Monaco-Matin

ASM : Coach Z is back

Zvezdan Mitrovic, champion en titre avec l’ASVEL, est le nouvel entraîneur de l’ASM. Celui qui a dirigé avec succès durant 3 ans et demi la Roca Team n’a pas pu résister au goût du come-back

- FRANÇOIS PATURLE

Le fauteuil n’est plus vide. Pour remplacer un coach de la trempe de Sasa Obradovic, il fallait une personnali­té, un nom qui parle, un coach qui rassure sur les objectifs et la solidité du navire. Qui mieux que Zvezdan Mitrovic, pour Monaco, pouvait incarner cet hommelà ? Champion en  avec l’ASVEL (contre l’ASM en finale), Zvezdan Mitrovic est celui qui, de  à , a propulsé la Roca Team de la ProB aux cimes de la Jeep Elite et de la Coupe d’Europe. Limogé de l’ASVEL par Tony Parker, laissant la place à TJ Parker – malgré un titre et les exploits en Euroligue à l’Astroballe – Mitrovic n’a donc pas pu résister au choix du coeur et au défi de rebondir sur le Rocher. Son différend avec l’ASVEL (il a été licencié pour ‘‘faute grave’’, le litige se réglera devant les tribunaux), Zvezdan Mitrovic s’interdit de l’évoquer pour l’instant. Obradovic de retour dans son antre rouge et blanche de l’Etoile Rouge, Mitrovic qui retrouve les clés de sa e maison : en ces temps difficiles, des coaches de renom ont fait le choix de ne pas s’éloigner de leurs racines... Pour Mitrovic, le rêve des fans de la Roca Team est donc exaucé. Coach Z is back. Avouons-le : voici une nouvelle qui nous réjouit aussi. Le technicien monténégri­n est aussi volcanique sur le parquet avec les arbitres qu’attachant dans la vie. Voici Mitrovic au téléphone, lui qui passe actuelleme­nt ses vacances préférées : au bord de mer et au Monténégro, en famille. A  ans tout rond, il vient de devenir grandpère.

Coach Z, tout simplement, pourquoi Monaco ?

Pour le club, pour ses dirigeants, bien sûr, mais pas seulement. Les gens à Monaco, les fans, les amis... Je me sens sur le Rocher comme à la maison. Après le Monténégro, mon pays, qui est un cas à part, Monaco est l’endroit au monde où je me sens le mieux. La Roca Team, c’est le choix du coeur. La dernière finale du championna­t entre Villeurban­ne et Monaco fut incroyable au plan sportif comme au niveau de l’intensité émotionnel­le, jusqu’au e match. A l’arrivée, notre amitié est restée la même, intacte.

« On n’a même pas parlé d’argent »

Comment se sont passées les négociatio­ns ?

Quand on échange entre amis, ce ne sont pas des négociatio­ns. On a parlé de l’équipe, des joueurs, de la façon de construire le projet... Les détails du contrat, les questions financière­s, on ne les a même pas évoqués. Ma décision de revenir s’est faite naturellem­ent et assez rapidement. Mon épouse ? Elle est très contente de revenir aussi.

On vous disait en contact avec le Bayern Munich ?

J’ai eu des contacts avec des clubs importants, mais aucun avec le Bayern Munich. Je ne sais pas d’où est partie cette rumeur.

Certains pourront voir ce retour à Monaco comme un pas en arrière, après avoir disputé l’Euroligue avec l’ASVEL ?

Je l’ai déjà entendu, mais je ne le vois pas comme ça. L’Eurocup est une très belle compétitio­n. Monaco veut continuer a s’y faire un nom. Le championna­t promet encore de très beaux affronteme­nts. Comme pratiqueme­nt tous les clubs, Monaco est touché économique­ment par la crise. On aura un budget en baisse de  %. Mais la grande majorité des clubs sont dans ce cas. On va tout faire pour que la Roca Team soit compétitiv­e. Il faut être réaliste et se dire que de nombreuses questions demeurent liées à l’épidémie. Qui peut dire avec certitude que le championna­t débutera comme prévu fin septembre ? Tout est assez compliqué actuelleme­nt. Pour Monaco comme pour tout le monde. Or, Monaco est une très bonne organisati­on, solide, fiable. Dans ces moments-là, cela compte doublement.

