Empêcher les « filets fantômes »
De la course au large à la pêche artisanale. En 1982, les balises de positionnement Argos, développées par le Cnes (centre national d’études spatiales), faisaient leur apparition sur les voiliers participant à la 2e édition de la Route du Rhum.
Près de quarante ans plus tard, le système Argos de géolocalisation par satellite se diversifie. S’il assure toujours la sécurité des coureurs au large, il s’intéresse aujourd’hui au monde de la pêche artisanale. Portée par la société CLS (collecte localisation satellites), filiale du Cnes, une expérimentation vient tout juste de débuter dans le Var.
Cette fois, la balise Argos n’a plus pour mission de donner la position du bateau, mais celle des filets et autres engins de pêche tels que les palangres. Une nouvelle utilisation rendue possible par la miniaturisation de la balise.
Pêcheurs connectés
Le principe est simple : fixée sur les signaux – souvent un simple bout de mousse ou un bidon en plastique surmonté d’une perche en bambou et d’un pavillon – qui marquent les deux extrémités d’un filet, la balise Argos donne la position du filet en permanence.
Équipé d’un simple smartphone (voire d’une tablette Iridium si le filet est calé trop au large pour capter le réseau de téléphonie mobile), le pêcheur n’a plus qu’à rentrer cette position dans son GPS pour retrouver son matériel et remonter le poisson capturé. Même si un navire (de commerce ou militaire), qui n’aurait pas vu les marques de pêche, endommage le filet et le déplace sur plusieurs centaines de mètres, ce n’est plus un problème. Du moins tant que les signaux restent solidaires du filet. En revanche, ça devient plus compliqué si les bouts qui relient ces marques de pêche au filet sont sectionnés par l’hélice d’un navire. Consciente de ce risque, la société CLS travaille actuellement à la mise au point d’une balise acoustique qui viendrait se fixer sur le filet à une soixantaine de mètres de profondeur.
Une triple sécurité
Grâce à une télécommande, le pêcheur, en arrivant sur la zone où est calé son filet, libère une bouée qui remonte à la surface et donne sa position. Il n’y a plus qu’à remonter le filet.
Pour les situations les plus désespérées, la société LRS (Les Ressources sous-marins) prend le relais. Elle a mis au point deux véhicules sousmarins téléguidés (ROV) baptisés Doris et Nérée et capables d’intervenir à 300 mètres de profondeur. Ces deux engins équipés d’une caméra sont suffisamment manoeuvrables pour venir fixer un filin aux filets et rendre ainsi possible leur récupération.
Joignable grâce à un numéro vert mis à la disposition des pêcheurs, LRS s’engagerait à intervenir sous 48 heures. Mais, après avoir formé certains pêcheurs au pilotage de ses ROV, elle pourrait également laisser l’un de ses véhicules en location dans certaines prud’homies.