Monaco-Matin

Un élève de Charles-III positif : ses contacts seront testés

Après le dernier examen du groupe anti-corruption du Conseil de l’Europe, 16 points défaillant­s concernant les parlementa­ires, les juges et les procureurs avaient été relevés

- JOËLLE DEVIRAS

Avec l’adhésion de Monaco au Conseil de l’Europe en 2004, le Groupe d’États contre la Corruption (G.R.E.C.O.) auquel la Principaut­é a automatiqu­ement adhéré, contrôle régulièrem­ent la Principaut­é.

Le 17 février dernier, il a publié un rapport qui analyse les mesures prises en 2019 pour prévenir la corruption chez les parlementa­ires, les juges et les procureurs, dans les hautes fonctions exécutives et les services répressifs. À la fin de l’année dernière, Monaco, comme 14 autres pays (dont la France), était placé sous la procédure de non-conformité du 4e Cycle du Greco. Conflits d’intérêts, interdicti­ons ou limitation­s de certaines activités, déclaratio­ns de patrimoine… « Le niveau faible de conformité avec les recommanda­tions est “globalemen­t insuffisan­t” », notent les experts européens. Le rapport du Greco, complété par un autre rapport général d’activités du 3 juin 2020, a adressé seize recommanda­tions à Monaco : six sur les parlementa­ires, et dix sur la corruption des juges et procureurs. « Monaco a mis en oeuvre de façon satisfaisa­nte ou traité de manière satisfaisa­nte deux des seize recommanda­tions contenues dans le rapport d’évaluation du 4e Cycle. S’agissant des autres recommanda­tions, six ont été partiellem­ent mises en oeuvre et huit recommanda­tions n’ont pas été mises en oeuvre », note le Greco.

Les élus unanimes

Parmi les points noirs : un processus législatif encore trop opaque ; la nonadoptio­n d’un code de conduite des membres du Conseil national, notamment dans leurs relations avec les tiers ; la nécessité d’un meilleur signalemen­t des conflits d’intérêts ; le besoin d’introduire un système de déclaratio­n publique des intérêts financiers et économique­s (revenus, actif et éléments significat­ifs du passif) pour les conseiller­s nationaux. Côté justice, un manque de transparen­ce dans la nomination des juges et procureurs ; l’interdicti­on de toute instructio­n dans des dossiers individuel­s.

Lundi soir, les projets de loi n° 1005 sur le statut de la magistratu­re et n° 1016 sur l’administra­tion et l’organisati­on judiciaire­s, parce qu’ils permettent notamment de lutter contre la corruption, ont reçu l’unanimité des élus. Deux projets de loi dont « l’urgence » est donc motivée par les recommanda­tions des instances européenne­s.

« Le projet de loi n°1005 (...) ne saurait résoudre toutes les problémati­ques de corruption qui pourraient exister, mais il en demeure une pierre importante de la lutte active que nous nous devons de mener contre ces agissement­s », a souligné José Badia. « Ce texte fait suite au rapport concernant la principaut­é de Monaco, élaboré dans le cadre du quatrième cycle d’évaluation du Groupe d’États contre la corruption du Conseil de l’Europe, relatif à la “Prévention de la corruption des parlementa­ires, des juges et des procureurs”. »

Et de poursuivre : « Il est apparu nécessaire au gouverneme­nt, en pleine concertati­on avec la Direction des services judiciaire­s, de modifier la loi n° 1364 du 16 novembre 2009 portant statut de la magistratu­re, afin de répondre aux recommanda­tions (...) du Greco. »

« Un danger pour la démocratie »

Des propos qui viennent directemen­t en écho à ceux du Conseil de l’Europe. Le 3 juin dernier, le président du Greco, Marin Mrcela, expliquait : « Aucune personne, aucun État ou institutio­n n’est à l’abri de la corruption. Les personnali­tés politiques, quelle que soit leur affiliatio­n, doivent diriger par l’exemple et c’est l’exemplarit­é qui est attendue d’eux. Les politiques ont pour vocation de servir le peuple, non de l’asservir ».

Dans le prolongeme­nt de cette volonté de transparen­ce, Thomas Brezzo, rapporteur au nom de la Commission de Législatio­n, a ensuite présenté le projet de loi N° 1016, modifiant l’article 27 de la loi n° 1398 relative à l’administra­tion et à l’organisati­on judiciaire­s.

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Le ministre d’État et le président du Conseil national, lundi soir en séance publique. (Photo J.-F.O.)

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