Bientôt oui en France, toujours non à Monaco
La perspective de pouvoir rouvrir leur établissement dans les prochains jours – si cela se confirme – devrait faire retomber la grogne qui agite les professionnels du monde de la nuit. Une colère d’ailleurs manifestée hier à Paris par les disc-jockeys, qui protestaient contre la non-réouverture des discothèques et l’annulation des festivals. À Saint-Laurent-du-Var, Stéphane Morjane, directeur artistique du Carré, explose : «Onaautorisé la Fête de la musique, les avions sont à bloc, les pubs sont ouverts et ne respectent rien et beaucoup de fêtes sont organisées. Mais les discothèques sont fermées... Vont-elles survivre à cette crise ? Quand j’ai commencé dans le métier, en 1987, il y en avait 4 000. Aujourd’hui, c’est 1 600 et je pense qu’à la fin de l’année il en restera moins de 1 000. Ce que je constate, c’est que les bars musicaux ont fait appel à des DJ’s et sont tous ouverts. Ce sont en fait des mini-boîtes de nuit qui ont le droit de travailler et ce n’est pas normal. Le virus, me semble-t-il, est dangereux pour tout le monde. Il faut trouver des solutions parce que si on reste fermé tout l’été, ce sera catastrophique. »
« 300 à 400 discothèques pourraient fermer ! »
À Juan-les-Pins, Rudy Maman, le gérant du Village, se veut plus mesuré... «Sur le plan sanitaire, je comprends l’approche et la logique du gouvernement qui n’a pas voulu prendre de risque. Mais au niveau de la perte que cela engendre pour les établissements de nuit, c’est catastrophique. Personnellement, j’ai la chance d’avoir un peu de trésorerie mais pour beaucoup de mes confrères, les conséquences s’avéreront certainement dramatiques. Beaucoup vont déposer le bilan. Je pense que 300 à 400 discothèques pourraient fermer. »
Rudy Maman a mis 15 personnes en activité partielle et, pour l’instant, n’a pas réembauché. « Et avec tout cela, déplore-t-il, on se retrouve avec plein de fêtes sauvages, sans distanciation sociale, parce que les gens pensent que la crise est terminée. »
Enfin, à Nice, Jérôme Calatraba, patron du High Club, estime que « la possibilité de rouvrir – encore une fois, si cela se confirme – est une très bonne chose. Comme on dit, après la pluie vient le beau temps même si, malheureusement, le Covid-19 a provoqué pas mal de décès, et il est toujours là. Ce qui m’agace, c’est de voir des restaurants transformés en pubs ou en discothèques. Ce n’est pas nouveau, cela fait des années que l’on se bat contre ça. Mais aujourd’hui, ils fonctionnent comme si c’était tous les jours le 31 décembre, organisent la fête avec des DJ’s. La distanciation qui devrait y être appliquée n’est pas tenue. J’ai vu des vidéos où l’on constate que les gens sont à moins de cinquante centimètres les uns des autres. Ils se retrouvent à 100 ou 200, et cela me gène un peu. Concernant les restrictions qui pourraient être mises en place, je pense qu’il faut surtout de la logique. Dans une boîte, qu’il y ait 1 000 personnes ou 300, c’est pareil. Après, si on n’a pas le choix, on les respectera. Mais il faut de la logique. »
Jérôme Calatraba, qui estime les pertes enregistrées depuis la mi-mars à 150 000 euros par mois, considère enfin que « la distanciation sera difficile à appliquer. Un club, c’est un lien social où les gens viennent pour rencontrer et pas seulement pour danser. Si on met des barrières à ce niveau-là, alors on ne devrait même pas organiser le Tour de France. Parce qu’en termes de promiscuité, c’est encore pire ».