« Ne pas s’attendre à dominer d’entrée »

Pour l’effectif, vous partez quasiment d’une feuille blanche (seuls Yeguete et

peut-être Bost restent)...

En effet. Il faut reconstrui­re, on va s’y atteler. La priorité sera de faire signer quatre joueurs français ou JFL. Nous faisons des listes, mais beaucoup de joueurs sont déjà sous contrat. Ensuite, nous ferons notre choix pour les Américains et les étrangers. Le centre de formation de Monaco n’est pas encore au niveau des meilleurs en Jeep Elite. Nous allons essayer de miser sur les bons prospects... Évoluer à Monaco est je pense une belle opportunit­é. Il y a beaucoup de joueurs qui sont passés par la Roca Team et qui ont fait une très belle carrière ensuite.

À l’ASVEL, vous avez conduit certaines révélation­s spectacula­ires, comme Strazel, Jekiri...

C’est probableme­nt la plus belle satisfacti­on pour un coach, voir un jeune joueur évoluer de la bonne façon. Vous vous dites que le travail porte ses fruits. Cela dit, il n’y a pas que les jeunes qui peuvent évoluer. Souvenez-vous des belles saisons d’Amara Sy avec la Roca Team, ou de

Georgi Joseph, ou Jonathan Aka. Il faut trouver les garçons qui vont s’impliquer à fond et tout donner sur le parquet.

Toute votre carrière, vous avez coaché pour gagner des titres... Vous ne venez pas à Monaco pour jouer la e place ?

Ce sera très difficile, on ne va pas se mettre à produire des effets d’annonce maintenant. On ne doit pas s’attendre à dominer la saison régulière comme ce fut le cas lors de mes trois premières années ici. On va y aller étape par étape, ce n’est pas de la langue de bois... Mais je peux vous assurer que l’envie de vivre à nouveau de grandes soirées à Gaston-Médecin, elle, est très forte. On va y mettre toute notre énergie, et beaucoup de passion.

Né le 19 février 1970 à Podgorica (Monténégro).

Carrière en France : Monaco (2015-18), Villeurban­ne (18-20).

Palmarès :

Champion de France 2019 (ASVEL). Coupe de France 2019 (ASVEL).

Finaliste play-offs 2018 (ASM) Finaliste Champions League Fiba (2018). Vainqueur de la Leaders Cup en 2016, 17,18 (ASM). Champion Pro B 2015 (ASM) Champion d’Ukraine en 2009 Coupe d’Ukraine en 2012.

Certains prédisent déjà un championna­t à deux vitesses, entre l’ASVEL et les autres ....

Il faudra voir les équipes en septembre et comment elles évoluent. C’est un peu tôt pour en parler. Mais, bien sûr, l’ASVEL aura un très bel effectif, calibré pour l’Euroligue, avec des cadres qui restent et des talents qui arrivent.

Tout le monde va vous poser la question : jouer contre l’ASVEL, ce sera quand même spécial ?

Je commence à avoir l’habitude de jouer contre mes anciens clubs ! Alors j’aborderai cela sur le plan profession­nel sans déborder sur autre chose. Je suis en désaccord sur la façon dont ça s’est terminé mais ça n’enlève rien aux beaux moments que j’ai pu vivre avec l’ASVEL. La dernière saison fut, je pense, ma meilleure en tant que coach. J’ai passé deux belles années à Lyon, avec les joueurs, le staff et même avec le président. Celui-ci a le droit de choisir son coach, mais c’est la manière que je conteste. Je ne garderai que le meilleur de mon parcours à l’ASVEL et on a quand même disputé de sacrés matches.

Le plus beau ?

La victoire à domicile sur le CSKA Moscou, le champion d’Europe en titre.

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Vainqueur du Panathinaï­kos, de l’Olympiakos ou du CSKA Moscou en Euroligue avec l’ASVEL, coach Z va retrouver le Rocher. « Monaco est une très bonne organisati­on, solide, fiable », note-t-il. (Photo AFP)

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