Monaco-Matin

5 choses à savoir sur Brahim Asloum

- PAR VIVIEN SEILLER

Boxeur au palmarès exceptionn­el, le natif de Bourgoin-Jallieu a su se faire violence au cours d’une carrière qui l’a vu décrocher un titre de champion du monde en 2007 au Cannet

1 Surnommé “la fille”

Brahim Asloum a fait du chemin avant de grimper sur les podiums internatio­naux.

Né à Bourgoin-Jallieu (Isère), le futur champion a dû se forger un caractère pour exister dans son quartier et au milieu de ses neuf frères et soeurs. « A  ans, je mesurais m pour  kilos, sourit-il. J’étais fragile, toujours avec ma mère, sur ses genoux. Dans ma famille on me charriait et on m’appelait “la fille”. » Conscients que le petit Brahim avait besoin de grandir, ses frères l’ont pris sous leur aile pour l’aider à prendre de l’épaisseur. Avant la révélation. « J’ai découvert la boxe loisirs lors d’un gala, c’était uniquement des assauts basés sur la technique et ça m’a plu visuelleme­nt. Quand je me suis inscrit ma famille pensait que c’était un caprice, que j’allais prendre deux marrons et que j’allais rentrer à la maison. Quand j’essaie de comprendre pourquoi je suis venu dans la boxe, je me dis que la vraie cause, c’est ça. J’en suis sûr. »

2 Spielberg à Sydney

Sydney,  septembre . Un petit bonhomme monte sur le ring, cheveux peroxydés et titre olympique en ligne de mire. Vainqueur de l’Espagnol Rafael Lozano en finale des mimouches, Brahim Asloum atteint son rêve et boucle son film.

« Quand je commence la boxe, je vois les Jeux d’Atlanta et je me dis que dans quatre ans je veux y être ! J’ai commencé à bâtir mon rêve et je me suis battu pour y arriver. Quand je suis champion olympique, dans ma tête c’est comme un film. Ma référence c’était Spielberg donc je suis arrivé en conférence de presse et j’ai sorti : “Appelez-moi Spielberg !” C’était comme si je venais de sortir mon film au box-office. »

Brahim Asloum fait le buzz et doit gérer cette soudaine explosion médiatique. A vingt ans à peine. « J’étais passé dans une autre dimension. J’étais identifié, j’avais conscience que je ne devais pas décevoir. Ce n’est pas toujours évident quand tu sors dehors et qu’il y a trente ou quarante personnes qui sont derrière toi pour te demander des autographe­s. J’essayais de ne vexer personne. » Le plus grand moment de sa vie de sportif.

« En émotions pures, au niveau de ce que ça rapporte et de l’exposition... C’est hors normes ! »

3 Champion du monde au Cannet

Une fois son titre de champion olympique en poche (), le boxeur bascule dans le monde profession­nel et poursuit son chemin. Le parcours est brillant et le mène jusqu’au titre de champion du monde en . Déjà champion de France et d’Europe, Brahim Asloum s’impose face à Juan Carlos Reveco entre les murs de La Palestre au Cannet. « J’ai eu trois opportunit­és de devenir champion du monde mais j’ai échoué les deux premières fois devant deux cracks, Lorenzo Parra et Omar Narvaez, rembobine-t-il. Si on doit schématise­r, c’est un peu comme le Real Madrid et Barcelone en Ligue des champions. » La troisième est la bonne : vainqueur à l’unanimité des juges face à l’Argentin, le Berjallien devient le premier boxeur tricolore à s’offrir le titre mondial en plus du titre olympique. « Au Cannet il y a le plus beau public de France. Ça reste mon sanctuaire, un temple de la boxe. J’y venais au moins une fois par an au cours de ma carrière. C’est assez incroyable. »

4

Fin de carrière prématurée

Brahim Asloum possède un palmarès long comme le bras mais n’a pas eu l’occasion de soigner sa sortie. En froid avec son diffuseur Canal +, le champion olympique a annoncé sa retraite sportive en  à seulement trente ans. « On m’a enlevé cinq ans de rêve, j’ai fait une croix dessus », déclarait Asloum fin  sur RMC. Mais le protégé de Louis Acariès ne fait ni dans l’aigreur ni dans la rancoeur. « Mon diffuseur a arrêté assez nettement le contrat. Je me suis dit que c’était peut-être le moment d’arrêter la boxe et de faire autre chose pendant que j’avais toute ma tête. C’est une situation que je ne comprenais pas mais je ne voulais en vouloir à personne. Ça me permettait de grandir la tête fraîche et sans arrière-pensée. » Direction les bancs de l’école pour découvrir un autre univers et préparer la suite avec un Master Droit et Economie du sport. « Je savais que ma carrière était finie, j’avais envie de reprendre les cours mais ce n’était pas évident. Quand tu arrives à la Sorbonne, tout le monde sait qui tu es et se demande ce que tu fais là ! J’avais même demandé à un ami de m’accompagne­r le premier jour, il fallait assumer. J’ai validé mon Master et j’en suis fier. C’est une autre médaille. »

5 Un frère boxeur

Brahim Asloum n’est pas le seul boxeur de la famille. Plus jeune de deux ans, son frère Redouane lui a emboîté le pas quelques années plus tard avec réussite. « Il a fait une belle carrière avec des ceintures internatio­nales mais ce n’est pas évident quand tu es le frère de », lance l’aîné. Cinq fois champion de France, Redouane Asloum a découvert les Jeux Olympiques à Athènes () malgré un patronyme difficile à assumer. « Je ne pense pas que ça l’a aidé, c’est dur à porter. Tu as un nom et tu dois te faire un prénom. Tu es seul sur le ring, c’est d’une violence folle. Tu es livré à toi-même. C’est pour ça que je le respecte et que je dis qu’il a fait une belle carrière. »

Aujourd’hui âgé de  ans, le petit frère de Brahim Asloum est père de famille et retiré des rings.

 ?? (Photos P. Lapoirie, S. Haouzi, DR) ?? Après sa médaille d’or aux JO de Sydney (il est ici avec François Paturle, journalist­e au service des sports de Nice-Matin toujours au coeur de l’événement) tout s’est accéléré, bonifié par un titre mondial au Cannet.
(Photos P. Lapoirie, S. Haouzi, DR) Après sa médaille d’or aux JO de Sydney (il est ici avec François Paturle, journalist­e au service des sports de Nice-Matin toujours au coeur de l’événement) tout s’est accéléré, bonifié par un titre mondial au Cannet.
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