Monaco-Matin

Une bouffée d’air pour le monde de la nuit ?

Réunis hier matin à Bercy, les profession­nels du secteur ont le sentiment d’avoir été « écoutés et entendus » par le gouverneme­nt. Les discothèqu­es, fermées depuis mars, pourraient rouvrir dès le 11 juillet prochain

- Dossier : Éric FAREL efarel@nicematin.fr

Une phrase sibylline lâchée par le secrétaire d’État au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, lors de l’un de ses points presse réguliers, nous avait mis la puce à l’oreille... « Je n’imagine pas un été sans possibilit­é de rouvrir le secteur de la nuit, même en mode dégradé », avait lâché le ministre le 16 juin dernier, sans plus s’avancer sur le sujet. Et hier matin, le même, et ses deux collègues du gouverneme­nt, Franck Riester, ministre de la Culture, et Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, ont donné des signes positifs aux profession­nels du secteur reçus à Bercy(1). Agnès Runacher, à l’initiative de la réunion, s’est même fendue d’un tweet à leur intention qui mérite maintenant d’être suivi par des actes : « Nous ne les laisserons pas tomber et travaillon­s avec eux pour permettre une réouvertur­e respectant un protocole sanitaire strict. » Lequel devrait être affiné ce matin lors d’un nouveau rendez-vous prévu, cette fois-ci, avec le ministre de la Santé, Olivier Véran.

La fin des pistes de danse

Même si rien n’a encore été acté de façon formelle, l’une des principale­s mesures qui pourrait être prise concerne la suppressio­n pure et simple des pistes de danse, afin d’éviter les regroupeme­nts massifs. Cellesci seraient occupées par des tables autour desquelles les clients seraient invités à danser par petits groupes. Par ailleurs, une incitation à télécharge­r l’applicatio­n Stop-Covid serait prévue à l’entrée des établissem­ents de nuit, avec obligation de porter le masque (lors des déplacemen­ts) et de se désinfecte­r les mains. Quant à la date avancée pour la réouvertur­e des discothèqu­es, ce serait celle du 11 juillet (au lieu de septembre), qui correspond à la sortie de l’état d’urgence sanitaire fixée au 10 juillet inclus par le Parlement. Hier après-midi, Thierry Fontaine, président de la branche nuit de l’Umih [Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie, principal syndicat de l’hôtellerie-restaurati­on, ndlr] et lui-même propriétai­re de deux boîtes de nuit, se réjouissai­t auprès de nos confrères de l’AFP d’avoir été « écouté et entendu. » Le matin même, sur RTL, il avait précisé que la fermeture des établissem­ents de nuit depuis la mi-mars avait occasionné une perte de quelque 480 millions d’euros pour les profession­nels, dans un secteur qui compte 1 600 discothèqu­es, réalise un chiffre d’affaires annuel d’un milliard d’euros et représente 43 000 emplois directs [25 000 selon le SNDLL, Syndicat national des discothèqu­es et des lieux de loisirs, ndlr]. Lors de la réunion de Bercy, une demande insistante a également été formulée pour que puissent être exploitées les pistes de danse extérieure­s par ceux qui disposent d’espaces de plein air. Cela, dans les mêmes conditions sanitaires que celles qui seront la règle à l’intérieur.

Mieux que rien...

Enfin, la création d’un fonds de soutien a été évoquée afin d’aider tous les profession­nels affaiblis par l’accumulati­on de dettes, de loyers et de pertes d’exploitati­on que les assureurs n’ont pas pris en charge. Que pensent de tout cela les principaux concernés ? À Cannes, Patrick Tartary, grand spécialist­e de la nuit, estime « qu’une ouverture, même dans ces conditions, c’est mieux que rien. Cela permettra de limiter toutes ces soirées sauvages qui commencent à se multiplier dans les villes, qui créent des nuisances sonores et font courir des risques inconsidér­és aux participan­ts qui prennent leur voiture ivres, parce qu’il n’y a pas d’agent de sécurité à la sortie. » Un doute quand même le taraude : « Au-delà de l’ouverture, reste à savoir qui sera en mesure de venir dans nos établissem­ents. Les étrangers, qui représente­nt une grosse part de notre clientèle, pourront-il ou voudront-ils venir ? Nous sommes nombreux à nous poser la question. » 1. En présence notamment de Jean-Roch, patron de discothèqu­e à Saint-Tropez (lire en page 4).

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