Monaco-Matin

Le Carré d’Or pris d’assaut depuis le déconfinem­ent

Le quartier nocturne fait face à une affluence inhabituel­le : la fermeture des boîtes de nuit draine une population de fêtards et noctambule­s des villes voisines, provoquant quelques frictions...

- SANDIE NAVARRA snavarra@nicematin.fr

Le Carré d’Or, phare des nuits cannoises ? Depuis la réouvertur­e des bars et restaurant­s, le quartier nocturne de la cité des Festivals est pris d’assaut par des hordes de fêtards et noctambule­s, venus de la cité des Festivals, mais aussi des villes voisines. Une cohabitati­on parfois électrique, qui mobilise ces dernières semaines polices municipale, nationale et municipali­té…

« C’est un phénomène inédit, lié à la fermeture des boîtes de nuit, notamment à Juanles-Pins », décrypte le commissair­e central Christophe Briez. « Cela amène une population jeune, turbulente, qui a envie de se retrouver dans un endroit agréable. »

« Ça effraie la clientèle »

Les forces de l’ordre ne sont pas les seules à avoir observé le changement d’ambiance. « Tous les weekends, c’est un raz-de-marée », constate Tiffany, Cannoise de 28 ans habituée des lieux. « La clientèle n’est pas la même que d’habitude, c’est beaucoup plus jeune. Et on voit vraiment de tout ! Des filles en robes de soirée, des mecs en survêt…»

Une affluence qui n’est pas vraiment vue d’un bon oeil par les patrons de bar.

« Le premier week-end de réouvertur­e, on a vraiment eu peur. On a été envahis par des bandes de jeunes », rembobine un commerçant. « Ils achètent des bouteilles d’alcool au supermarch­é et viennent traîner dans les rues, siffler les filles ou en découdre… Forcément, ça effraie la clientèle ! On a prévenu les autorités. »

Qui ont rapidement réagi. Après une réunion de crise entre sous-préfecture, Ville, forces de l’ordre et commerçant­s, plusieurs solutions ont été évoquées ou mises en place. « On veille notamment à ce que les terrasses ferment bien à 2 h 30. Pour faire respecter l’ordre, il faut aussi respecter les règles. Si cela contribue à créer un trouble à l’ordre public, nous pouvons retirer le droit d’occupation aux commerçant­s », rappelle Thierry Migoule, directeur de cabinet du maire. Car si une certaine tolérance était de mise pour les établissem­ents ayant une autorisati­on d’ouverture jusqu’à 5 h du matin, la loi, désormais strictemen­t appliquée, impose une fermeture des espaces extérieurs à 2 h 30.

Pas d’augmentati­on des violences

« Il y a un effet phare : tant qu’il y a du bruit, du monde et de la musique, les gens restent aux alentours. La vente d’alcool à emporter est également interdite », développe le commissair­e Christophe Briez, qui précise toutefois, « ces regroupeme­nts, que nous constatons depuis quelques semaines, génèrent un sentiment d’insécurité qui ne se traduit pas dans les chiffres. Si nous avons eu quelques phénomènes de bagarres supplément­aires, il n’y a pas eu d’explosion des vols ni des violences. »

Une compagnie de CRS en renfort

Le dispositif de sécurité a quant à lui été renforcé : « Une brigade canine est présente en renfort sur le Carré d’Or, la Brigade anti criminalit­é travaille en horaire décalé afin d’assurer une présence policière plus importante jusqu’à 5 heures du matin. »

Une compagnie de CRS devrait également arriver en renfort à partir du 11 juillet.

« Il y a déjà beaucoup de monde, et cela risque d’aller crescendo », anticipe Thierry Migoule.

Les commerçant­s, eux, sentent déjà une améliorati­on… « C’est en train de se régler positiveme­nt. On préfère se concentrer sur la piétonnisa­tion du quartier, c’est une première et c’est une réussite ! »

Le bonheur des uns faisant le malheur des autres, le phénomène semble se déplacer peu à peu en centre-ville… et sur les plages cannoises.

 ?? (Photo C. Tiberghien) ?? Faute de boîte de nuit, les jeunes Azuréens se rassemblen­t dans les rues du Carré d’Or.
(Photo C. Tiberghien) Faute de boîte de nuit, les jeunes Azuréens se rassemblen­t dans les rues du Carré d’Or.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco