Monaco-Matin

Yacetom « On est des caméléons »

Yacim Djabali et Thomas Soler empilent les millions de vues avec leurs sketchs sur YouTube. De passage à Nice pour le tournage d’un clip, ils nous expliquent leur méthode et leurs envies.

- PROPOS RECUEILLIS PAR JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

Dix heures, place du Palais de Justice. Les deux amis ont la mine de ceux qui ont bien pris le temps d’explorer le Vieux-Nice la veille. Un café et des viennoiser­ies les remettront d’aplomb.

Au quotidien, Yacim Djabali, 33 ans, et Thomas Soler, 29 ans, assurent être posés, rarement en train de vanner à tout-va. Mais une fois entrés en mode « fusion », sous le pseudo Yacetom, les deux hommes se transforme­nt en machines à répliques qui claquent. Sur leur chaîne YouTube aux 530 000 abonnés, ils comptent quatorze vidéos ayant dépassé le million de vues. Des scènes inspirées du quotidien, des relations hommes-femmes. Et surtout de l’univers scolaire. Leur plus gros « hit » se nomme Les Bâtards à l’école. Une série de vidéos dans laquelle « les profs, qui ont tellement subi avec leurs élèves, prennent leur revanche. Ils disent tout ce qu’ils n’ont jamais pu dire à leur classe », résume Yacim, qui a vécu un an à Nice, partagé entre son boulot au rayon fruits et légumes de Lafayette Gourmet, à Cap 3000, et ses matchs de foot avec le CDJ Antibes. Après avoir terminé le tournage du clip de Bless, un artiste chapeauté par Aldam Production, un label indépendan­t niçois distribué par Universal (qui gère notamment la Cannoise

Eva Queen), le duo a pris le temps d’évoquer son travail avec nous.

On vous présente en général comme des youtubeurs. Qu’est-ce que cela pour vous ? signifie

Thomas Soler : Pas grand-chose, en fait. YouTube, c’est un support qui nous permet d’exprimer ce qu’on sait faire. La finalité, c’est la mise en scène, la fiction, la série. Yacim Djabali : Sur Internet, il faut capter les gens très vite. Une fois que tu as appris ces codes, tu écris tes sketchs en fonction de ça. Tu sais comment les démarrer, pour garder l’attention.

Vous avez une recette pour ça ?

T. S. : Tu veux le secret ? Il faut des gros lolos ! Non, en vrai, il faut une situation qui accroche dès le début. Sur Facebook, là où on a commencé par percer, on sait qu’on a trois secondes pour attirer l’oeil.

Y. D. : Je crois que maintenant, le public remarque vite quand c’est une vidéo Yacetom. Dans notre façon de mettre en scène ou de jouer. Notre truc, c’est vraiment la punchline.

Qui fait partie de votre public ?

Y. D. : On a un public plutôt adulte. Mais on est des caméléons. Quand des gens nous reconnaiss­ent dans la rue, ils sont très différents. Ça va du bobo parisien au mec de cité. C’est ce qu’on aime, on n’exclut personne, on ne veut pas faire de communauta­ire. On traite souvent des relations hommesfemm­es, c’est universel.

Les Bâtards à l’école, ça parle aussi à tout le monde, quelle que soit la génération.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Y. D. :

On est potes depuis huit ans. J’avais vu une annonce pour un tournage. L’assistante­réalisatri­ce m’appelle pour dire que j’aurai un vrai rôle, pas juste de la figuration. J’ai feinté un mal de dos à mon boulot pour y aller. Bon, quand je suis arrivé, j’ai vu le machino au sol, en train de ronfler. Et le comédien principal bégayait tout le temps. J’ai vite compris... Tom était assistant caméra. Et comme le tournage n’avançait pas, on a eu du temps pour faire connaissan­ce.

De quelle manière travaillez­vous ?

T. S. : En général, on écrit assez vite. On se retrouve la veille ou l’avant-veille, dans une chicha parisienne qui s’appelle Le Loft. C’est notre bureau là-bas ! On a une trame, une chute. Et on improvise énormément. On fait plein de prises, ça part parfois dans tous les sens. C’est comme une salade, chacun met ses ingrédient­s et au final, tu ne sais plus qui a fait quoi.

On dirait que le Palmashow vous inspire beaucoup, vous confirmez ?

Y. D. : Le Palmashow est très fort pour créer des concepts. On pourrait croire que Les Bâtards à l’école a été inspiré par eux, mais on a plutôt regardé des vidéos américaine­s, avec de fausses embrouille­s de couples ou de mecs qui se la jouent. On aime aussi beaucoup l’humoriste américain Anwar Jibawi. Il est super inventif.

Vous venez de sortir J’ai pas de charisme, une chanson parodique. Tube de l’été ?

Y. D. : Haha ! C’est du millième degré. On ne sera jamais des chanteurs, mais c’est tentant de faire des coups comme ça. Un peu comme Michaël Youn à l’époque. T. S. : On s’est fait un kif. Yacim a fait une partie raï. Moi, comme je n’écoute que du latino et du reggaeton, j’ai voulu m’amuser à chanter espagnol, même si ça n’avait aucun rapport.

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Notre truc, c’est vraiment la punchline”

Réaliser un moyen-métrage, Pour les yeux d’une Algérienne , c’est une manière d’afficher d’autres ambitions ?

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On improvise énormément”

Y. D. : Oui. On a voulu montrer de quoi on était capables, sans moyens et en ayant tout finalisé en moins d’un mois. On fait des choses différente­s, pour ne pas se retrouver bloqués dans un concept. Demain, on espère faire du cinéma.

La scène vous attire aussi ?

T. S. : On a essayé quelques fois, en impro. C’est comme du pingpong, un vrai plaisir. Les réactions sont immédiates, tu n’as pas le droit à l’erreur. C’est très dur, mais on se sent capables d’y arriver en travaillan­t. À terme, on aimerait monter un spectacle.

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