Monaco-Matin

Empêcher les « filets fantômes »

- Dossier : Pierre-Louis Pagès et Guillaume Aubertin Photos : Guillaume Aubertin et DR

De la course au large à la pêche artisanale. En 1982, les balises de positionne­ment Argos, développée­s par le Cnes (centre national d’études spatiales), faisaient leur apparition sur les voiliers participan­t à la 2e édition de la Route du Rhum.

Près de quarante ans plus tard, le système Argos de géolocalis­ation par satellite se diversifie. S’il assure toujours la sécurité des coureurs au large, il s’intéresse aujourd’hui au monde de la pêche artisanale. Portée par la société CLS (collecte localisati­on satellites), filiale du Cnes, une expériment­ation vient tout juste de débuter dans le Var.

Cette fois, la balise Argos n’a plus pour mission de donner la position du bateau, mais celle des filets et autres engins de pêche tels que les palangres. Une nouvelle utilisatio­n rendue possible par la miniaturis­ation de la balise.

Pêcheurs connectés

Le principe est simple : fixée sur les signaux – souvent un simple bout de mousse ou un bidon en plastique surmonté d’une perche en bambou et d’un pavillon – qui marquent les deux extrémités d’un filet, la balise Argos donne la position du filet en permanence.

Équipé d’un simple smartphone (voire d’une tablette Iridium si le filet est calé trop au large pour capter le réseau de téléphonie mobile), le pêcheur n’a plus qu’à rentrer cette position dans son GPS pour retrouver son matériel et remonter le poisson capturé. Même si un navire (de commerce ou militaire), qui n’aurait pas vu les marques de pêche, endommage le filet et le déplace sur plusieurs centaines de mètres, ce n’est plus un problème. Du moins tant que les signaux restent solidaires du filet. En revanche, ça devient plus compliqué si les bouts qui relient ces marques de pêche au filet sont sectionnés par l’hélice d’un navire. Consciente de ce risque, la société CLS travaille actuelleme­nt à la mise au point d’une balise acoustique qui viendrait se fixer sur le filet à une soixantain­e de mètres de profondeur.

Une triple sécurité

Grâce à une télécomman­de, le pêcheur, en arrivant sur la zone où est calé son filet, libère une bouée qui remonte à la surface et donne sa position. Il n’y a plus qu’à remonter le filet.

Pour les situations les plus désespérée­s, la société LRS (Les Ressources sous-marins) prend le relais. Elle a mis au point deux véhicules sousmarins téléguidés (ROV) baptisés Doris et Nérée et capables d’intervenir à 300 mètres de profondeur. Ces deux engins équipés d’une caméra sont suffisamme­nt manoeuvrab­les pour venir fixer un filin aux filets et rendre ainsi possible leur récupérati­on.

Joignable grâce à un numéro vert mis à la dispositio­n des pêcheurs, LRS s’engagerait à intervenir sous 48 heures. Mais, après avoir formé certains pêcheurs au pilotage de ses ROV, elle pourrait également laisser l’un de ses véhicules en location dans certaines prud’homies.

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Le ROV permet de récupérer les engins de pêche perdus depuis longtemps.

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