Monaco-Matin

Les satellites au secours des pêcheurs varois

Spécialist­e de la technologi­e spatiale, la société CLS teste des filets de pêche connectés pour lutter contre la pollution marine. L’expériment­ation a débuté la semaine dernière dans le Var

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La pêche a été « assez bonne » . À voir la petite moue de Robert Biasizzo ce matin-là, on comprend que le prud’homme de Carqueiran­ne est du genre à relativise­r. Dans ses filets : « quatre chapons, quelques corbs et rougets, puis du poisson pour la bouillabai­sse » .Un bien maigre butin comparé aux belles heures passées de la pêche artisanale. « C’est de plus en plus dur de vivre de sa passion » ,observe le président adjoint du syndicat départemen­tal des pêches maritimes et des élevages marins.

Une lueur d’espoir

Mais depuis la semaine dernière, une lueur d’espoir anime les quelque 200 pêcheurs qui font de la résistance dans le Var. Le projet présenté par la société CLS (Collecte localisati­on satellite) ne fera pas rentrer davantage de poissons dans leurs filets, mais au moins, ces derniers ne seront plus perdus… « On réfléchiss­ait à comment utiliser au mieux les technologi­es spatiales pour continuer d’aider les pêcheurs en s’intéressan­t à leur outil de travail, qui est l’engin de pêche », cadre Gaëtan Fabritius, directeur de l’innovation et de la prospectiv­e chez CLS. Concrèteme­nt, il s’agit d’équiper les filets et autres engins de pêche de petites balises directemen­t reliées aux satellites.

Pollution plastique

Car chaque année, près de 640 000 tonnes de filets de pêche, lignes, casiers et autres gilets de sauvetage, sont perdus en mer. Ces déchets représente­raient environ 10 % de la pollution plastique des océans. Selon l’Organisati­on maritime internatio­nale, le constat est encore plus préoccupan­t dans les eaux européenne­s, où plus d’un tiers des sources de pollution plastique proviendra­it des équipement­s de pêche. Soutenue par l’Ifremer et le

Cnes (dont CLS est une filiale), l’opération est menée en partenaria­t avec le comité départemen­tal des pêches du Var et différente­s associatio­ns environnem­entales.

Dès cette semaine, une vingtaine de mini-balises sont mises à dispositio­n des pêcheurs varois.

« Ce petit tracker, qui est issu d’une technologi­e française, souveraine, a pour but de démocratis­er l’IOT (Internet des objets) spatiale, rendue accessible à tout le monde », prophétise Gaëtan Fabritius.

Pour cela, la filiale du Cnes a travaillé sur des composants électroniq­ues capables de produire une « toute petite balise, la moins chère possible, et qui pourra s’accrocher sur tous les engins de pêche. »

Aujourd’hui, le tracker avoisine les 1 300 dollars (environ 1 160 euros). Mais la société CLS voit les choses en grand. Son objectif : produire ces balises à grande échelle pour arriver à un coût d’une centaine d’euros l’unité, et répondre ainsi à « une préoccupat­ion planétaire qui touche les pêcheurs du monde entier ».

La phase d’expériment­ation varoise va durer 18 mois. « Cela nous permettra d’interagir avec les profession­nels, pour adapter la solution vers quelque chose qui sera le plus pratique et le plus viable possible », conclut Gaëtan Fabritius.

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