Monaco-Matin

Un chauffeur à la drôle de conduite

- CH. P

Homme de confiance et chauffeur de Danièle Ritorto, assassinée sur son lit le  mars , Dominique S.,  ans, agent de la Métropole de Nice, a escroquée son « amie » le jour où il a découvert son cadavre. Dominique S. a un rôle secondaire mais essentiel dans la résolution du crime de Danièle Ritorto. Tout pouvait laisser penser à une mort naturelle. Jusqu’à ce que des retraits d’argent surviennen­t post-mortem. Sur les vidéos des agences bancaires, l’individu sans scrupule apparaît en gros plan. Ce qui lui vaut de comparaîtr­e pour vol, escroqueri­e mais également pour travail dissimulé. Des délits passibles du tribunal correction­nel sauf que la justice a préféré ne pas dissocier ces indélicate­sses de l’assassinat.

Agent de la métropole en congé longue maladie, la justice lui reproche en plus d’avoir eu une activité clandestin­e de taxi. Il passait des petites annonces pour proposer ses services rémunérés aux personnes âgées. Ce qu’il conteste. Le jour du décès de Danièle Ritorto, il a fouillé les tiroirs et volé un jeu de clefs. Il s’est ensuite empressé de téléphoner au conseiller bancaire de la victime au sujet d’une assurance-vie. « Comme elle m’aimait beaucoup, je pensais qu’elle m’avait laissé quelque chose », admet-il sans vergogne. Le président Didier Guissart paraît sidéré par l’aplomb de l’individu qui possède de confortabl­es économies. « Le matin de la mort de Danièle, j’ai tourné en rond. J’ai subi un choc émotionnel », explique-t-il, plutôt volubile.

« Ce choc a dû s’arrêter quand la carte bancaire était bloquée », ironise le président.

« Je ne suis pas un voyou, pas un délinquant. Je n’ai jamais été condamné. Elle me faisait confiance. Elle me confiait sa carte pour effectuer des retraits », répète Dominique S., prenant les jurés à témoin.

L’employeur de l’accusé a décrit, mercredi, un agent « plus souvent en arrêt maladie qu’en activité ». « J’ai tous les certificat­s médicaux », oppose Dominique S., soutenu par Me Krid. Phobie de la surfaceuse de la patinoire (sic !), allergie au chlore, dépression, incapacité de porter des charges lourdes ou de conduire… La liste des pathologie­s est impression­nante. L’avocate générale Clotilde Ledru-Tinseau démontre sans difficulté que ces contre-indication­s étaient vite oubliées dès lors que Dominique S. transporta­it des personnes âgées. À cet égard, la magistrate donne lecture de conversati­on édifiante. « Il ressort que vous vous faites payer des courses et qu’en plus, vous démarchez des clients. » Dominique S. s’offusque de telles accusation­s :

« J’aime la compagnie des personnes âgées. Cela me rappelle mon enfance. »

Le président Guissart craque :

« Vous me prenez pour un imbécile. »

« Non Monsieur le Président. »

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