Les équations vertes

L’imprévu est devenu un élément clé de la politique française. En , le macronisme avait tout emporté sur son passage en un tournemain. Le second tour des élections municipales ce dimanche a fait, lui, déferler une vague verte sur les grandes villes. Durera-t-elle aussi peu de temps que le macronisme de  ? C’est peu probable car cette émergence électorale va de pair avec l’affirmation d’une puissante idéologie écologique portée par la nouvelle génération d’électeurs, tous ces jeunes descendus dans les rues ces dernières années pour s’alarmer du réchauffement climatique. S’il n’est pas sûr qu’Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV) transforme son succès dans les prochains scrutins tant les votes sont devenus volatils et la relation des Français aux partis politiques instable, il est certain, en revanche, que la question écologique sera pour longtemps un déterminant électoral majeur. Emmanuel Macron, qui espérait ‘’enjamber’’ ces municipales, est, du coup, contraint de les prendre en compte. Il lui faut, en fait, les récupérer au plus vite et ingérer dans son action la question écologique. Alors que depuis des mois et des mois le

Président jouait de malchance, que son parti a été défait dimanche, il s’est retrouvé hier avec une bonne carte à abattre. Son agenda lui a soudain souri. Il recevait, en effet, ce lundi les  membres de la Convention citoyenne pour le climat pour réagir aux propositions qu’ils ont faites. L’occasion de repasser à l’offensive et de profiter de l’air du temps verdissant était idéale. Pour convaincre son auditoire de sa conversion verte et au-delà les électeurs d’EE-LV, ou tout simplement tous ceux préoccupés par l’environnement, il a annoncé qu’il retenait  des  propositions de la Convention et qu’il n’écartait pas l’organisation d’un référendum en  : pour, d’une part, réformer la Constitution sur la biodiversité, l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique ; et, d’autre part, faire s’exprimer les Français sur des propositions de la Convention. Trois idées sont récusées : la limitation de la vitesse sur les autoroutes à  km/h, le Président pensant à la révolte des « gilets jaunes » née de la limitation à  km/h ; la taxation de  % sur les dividendes des entreprises supérieurs à  millions d’euros pour ne pas décourager l’investissement ; une réécriture du préambule de la Constitution qui plaçait la protection de l’environnement au-dessus des libertés publiques. Cette réponse rapide au verdict municipal suffira-t-elle à rouvrir l’espace politique du chef de l’Etat ? Le référendum est toujours un exercice incertain. Comment se comportera l’énorme armée de réserve des abstentionnistes s’ils retrouvent, demain, le chemin des urnes ? Emmanuel Macron a essayé de résoudre l’équation verte mais elle reste à plusieurs inconnues.

« Macron a essayé de résoudre l’équation verte mais elle reste à plusieurs inconnues. »