Le pigeonnier Roure vient de retrouver ses couleurs d’antan
Témoin du patrimoine vernaculaire grassois, le pigeonnier de l’ancienne usine de parfums Roure a fait, hier l’objet d’un grand dévoilement officiel
Les pigeonniers ont été créés par les Romains voilà 2 000 ans. Appelés à Rome « columbarium », ils se trouvent alors sur le toit des maisons. Implantés dans le Sud, lors de la conquête de la Gaule, ces édifices permettent aux pigeons de pondre et couver à l’abri des intempéries et des prédateurs. Leur usage se répand après la Révolution et ces constructions deviennent alors des éléments remarquables dans le décor rural français.
On en compte 40 000 à la fin du XIXe siècle !
Destiné au personnel de l’usine
Les paysans récupèrent la fiente de ces volatiles, la colombine, riche en azote, utilisée comme engrais naturel. On consomme aussi les pigeons qui représentent un apport carné intéressant à une époque où la viande reste une denrée rare et onéreuse.
À Grasse, les parfumeurs mettent à disposition de leurs ouvriers, des logements, des crèches et autres jardins sis à proximité de leurs usines.
Ces potagers permettent de récolter légumes et fruits. L’industriel Claude Roure fait installer un pigeonnier à l’usage de son personnel, à proximité de sa nouvelle usine, dans les années 1870.
Élément incontournable du bâti rural
Dans le cadre de la restauration du patrimoine, le maire Jérôme Viaud et Nicolas Doyen, alors président de l’Association Mission Patrimoine — aujourd’hui adjoint à la culture — avaient commencé l’an dernier la restauration de ce petit édifice fortement dégradé. Une collecte pour financer la restauration avait eu lieu.
Le 30 octobre 2019, le pigeonnier s’était « envolé » vers Vence, lieu de l’opération de réhabilitation, effectuée par la Société Arlé Patrimoine, dans le respect des techniques et des savoir-faire. Après plusieurs mois de travaux, le monument a recouvré son emplacement originel et son aspect architectural. Recouvert d’une toiture à deux pans, l’édifice est recouvert de carreaux vernissés posés à l’origine pour protéger les volatiles. Leur aspect glissant et sans aspérité interdit l’accès à tout prédateur, rapace, rat et autre renard. Un espace vert ouvert au public sera prochainement aménagé autour du pigeonnier, transformant ainsi cette parcelle longtemps laissée en fiche.
Et le maire Jérôme Viaud de préciser que « cette action s’inscrit dans la mise en valeur du petit patrimoine non inscrit et non classé qui mérite notre respect pour la mémoire des générations passées. »