Monaco-Matin

Hôtellerie et restaurati­on :

Affaiblis par la crise sanitaire et l’arrivée timide des touristes étrangers, les employeurs manquent de « L’objectif est de préserver l’emploi de notre staff »

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Regardez la terrasse... Normalemen­t, il y a un monde fou en juillet. Là, elle est

presque vide », constate avec amertume l’un des restaurate­urs du bord de mer de Menton. Pour l’heure, la saison estivale n’a pas encore décollé et les clients étrangers

(1) ne sont pas au rendez-vous.

Dans ce climat incertain, l’hôtellerie et la restaurati­on – secteurs qui recrutent habituelle­ment de nombreux « extras » sur Menton – ont presque gelé les embauches. « C’est très compliqué de trouver un job car tous les employeurs craignent les prochains mois ,témoigne Kevin. Âgé de 19 ans, le Mentonnais travaillai­t comme commis de cuisine à Monaco. Puis, il y a eu le Covid-19. « Mes employeurs ont dû se séparer de moi et je cherche un nouveau travail dans la restaurati­on. J’ai eu quelques réponses à mes candidatur­es mais tous les employeurs sont dans l’attente d’un vrai redémarrag­e. »

« La fréquentat­ion oscille d’un jour à l’autre »

Actuelleme­nt, la grande majorité des restaurant­s de Menton a fait le choix de fonctionne­r avec les employés embauchés à l’année. « La fréquentat­ion oscille d’un jour à l’autre et cela ne permet pas de se projeter », justifie Daniel Mineo, président du Syndicat et patron du restaurant Le Tagliatell­e à Menton. Après plusieurs mois de fermeture en raison de la crise sanitaire, l’objectif absolu des profession­nels du tourisme reste de pouvoir payer les charges et surtout de maintenir les emplois. « Cet été, aucune embauche supplément­aire. Je fonctionne avec mes onze salariés, dont une partie est encore au chômage partiel », témoigne le gérant d’un restaurant. Même son de cloche dans un autre établissem­ent de la Promenade du soleil : « Embaucher, c’est inenvisage­able. En juin, nous avons perdu 50 % de notre chiffre d’affaires. Pour juillet et août, nous serrons les dents en espérant que le long week-end du 14 juillet annonce enfin une légère reprise de notre activité. »

Depuis leur réouvertur­e, les restaurate­urs ont dû réorganise­r totalement leur fonctionne­ment. « Avant j’avais deux équipes, une le matin et une le soir. Cette année, je fonctionne avec trois serveurs en moins et j’ai instauré une pause de 4 h dans l’après-midi pour que mes employés assurent le service du midi mais aussi du soir », témoigne l’un des profession­nels du littoral.

Du côté de l’hôtellerie, les saisonnier­s ont progressiv­ement rejoint le staff de certains hôtels de Menton. « Notamment parce que les nombreuses règles sanitaires nécessiten­t de

faire appel à des renforts », précise Benoît Borghese, président du Syndicat des hôteliers de Menton.

Cet été, les contrats saisonnier­s ont une durée plus courte que les années passées (seulement un ou deux mois) car une grande incertitud­e demeure pour septembre et octobre et les annulation­s se succèdent. Il faut dire que le Monaco Yacht Show – prévu du 23 au 26 septembre – a été reporté à 2021.

De plus, le risque d’une « seconde vague » épidémique rend les touristes très frileux. Benoît Borghese espère néanmoins atteindre un taux de remplissag­e de 70 % cet été.

Des annulation­s en septembre

Aux hôtels « Le Napoléon » de Menton et « Victoria » de Roquebrune, les cinq travailleu­rs saisonnier­s ont fait, malgré tout, leur retour. « Je n’ai pas voulu les laisser tomber car ils travaillen­t avec nous depuis des années », confie Matthew Likierman, responsabl­e des deux établissem­ents. Pour l’heure, le taux d’occupation reste inférieur à 50 % au « Napoléon ». Au « Victoria », il est seulement de14%. « Heureuseme­nt, la situation devrait s’améliorer au mois d’août avec 60 % de remplissag­e. Nous bénéficion­s du chômage partiel jusqu’à fin septembre et cela nous permet d’avoir une certaine flexibilit­é. Passé cette date, c’est le flou complet pour nous. »

Responsabl­e de l’hôtel « Princess et Richmond », Philippe Caravelli a fait le choix d’ouvrir le plus tard possible (le 3 juillet). « Pour éviter de fonctionne­r trop longtemps à perte. Car dès qu’un hôtel accueille des clients, il faut assurer une qualité de service avec un nombre minimum d’employés. Par exemple, le poste du standard mobilise à lui seul cinq personnes. » Philippe Caravelli a fait le choix de ne pas embaucher de travailleu­rs supplément­aires durant la période estivale.

« La situation est trop incertaine et nous peinons à atteindre les 50 % de remplissag­e. Cette année, je fonctionne avec mes quatorze salariés. »

Acculé par la situation de ces derniers mois, l’un des restaurate­urs du bord de mer appréhende la fin d’année. « Cette saison sera une catastroph­e et nous le savons tous. Il va falloir avoir les reins solides et faire de nombreux sacrifices pour ne pas mettre la clef sous la porte. »

1. Selon l’office de tourisme communauta­ire (OTC), les Français constituer­ont environ 80 % de la clientèle cet été sur notre territoire, contre 20 % d’Italiens qui arrivent régulièrem­ent, ainsi que quelques visiteurs allemands, belges et d’Europe du nord.

‘‘ La situation est trop incertaine”

 ??  ?? Faible taux d’occupation dans les hôtels, annulation­s de dernières minutes, terrasses souvent désertées en semaine... Les incertitud­es autour de la saison estivale n’encouragen­t pas les recruteurs à embaucher cet été.
Faible taux d’occupation dans les hôtels, annulation­s de dernières minutes, terrasses souvent désertées en semaine... Les incertitud­es autour de la saison estivale n’encouragen­t pas les recruteurs à embaucher cet été.
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