Piéton percuté : petit choc, lourdes conséquences
C’est au niveau d’un passage protégé de l’avenue PrincesseGrace qu’un jeune homme a été renversé par un véhicule, le 12 décembre dernier. Vers 15 h 25, la conductrice, une juriste danoise, a été surprise par la victime qui traversait en courant. Elle n’a pu éviter le choc. À l’audience, le président Florestan Bellinzona (*) lui a pourtant reproché de ne pas avoir respecté la priorité aux piétons. « Les blessures provoquées sont légères, avec une ITT de cinq jours. Mais c’est un drame pour les parents car ce majeur sous tutelle souffre de troubles auditifs graves et il n’arrive pas à s’exprimer. »
La prévenue, choquée par cet accident, a estimé qu’elle roulait « doucement : pas plus de 30 km/h. Je n’ai vu personne traverser la chaussée. Mais dès que j’ai senti un léger choc sur la droite, puis des cris, je me suis aussitôt arrêtée ».
La douleur des parents
L’avocat de la partie civile, Me Hervé Campana, soupçonne « une conductrice qui ne se sent pas tout à fait responsable. Sa faute est entière et elle ne fait aucun doute. L’accident est arrivé parce que la victime était autiste ? Justement, nous venons faire entendre sa voix devant votre juridiction. C’est un miracle si le blessé n’a pas eu des membres brisés. Nous réclamons une expertise, une provision de 15 000 euros et 25 000 euros de préjudice matériel ».
Les parents du plaignant évoquent aussi leur douleur. « Nous avons mis vingt-trois ans pour échafauder un château de cartes. Du jour au lendemain, tout s’est effondré. C’est un choc psychologique… »
La dimension humaine de ce dossier est largement prise en compte par le premier substitut Cyrielle Colle dans ses réquisitions. « L’affaire va bien au-delà de la responsabilité pénale. Madame
n’a jamais vu le piéton car il arrivait en bout du passage protégé. C’est une infraction grave. La sanction ? Une amende de 1 000 euros. »
Pour « un instant d’inattention »
Combien la défense va regretter l’absence d’enregistrement vidéo afin de cibler les responsabilités réciproques. « Ma cliente, s’interroge Me Suzan Okar, du barreau de Nice, ne comprend pas son instant d’inattention. Cependant, elle ne cherche pas à fuir ses responsabilités. Je souhaiterais la noninscription de sa condamnation au casier judiciaire afin de ne pas nuire à sa profession. Enfin, ramenez à de plus justes proportions les demandes de la victime. » Comme il est de règle depuis la crise sanitaire, le délibéré a suivi sur-le-champ. Le tribunal a prononcé une peine de 1 000 euros d’amende et une expertise, plus le versement d’une somme globale de 5 000 euros à la partie civile. Il a fait droit à la demande de ne pas porter la sanction sur le casier judiciaire.