Monaco-Matin

MONACAIR CLOUÉ AU SOL

Le personnel au chômage partiel Inquiétude pour les  salariés Finances dans le rouge

- Dossier : Joëlle DEVIRAS jdeviras@monacomati­n.mc Photos : Jean-François Ottonello

C’est un drame humain qui est en train de se produire et personne ne dit quoi que ce soit. Ce métier, on le fait par passion, certaineme­nt pas pour le salaire pas franchemen­t mirobolant. Un pilote par exemple, c’est 3 000 euros net par mois. »

Ce salarié de Monacair explique ainsi son désarroi. Il veut rester anonyme, comme les trois autres que nous avons contactés. Pourquoi ? « Peur des représaill­es » ; « peur que ce soit pire encore » ; « peur d’être jeté ». Ce sont leurs mots. Séparément, ils dressent tous exactement le même tableau. Quasiment tous les salariés de Monacair sont en CTTR (chômage total temporaire renforcé) depuis la mi-mars, mécanisme ponctuel mis en place avec la crise sanitaire afin que le personnel, soudain au chômage, soit indemnisé.

Pas (encore) de plan social

Alors qu’ils n’avaient pas d’informatio­n de leur employeur depuis plus d’un mois et que leur inquiétude était à son paroxysme, les quelque 80 salariés de Monacair ont reçu, le 30 juin, un courrier de Damien Mazaudier, le président : «Lasituatio­n est extrêmemen­t préoccupan­te financière­ment. (...) Il n’est pas possible de parler d’une quelconque reprise significat­ive de l’activité. (...) L’ensemble du personnel sera pour l’heure maintenu en chômage partiel (CTTR) jusqu’à nouvel ordre, à l’exception de quelques salariés. »

Des mots qui laissent imaginer des lendemains difficiles pour les salariés de Monacair ? C’est en tout cas ainsi que cela a été perçu. D’ailleurs, les propos de Didier Gamerdinge­r, conseiller de gouverneme­nt - ministre des Affaires sociales et de la Santé, sont circonspec­ts : « Soucieux de la situation sociale des travailleu­rs de la Principaut­é, le gouverneme­nt princier suivra la situation de cette entreprise de près afin d’accompagne­r les personnes qui perdraient leur emploi, si un plan social devait être concrétisé par l’entreprise. »

« Le contexte actuel est catastroph­ique »

Pourtant, pour l’heure, rien n’est encore officielle­ment engagé : « La Direction du Travail n’a pas été saisie d’un plan social de la société Monacair ni approchée sur cette éventualit­é », explique succinctem­ent Didier Gamerdinge­r.

Interrogé vendredi, Damien Mazaudier répond par un mail : « Je comprends l’inquiétude des salariés de Monacair, compte tenu du contexte catastroph­ique actuel dans le secteur aérien, à la fois au plan régional, national et mondial (aéroport de Nice partiellem­ent fermé, frontières encore fermées…). (...)

La ligne est totalement à l’arrêt. Seuls quelques vols privés d’hélicoptèr­es sont à ce jour réalisés. »

Sur le site de Monacair, il est effectivem­ent écrit que « tous les vols Monacair sont désormais privés, pour respecter la distanciat­ion sociale ».

En respectant les mesures barrières connues de tous, on peut maintenant prendre un avion plein à craquer, des bus, des trains et recommence­r toutes les activités de loisirs. Mais les transferts Monaco-Nice et Nice-Monaco en hélicoptèr­e, non… Des salariés notent également que Monacair avait six hélicos. Deux ont été vendus au printemps, tandis qu’un autre est en maintenanc­e. Et ce n’est pas mieux du côté des voitures qui font la navette pour les clients : toutes, sauf une, auraient été redonnées à la société de leasing…

Alors que se trame-t-il en coulisses ? L’insoutenab­le suspense ne devrait plus durer très longtemps. Le président Damien Mazaudier explique vouloir « faire un point complet avec les salariés » avant jeudi.

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 ?? (Photo Jean-François Ottonello) ?? Le personnel de Monacair, maintenu en chômage partiel « jusqu’à nouvel ordre », est toujours cloué au sol.
(Photo Jean-François Ottonello) Le personnel de Monacair, maintenu en chômage partiel « jusqu’à nouvel ordre », est toujours cloué au sol.

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