« Jurassic Karst » de Calern aux gorges du
Julien Lecoq se lance dans le géotourisme, il propose aux Azuréens de (re)découvrir leur région avec un regard de naturaliste
Grand classeur sous le bras, chapeau de paille et lunettes de soleil, Julien Lecoq embarque son petit groupe sur les chemins du plateau de Calern et des gorges du Loup. À la découverte de « Jurassic Karst », l’un des circuits que le guide de géotourisme, a concocté pour ses clients. « Le géotourisme
‘‘ c’est une nouvelle façon de faire du tourisme, de découvrir son environnement, sa planète. Ça se développe un peu partout dans le monde, et moi j’ai eu envie de le mettre en place sur la Côte d’Azur. C’est une région qui est riche en sites d’intérêt scientifique, avec des environnements très variés. Par exemple là, nous sommes au plateau de Calern, un massif karstique riche en grottes, en faune et en flore très particulières. »
Ciel bleu azur et légère brise : la météo est idéale pour cette balade qui démarre… la tête dans les étoiles.
« Situé en altitude et dans une zone dépourvue de pollution lumineuse, ce lieu idéal pour l’observation du ciel a été choisi pour établir l’Observatoire Astronomique de la Côte d’Azur, les premiers instruments y ont été installés en 1974. On y mesure notamment la distance entre la Terre et la Lune à l’aide d’un faisceau laser qui se reflète sur des réflecteurs lunaires mis en place par les missions Apollo 11, 14 et 15. » Isabelle et Rodolphe, venus de Nice, et Stéphanie et Laurent, de Fréjus, écoutent avec attention les explications scientifiques de Julien. Puis le cortège reprend sa route vers le nord. Bifurque devant une bergerie en ruines.
Des chemins bordés de dolines, d’avens et de gouffres
La plongée dans l’histoire géologique du plateau de Calern peut démarrer.
« Ces massifs constitués de roches calcaires, appelés massifs karstiques, sont le terrain de jeu de prédilection des spéléologues. Sous l’effet de l’eau et de son acidité, le calcaire se dissout et forme ainsi de nombreuses grottes et rivières souterraines. »
Julien s’arrête devant ce qui ressemble à un léger creux dans le sol. « Attention, c’est l’entrée d’une cavité de plus de 460 mètres de profondeur. » ll ouvre son classeur pour montrer le profil du soussol. « Localement, ce calcium dissous dans l’eau se dépose, ou précipite, formant des stalactites, stalagmites, draperies et autres concrétions magnifiques. »
À mesure de la promenade, le guide décrypte le paysage pour les visiteurs. ll attire leur regard sur de superbes fossiles. « Nous sommes au coeur du parc des Préalpes d’Azur, il est interdit de les ramasser », précise-t-il, avant de reposer la pierre au sol. À mi-parcours, c’est l’heure de la pause pique-nique avec vue sur une borie, petite hutte ronde en pierres sèches.
Préserver l’environnement
Là, Julien raconte pourquoi il a choisi de changer de vie. « J’ai travaillé pendant plus de six ans comme géologue dans la construction, en région
‘‘ Paca et un petit peu en Corse, et j’en ai eu marre de troquer la nature contre du béton, de manière pas toujours très réfléchie et très intelligente. Au lieu d’être un frein à la construction, j’ai préféré être un moteur de la préservation et d’une meilleure connaissance de notre environnement. »
Il s’interrompt dans son récit, pour inviter le petit groupe à admirer l’Azuré du serpolet. Peu farouches, ces superbes papillons bleus se posent sur les sacs, les bras des promeneurs.
Comment s’adapte-t-il à la crise du Covid- ?
La pandémie de Covid-19 a bousculé les plans du géologue. « J’étais prêt à démarrer au printemps, et puis il y a eu le confinement. » La fermeture des frontières le coupe de la manne touristique étrangère. Il doit donc lancer cette nouvelle activité en s’adressant à une clientèle locale.
« Est-ce que les Azuréens connaissent vraiment leur région. Il y a des trésors secrets à découvrir à deux pas de chez eux. Il y a plein de choses qu’on ne soupçonne même pas : les vallons obscurs à Nice, le plateau de Calern, les volcans de l’Estérel qui sont le témoin de l’histoire de la Terre sur près de 250 millions d’années, mais aussi un peu plus tristement le barrage de Malpasset. Quelles sont les vraies causes de la catastrophe, qu’est-ce qui s’est vraiment passé et pourquoi ? J’ai envie de faire découvrir aux locaux cette nature qui est merveilleuse à deux pas de chez eux. »
Ce massif karstique est riche en grottes”
Ilyades trésors secrets à découvrir”