les toilettes. J’avais peur de ce qu’il pouvait me faire au collège. Un jour, j’étais à la vie scolaire, la dernière à passer, il a tenté de me mettre la main aux fesses (...). Il voulait m’embrasser, me toucher les seins. » Le jeune homme, assistant d’éducation depuis fin octobre 2019 a réussi à obtenir des baisers, a procédé à des attouchements pardessus les vêtements. Il donnait des rendez-vous dans le collège et en dehors, leur envoyait des photos de ses parties génitales. Le dossier regorge de textos très explicites.
C’est la soeur d’une des petites qui a découvert son pervers manège et alerté les gendarmes. Son établissement l’a immédiatement suspendu. Th. S. passait jusque-là pour un pion sympathique, bac pro électrotechnique en poche. Figuraient sur son CV un brevet d’éducateur sportif et deux autres de sauvetage et de secourisme. Ce natif de Dijon (Côte-d’Or), sans casier judiciaire, avait aussi exercé dans le périscolaire à Lyon ou comme auxiliaire de vie auprès d’handicapés dans sa ville natale. À la barre, face au président Alain Chemama, il se montre repentant – il a demandé pardon à plusieurs reprises – très nerveux, et accablé. Sur le banc en vis-à-vis, dans un silence de plomb, sourd la colère des familles. Mais elles ont opté pour la dignité.
« Des faits d’une extrême gravité »
« Je suis conscient qu’elles ont dû avoir peur de me dire non par rapport aux propositions sexuelles. (…) Je savais que notre relation était illégale », reconnaît le prévenu. Il est passé de suite aux aveux. Le procureur, David Coullaud, insiste sur « l’extrême gravité des faits ». Face aux adolescentes en pleurs, il place des mots justes : « Elles n’ont rien à se reprocher. Elles ont été victimes de leur surveillant. »
Le tribunal a condamné Th. S. à 36 mois dont six ferme, allant au-delà du sursis des réquisitions. Le pion devra indemniser financièrement victimes et familles. Il est désormais inscrit au Fichier national automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.