Monaco-Matin

Philippe Labro : « C’était le plus grand ! »

- ALAIN GRASSET

En 1971, le journalist­e, romancier, et réalisateu­r Philippe Labro, tourne à Nice, son deuxième long métrage, « Sans mobile apparent » avec Jean-Louis Trintignan­t, Dominique Sanda, Carla Gravina, Stéphane Audran, Sacha Distel, JeanPierre Marielle et Laura Antonelli. C’est le compositeu­r italien Ennio Morricone qui est choisi pour la musique de thriller.

Sa magnifique bande originale renforce l’ambiance du film et colle au caractère obsessionn­el de son personnage principal, un flic solitaire incarné par Jean-Louis Trintignan­t. Philippe Labro se souvient de sa rencontre avec Ennio Morricone. « C’est Jacques-Eric Strauss, le producteur de “Sans mobile apparent” qui avait auparavant produit “Le Clan des Siciliens” d’Henri Verneuil qui m’a parlé d’Ennio Morricone. A l’époque, en préparant le film, je n’avais aucune idée précise. Mon producteur m’a dit “Je peut peut-être la proposer à Ennio.” Là, je saute en l’air ! Mon deuxième long métrage, Ennio Morricone. Je lui dis d’accord. Et en un coup de téléphone, Morricone lui répond. “Ecoutez, envoyez-moi le scénario !”. Il vient à Paris parce qu’il avait des affaires à traiter. Je rencontre Ennio. Ça se passe très bien. Il a lu le script et m’a dit je vais vous faire entendre trois notes, celles du début du film. Moi qui ait fait du solfège et du piano jusqu’à l’âge de 12 ans, je note sur un bout de papier ces notes. Ennio se retourne vers moi. “C’est vous qui avez fait ça ! Donc vous connaissez la musique. Et bien alors on va travailler ensemble !”

« Il venait nous voir à Nice » A partir de là, Morricone venait nous voir sur le tournage à Nice parce que ce n’est pas loin de l’Italie. Il m’apportait des éléments musicaux. De notre côté, on lui envoyait certaines images. Cela a été une collaborat­ion idéale. J’ai des souvenirs inouïs, on chantait des séances de travail qu’on enregistra­it à Rome durant de longues soirées. De temps en temps, je lui disais, tiens il faudrait rajouter trois coups de violon un peu violents. Il acceptait avec simplicité et modestie alors qu’il était complèteme­nt sûr de son travail. Les musiciens de son orchestre étaient à genoux devant lui. Un souvenir enchanté que cet enregistre­ment à Rome. L’illustrati­on musicale d’Ennio donne une force incroyable à “Sans mobile apparent”. Morricone apporte autre chose à un film. Il le renforce, le transcende. Et quand on voit comment il a transcendé les Sergio

Léone, on se demande comment sans Morricone, où il serait !...»

« Sacco et Vanzetti »

« C’est un homme qui est pour moi, le plus grand compositeu­r de musiques de films, Il y a eu Michel Legrand, Maurice Jarre, Bernard Herrmann. Mais lui, c’est 600 musiques pour 600 films ! C’est inégalé dans l’histoire du cinéma. Et parfois, certaines de ses musiques sont devenues iconiques comme celle de “Sacco et Vanzetti” (film politique italien avec Gian-Maria Volonté et Riccardo Cucciolla en 1971) chantée par Joan Baez.

Pour moi, c’était un homme pudique, discret, et humble. Il maîtrisait parfaiteme­nt son génie. ».

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(Photo F.Baille) Ennio Morricone au Festival de Cannes en .

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