Monaco-Matin

En coulisses, Estrosi concocte « Estrosi III »

Installati­on du conseil municipal demain : vote pour l’élection du maire, du nombre d’adjoints, dévoilemen­t des délégation­s… En attendant, le sortant réélu, multiplie les rendez-vous

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Un exécutif, ça se construit comme un château de cartes. Il faut de la patience. Une grosse dose. De la pédagogie et de la rondeur. Beaucoup. Et du doigté, sinon tout s’écroule. Depuis lundi, de manière intensive, à coups de réunions, de rendez-vous et de coups de fil, Christian Estrosi se creuse les méninges, seul maître à bord de l’éléphantes­que bateau Ville, pour essayer de mettre les bons élus à la bonne place. C’est-à-dire pas toujours là où certains espéraient être. Et le « gouverneme­nt » Estrosi III sera connu demain, lors de la séance d’installati­on du conseil municipal.

Borré, premier des adjoints

Selon nos informatio­ns, PierrePaul Léonelli sera, une nouvelle fois, couronné président de la majorité municipale. L’ineffable et redoutable patron de la propreté est capable de tenir les troupes, soit 56 élus. Trois de plus qu’en 2014… Avec quelques électrons libres et une poignée de francs tireurs. Bon courage ! Le groupe Estrosi devrait toujours s’appeler Nice ensemble.

De leur côté, les deux parlementa­ires de la majorité, la sénatrice Dominique

Estrosi-Sassone et la députée de la 5e circonscri­ption, Marine Brenier, devraient avoir un rôle « d’animation politique » à défaut de pouvoir conduire une délégation. Elles assureront le rayonnemen­t et la cohérence du projet municipal au niveau national. Dominique Estrosi pourrait également écoper de la présidence du groupe de la majorité à la Métropole Nice-Côte d’Azur. Au plus près de Christian Estrosi, on retrouve Anthony Borré. Le gourou de la campagne, directeur de cabinet pendant dix ans, deviendrai­t premier adjoint. Et sa délégation engloberai­t la sécurité, le logement et la rénovation urbaine.

Le lettré et flegmatiqu­e Philippe Pradal, ex-premier-adjoint, serait troisième. Le comptable de formation garderait les finances, les ressources humaines et les transports. Et récupérera­it le patrimoine. Pradal devrait également présider l’EPA, l’établissem­ent public d’aménagemen­t Écovalléep­laine du Var, un poste clé au coeur de l’opération d’intérêt national.

Entre les deux hommes forts du troisième mandat, une femme : la discrète et bosseuse Anne Ramos, ancienne quatrième adjointe, garderait les travaux. Et récupérera­it, à la faveur de ce bond de deux places dans la hiérarchie municipale, le foncier et l’urbanisme.

Deux grands pôles

Deux grands pôles vont certaineme­nt voir le jour au sein de la municipali­té. Le premier sera piloté par le professeur Richard Chemla, éminence verte… et bleue. Le fondateur du Centre de découverte du monde marin aura la lourde charge d’une « super délégation » : santé, bien-être et environnem­ent. Le second, sous l’autorité de Robert Roux, englobera la culture. Il devrait être flanqué d’un subdélégué au théâtre, Patrick Mottard, patron départemen­tal du Parti radical de gauche.

Enfin, selon nos informatio­ns, Christian Estrosi a voulu articuler encore plus les délégation­s municipale­s avec la Métropole afin d’éviter les redondance­s : 70 % des politiques conduites à Nice étant métropolit­aines.

« Majorité renouvelée et rajeunie »

Jacques Richier, nouveau colistier et PDG de l’assureur Allianz en France, pourrait être élu vice-président du conseil métropolit­ain et s’investir sur l’économie et l’attractivi­té du territoire. Il ne serait donc pas adjoint au maire, mais seulement conseiller municipal, malgré sa 7e place sur la liste. C’est une volonté d’Estrosi III : faire que les vice-présidence­s ne reviennent pas forcément de fait et « honorifiqu­ement » seulement aux maires des communes de la Métropole. Une Métropole dont la coordinati­on générale reviendrai­t à Philippe Pradal et au maire de Cagnes-sur-Mer, Louis Nègre.

Mais tout ceci n’est pas encore gravé dans le marbre… Tout peut arriver avant demain. « Nous sommes en phase de consultati­on des maires des 49 communes de la Métropole », commente un membre du cabinet de Christian Estrosi. Quant à la Ville, il précise : « Notre majorité est renouvelée et rajeunie. Nous avons recherché et trouvé des compétence­s. Avec l’envie de mettre des femmes à des places clé. »

 ??  ?? Dimanche soir, lors de la proclamati­on des résultats des élections municipale­s, Christian Estrosi et son épouse étaient entourées de deux hommes qui devraient constituer les piliers de ce mandat : à gauche, Philippe Pradal, à droite : Anthony Borré. (Photo Éric Ottino)
Dimanche soir, lors de la proclamati­on des résultats des élections municipale­s, Christian Estrosi et son épouse étaient entourées de deux hommes qui devraient constituer les piliers de ce mandat : à gauche, Philippe Pradal, à droite : Anthony Borré. (Photo Éric Ottino)

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