Le futur siège d’UBS va se draper de verre
La villa Belgica, érigée au XIXe siècle avenue de Grande-Bretagne, se veut une « synthèse entre architecture et confort thermique ». Une conception en or selon le label « Bâtiments durables »
C’est un projet en or vert. Ce mardi, la commission BDM-BD2M (Bâtiments durables méditerranéens et son pendant monégasque) a gratifié le cahier des charges de réhabilitation du siège de la banque UBS, avenue de Grande-Bretagne, d’un label Or obtenu « haut la main ». Le jury accordant la note finale de 89/100 à la phase de conception réunissant notamment les ateliers d’architecture Jean Nouvel et Alexis Bianchi (AB Architecture).
Érigée en 1899, la villa Belgica avait été rénovée et surélevée à deux reprises – avec plus ou moins de succès esthétique – au milieu du XXe siècle. Cette fois, la mue sera littérale puisque la bâtisse va revêtir une seconde peau ! Tout en exhumant ses charmes d’antan.
« Dispositif soigné et complexe »
Le chantier d’UBS, confié au Groupe Michel Pastor, devient le premier projet BD2M sous maîtrise d’ouvrage privé en Principauté. Au-delà des perspectives de confort pour l’accueil de sa clientèle privée, la banque a manifesté la volonté de créer un immeuble de bureaux durable. Et pas seulement : le jury a ainsi apprécié que l’actuelle phase de conception intègre la possibilité d’une autre destination à l’avenir. En l’occurrence, des logements. Lancé en 2015, le projet de restructuration de la villa Belgica a abouti à une première version en 2017, avant d’être chamboulé, en 2019, avec l’arrivée de la démarche BD2M, inspirée par l’association EnvirobatBDM et soutenue par la Mission pour la transition énergétique, dans le paysage monégasque. Une mise à jour du permis de construire (en cours d’instruction) avec «de grosses incidences ». Principale contrainte : maintenir et restaurer la façade historique. La « purger » pour ne conserver que ses aspects « remarquables », détaillent les acteurs du projet, évoquant une « façade à technologie contemporaine » avec une « enveloppe extérieure ». Une seconde peau régulatrice qui joue le rôle de « filtre solaire, mais aussi contre le vent et les éblouissements, et régule l’air par ses ouvrants » .Sa singularité ? Une sérigraphie « cartographiée sur les besoins de protection solaire ».
« Un dispositif soigné et complexe formant une synthèse entre architecture et confort thermique », pour lequel la commission a tout de même pointé un axe d’amélioration : l’impact carbone de cette structure en verre et la « faible part d’écomatériaux » utilisés pour la façade.
Bonus pour l’isolant
Vitrine de la démarche « confort été », l’enveloppe extérieure sera couplée à la création d’une climatisation naturelle avec notamment 65 % d’ouvrants sur chaque plateau intérieur. Le but, permettre des courants d’air traversants. Une surveillance de la qualité de l’air sera possible à terme, comme la possibilité de détecter une fuite d’eau sur l’alimentation générale. Un travail d’isolement acoustique est également mené.
En termes d’isolement, le choix de panneaux thermoacoustiques en paille de riz de Camargue comme isolant a valu l’octroi de points bonus au projet devant la commission. « Ça n’aurait pas été validé par le BDM mais par le BD2M, oui, car c’est une première en surélévation à Monaco. »
Le jury insistant sur sa conscience du contexte local. Celui d’une parcelle contrainte, typique du millefeuille immobilier local.
Escalier monumental
Des contraintes qui relativisent une autre point faible, le peu d’espaces végétalisés. Même si la société azuréenne Agipit 06 s’est montrée inventive dans les jardinières du rez-de-chaussée et des toits terrasses. « La végétation a été réfléchie pour limiter l’apport en eau et l’entretien », avec un clin d’oeil croisé à l’histoire de Monaco et à l’activité bancaire par la plantation de caroubiers. « L’emblème de Monaco dont la graine était utilisée pour étalonner le carat. » Autant d’infos portées sur de futurs panneaux pédagogiques. Enfin, l’une des pièces maîtresses sera l’escalier monumental qui forme le « nouveau noyau » de la villa. Un escalier à double circonvolution. Pour répondre à un « besoin électrique faible », le pari d’un éclairage intégralement LED a été fait. Quant à la toiture, elle accueillera 41 panneaux photovoltaïques en autoconsommation.
Les travaux s’étaleront sur deux ans à partir de décembre 2020 sur une surface de 1404m2.