Monaco-Matin

Festins : « Normalemen­t, on y danse collé serré… »

De nombreux villages du estivale, jugé incompatib­le annulent ce qui est le véritable temps fort de leur saison avec les distances sanitaires. Mais certains veulent résister

- A. L. alouchez@nicematin.fr

Pour les messes, ça devrait le faire. Mais les autres traditions des festins, les bals sous le chapiteau, les tournées à la buvette et les bastons générales, sont-elles compatible­s avec les distances de sécurité ? Voilà ce qui préoccupe de nombreux villages et comités des fêtes du haut pays niçois, au moment de célébrer leur saint patron, événement phare de l’année. Après l’annonce d’Emmanuel Macron de vouloir maintenir les distances sanitaires, beaucoup ont d’ores et déjà opté pour le principe de précaution, avec un service minimum. Comme Saint-Etienne-de-Tinée, l’un des plus important du haut pays avec 2 000 personnes réunies le premier week-end d’août. « Les festins, normalemen­t, ce sont des bals, où on danse collé serré, sous un chapiteau, confirme Chloé Fabron, présidente du comité des fêtes de Saint-Etienne-de-Tinée village. Nous sommes obligés d’annuler. »

« Rappeler que c’est la fête, malgré le Covid »

Seules les messes seront maintenues dans les hameaux. Et au lieu de cinq jours de festivités au village, il n’y aura que deux jours d’animation. «Onnesaitpa­sencore. On organisera peut-être des spectacles, où les gens seront assis. On s’adapte au contexte sanitaire. Nous, tant que la fête patronale est fêtée de manière religieuse, ça nous va. C’est quand même ça, à la base. »

« Dans un festin, les gens boivent et s’agglutinen­t au comptoir, c’est comme ça que c’est sympa », se résigne de son côté Christelle

Poggi-Ottobruc, présidente du comité des fêtes de Lantosque, où la fête patronale attire « entre 300 et 400 personnes ». « Cette année, on ne peut pas se le permettre. Ce sera bien si on arrive à faire la messe et à rassembler quelques musiciens pour jouer un quart d’heure. Histoire de rappeler que c’est la fête, malgré le Covid. »

Question de principe, donc. Parce que dans les faits, il n’y a ni interdicti­on, ni autorisati­on. A chacun d’évaluer si le jeu en vaut la chandelle. Et plusieurs villages attendent le tout dernier moment. « Notre décision n’est pas prise, avoue Martine Barengo-Ferrier, maire de la Bollène-Vésubie. J’attends les dernières recommanda­tions, mais on est dans le flou complet. Les discothèqu­es sont fermées, mais les enfants retournent à l’école. Le cas du festin n’est pas réglé et la question se pose pour toutes les manifestat­ions. Rien n’est clair, si ce n’est que le maire est responsabl­e, comme toujours. Nous ferons le maximum pour conserver nos traditions et nos habitudes, mais pas à n’importe quel prix. Mais ça me paraît compliqué de faire danser des gens côte à côte. Et en même temps, nous avons une forte population l’été, qui attend des divertisse­ments. Est-ce qu’on va les laisser se faire chier tout l’été à cause du Covid ? »

La pression est forte également sur les comités des fêtes et leurs bénévoles. Si bien que Martine Cagnazzo, présidente de celui de L’Escarène, dans la vallée du Paillon, se montre mal à l’aise : « C’est maintenu. Enfin, maintenu… Disons qu’on a envie, parce que les gens sont demandeurs et que le maire souhaite une fête patronale normale. »

« On n’est pas des inconscien­ts »

Concrèteme­nt, il y aura une buvette, mais pas de repas. L’orchestre est toujours prévu, le bal aussi : « On a 100m² de parquet. Les gens danseront en couple, se mettront un peu loin. Peut-être qu’on rendra le port du masque obligatoir­e. On ne sait pas si on fait bien ou pas. Mais on ne prendra aucun risque, on attend le dernier moment. On ne veut pas que les gens pensent que nous sommes des inconscien­ts. »

Tout le monde regarde chez le voisin. Et personne n’a envie d’être le seul à se mouiller. « S’il n’y a que nous, dans la vallée, pourquoi prendre le risque ?, s’interroge encore la première magistrate. Peut-être que tout le monde s’y rendra. Et avec ce qu’on aura anticipé de risque mesuré, est-ce qu’on n’exposera pas encore plus les gens ! ? » D’autant qu’elle le rappelle : les fêtes patronales sont déjà risquées à la base. « Quand il y a un festin sur votre commune, vous ne dormez pas bien. Ça peut partir en vrille en cinq minutes. Ça fait partie des choses qu’on ne maîtrise pas à 100 %. »

 ??  ?? À Saint-Etienne-de-Tinée, d’ordinaire l’un des plus gros festins du haut pays, le programme sera limité aux messes et à deux jours de festivités à définir. (Photo L. C.)
À Saint-Etienne-de-Tinée, d’ordinaire l’un des plus gros festins du haut pays, le programme sera limité aux messes et à deux jours de festivités à définir. (Photo L. C.)

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