Monaco-Matin

À l’aéroport de Nice, « moments intenses » pour les familles enfin réunies

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr C. C.

« Tonton Féfane ! » Ses adorables neveux ont griffonné à la main un panneau de bienvenue, ponctué d’un petit coeur qui en dit long. Quatre mois qu’ils n’ont pas vu leur oncle. Alors, quand « tonton Féfane » surgit aux arrivées du terminal 2, valise à la main, la joyeuse bande de pitchouns sautille de joie, brandissan­t l’écriteau à bout de bras.

« Je n’aurais jamais pensé avoir une surprise pareille... » Le sourire de Stéphane Aubert, alias « tonton Féfane », laisse place aux larmes. Ses proches se ruent dans ses bras. Sa mère, ses soeurs, sa cousine, et ses petits-neveux donc : ils sont huit à l’accueillir, mercredi matin, à l’arrivée du Orly-Nice d’easyJet. « C’est la joie qui fait pleurer. C’est merveilleu­x ce que vous avez fait », confie Stéphane à ses nièces, accroupi, submergé par l’émotion.

« La chair de ma chair »

Cette scène bouleversa­nte en raconte d’autres. Ce 1er juillet, le trafic s’accélère à l’aéroport Nice Côte d’Azur, dans un terminal 2 intégralem­ent rouvert. Les juillettis­tes pointent leur masque, en ce début d’été comme aucun autre. Vol après vol, des familles séparées depuis le début du confinemen­t se retrouvent enfin réunies.

« Retrouver la chair de sa chair, ce sont des moments intenses », confie Stéphane Aubert. Cet « exilé niçois » de 47 ans, établi à Brétignysu­r-Orge (Essonne), va passer six jours en famille sur sa Côte d’Azur natale. Cap sur l’arrière-pays. Un nouveau souffle pour ce saxophonis­te qui a vécu cette « situation tracassant­e » confiné dans son trois-pièces. Une bouffée d’air, loin de Paris et de ses règles « très strictes. Les policiers demandent cartes d’identité et d’embarqueme­nt avant d’entrer dans l’aérogare. Il faut rester vigilant : le virus est encore là... »

« Le petit va découvrir les joies de la mer »

À la veille des congés scolaires, l’heure est aux réjouissan­ces. Pas encore à l’insoucianc­e. Jean-François et Elisabeth, 67 ans, tous deux anciens médecins, portent encore leur masque au moment de s’embrasser. JeanFranço­is débarque de Strasbourg. Ces retraités vont «se poser » trois semaines dans leur maison de famille à Peymeinade, avec Louis, 6 ans, et trois autres petits-enfants. « C’est le point d’ancrage. » Là-haut, en Alsace, ils ont vécu de près la tempête coronaviru­s. « Chez nous, ça a été dramatique. On a vécu des situations difficiles. J’ai voyagé avec l’un de mes anciens patients dont les parents ont été atteints... », raconte

Jean-François, la voix nouée. Dès lors, voyager avec masque et moult précaution­s lui paraît « tout à fait justifié. On prend notre mal en patience. Après ce qu’on a vécu, il faut faire attention ». Vacances, prudence... mais délivrance. Florian Cristini et Sherine Outili, deux trentenair­es issus de l’école de journalism­e de Nice, s’apprêtent à retrouver leurs parents. Quatre mois plus tard. « On devait descendre le week-end qui précédait le confinemen­t. Sentant que ça partait mal, on avait annulé nos billets et pris un avoir », explique Florian. « Là, la période est un peu creuse au travail. Alors on en profite, complète Sherine, tout en tenant la poussette du bébé. Le confinemen­t en région parisienne, ce n’est pas le même. » Asnières (Hauts-de-Seine), ses tours d’immeubles, la grisaille... Le tableau qu’ils brossent tranche avec l’été sur la Côte. « On va profiter de la mer et du beau temps, manger au bord de l’eau, ce genre de chose, résume Florian. Le petit n’a encore jamais vu la mer. Il va en découvrir les joies. En espérant que ça fera de beaux souvenirs ! »

Espagne, Portugal, Grèce, Maroc, Tunisie... Semaine après semaine, l’éventail des destinatio­ns desservies par l’aéroport Nice Côte d’Azur s’élargit. Avec près de cent vols par jour (départs et arrivées cumulés) et près de  % du trafic habituel, le deuxième aéroport de France reste loin de son rythme de croisière. Mais depuis le er juillet, le trafic s’accélère. Et le terminal , qui concentre tous les vols, est désormais intégralem­ent rouvert.

« Enfin, on est à nouveau connecté au monde entier, même si on n’a pas encore l’Emirates de Dubaï ou les Etats-Unis », salue Aymeric Staub, attaché de presse de la plateforme. «Unaéroport, c’est aussi beaucoup de lien social. Quand on ouvre  destinatio­ns domestique­s, c’est du tourisme qui revient : c’est bon pour les hôtels, restos, plages... Mais c’est aussi de la connexion pour les étudiants ou les familles qui se retrouvent. »

 ??  ?? Stéphane Aubert, alias « tonton Féfane », reçoit un accueil royal de la part de ses neveux, après quatre mois loin des siens en région parisienne. (Photo Eric Otino)
Stéphane Aubert, alias « tonton Féfane », reçoit un accueil royal de la part de ses neveux, après quatre mois loin des siens en région parisienne. (Photo Eric Otino)

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