Des séquelles parfois très lourdes
Peu évoquées jusqu’en avril, les suites de formes sévères de Covid-19 sont une préoccupation croissante
La question a été peu posée : que deviennent les patients « guéris » d’une forme sévère du Covid-19 ? « L’histoire n’est pas finie pour ceux qui quittent le service, emportant dans leurs besaces des séquelles physiques mais aussi psychiques », répond Florent, infirmier en « réa » à Nice, le 4 avril. Chez les patients très âgés en particulier, « le recours à des techniques de réanimation comme une épuration extrarénale, laisse toujours – et au mieux – de lourdes séquelles avec une qualité de vie médiocre, s’ils s’en sortent », explique le Pr Ichai, chef du pôle anesthésie réanimation-urgences du CHU de Nice le 10 avril. D’une manière plus générale, quel que soit l’âge du patient, des symptômes comme l’agueusie et l’anosmie
(1) peuvent perdurer après la guérison,
(2) explique le 12 avril le Pr Laurent Castillo, président du conseil de l’institut universitaire de la face et du cou à Nice. « Il y a un risque de séquelle définitive dans 50 % des cas. » Service de soins à domicile et centres de soins de suite et de réadaptation (SSR) sont donc sur le pied de guerre pour prendre en charge les patients qui sortent de l’hôpital après un cas de Covid sévère. À l’instar de l’établissement de soins de suite et de réadaptation Pierre-Chevalier à Hyères, « [nos patients] souffrent pour la plupart d’une perte d’autonomie physique et d’une dénutrition consécutive à une longue hospitalisation, explique le 18 avril le Dr Murièle Dutasta, chef du service Covid. Un tiers d’entre eux est passé par la “réa”, pour des séjours beaucoup plus longs que la moyenne habituelle. Cela engendre une importante perte de masse musculaire, avec des difficultés pour reprendre la marche, notamment. Et puis l’agueusie [...] entraîne souvent une perte de poids. L’objectif est de leur permettre de retrouver l’autonomie qu’ils avaient avant. »
Un mois plus tard, le 17 mai, les infectiologues du CHU de Nice font revenir des patients ayant souffert de pneumonie pour une évaluation globale des séquelles, majoritairement respiratoires. Si l’équipe hospitalière se réjouit de l’absence de séquelles physiques chez la plupart des malades graves du Covid, elle dépeint une tout autre situation concernant les séquelles psychiques, « très fortes ». Les malades du Covid ne sont pas les seuls à garder des séquelles après cette crise sanitaire. Elle a été éprouvante, psychologiquement, pour tout le monde. À Nice, le centre hospitalier Sainte-Marie a ainsi ouvert une consultation dédiée aux conséquences du Covid (Nice-Matin du 20 juin).
Et il ne faut pas oublier tous les patients souffrant d’une pathologie autre que le Covid-19, dont la prise en charge a été reportée, interrompue ou compliquée par le confinement ou par la peur de se rendre chez son médecinouàl’hôpital. Trèsvite,des médecins se sont interrogés sur les pertes de chance ou les séquelles dont vont pâtir tous ces gens. Un phénomène qui fait craindre, encore aujourd’hui, une autre crise sanitaire.
1. Absence du sens du goût.
2. Perte d’odorat.