Monaco-Matin

ASM : Benjamin Lecomte nous raconte tout

Après trois mois de confinemen­t, l’AS Monaco a repris le chemin de l’entraîneme­nt. Le gardien Benjamin Lecomte raconte sa vie durant le Covid mais aussi son bonheur de s’entraîner

- Textes : Mathieu FAURE Photos : Stéphane Senaux/ AS Monaco

Quelques jours après avoir assisté à une conférence de rentrée avec des masques, gel hydroalcoo­lique et distanciat­ion physique, le premier entretient avec un joueur de l’AS Monaco s’est déroulé... depuis notre canapé. Au bout du fil, Benjamin Lecomte. « C’est le nouveau protocole, au téléphone », rigole le portier monégasque. Nature et bavard, l’ancien Montpellié­rain est revenu sur sa première saison sur le Rocher, sur le confinemen­t et le retour à une vie presque normale. Sans oublier l’essentiel, le terrain avec deux objectifs majeurs pour  : retrouver une place européenne et, peut-être, une place dans les  pour l’Euro.

Vous avez retrouvé un semblant de normalité dans votre vie de footballeu­r ?

(Direct) Enfin ! Je rejoue au football, ça peut sembler dérisoire mais ça fait du bien... Tout le monde a repris en Europe, sauf nous, voilà.

Vous auriez aimé continuer la saison ?

Je ne sais pas, ça a été acté à un moment, on s’adapte. On se rend compte qu’il y a des conséquenc­es au niveau de l’image, de

‘‘ l’économie, c’est compliqué de trouver une position unanime mais on est les seuls à ne pas avoir repris. Maintenant il faut trouver du positif, alors on se projette sur la saison.

Vous avez regardé du football à la télévision récemment ?

Pas un seul match depuis que ça a repris. Je voulais me concentrer sur ma reprise et ne pas regarder ailleurs.

Comment avez-vous vécu ce confinemen­t ? Quelles leçons avez-vous tiré ?

Au début, il y avait une forme d’incertitud­e car on ne savait pas si la saison allait reprendre. C’est difficile d’être dans le flou, on ne savait pas où on allait. Et puis une fois que la saison s’est arrêtée, on est passé au plan B, à savoir bien se préparer pour la reprise. D’habitude, tu as

/ semaines de préparatio­n dans un club, là on est quasiment sur  semaines avant le premier match de Ligue , fin août. Tout est nouveau, c’est plus long, plus progressif du coup. Mais ça fait partie aussi de toute cette expérience, j’ai eu la chance de passer le confinemen­t avec ma femme, mes enfants, on a mis en place une autre routine. D’un point de vue sportif, impossible de s’entraîner comme d’habitude, sauf si ma femme se transforme en spécialist­e du poste et me concocte des exercices à la maison (rires). Donc j’ai fait du cardio, du renforceme­nt musculaire pour ne rien perdre jusqu’à la reprise. Trois mois, c’est long...

Vous faites un métier avec beaucoup de déplacemen­ts. C’est quand la dernière fois que vous êtes resté aussi longtemps chez vous ?

C’est la première fois que ça m’arrive honnêtemen­t. On a souvent une journée assez dense entre les entraîneme­nts, les temps de récupérati­on, les déplacemen­ts. Là, je me trouvais / chez moi, on s’est adapté. J’ai vraiment pris du temps avec mes enfants, ma femme. Je suis devenu casanier alors que je ne l’étais pas trop. J’ai traversé ça avec beaucoup de sérénité. On avait aussi la chance d’être dans un beau cadre, on pouvait se dépenser, avec de l’espace, tout en respectant les consignes de distanciat­ion.

On a évoqué des dépression­s chez certains footballeu­rs durant cette période. Comment avez-vous supporté la situation moralement ?

Quelque part, ça m’a fait penser à l’après-carrière. Quand tout s’arrête du jour au lendemain. Il y a un vide qu’il faut pouvoir appréhende­r. Tu passes d’une semaine avec une vie de vestiaire, des entraîneme­nts, des matches, de l’adrénaline, à plus rien. J’ai pu voir à quoi pourrait ressembler ma retraite.

A Montpellie­r, votre ancien coéquipier Junior Sambia a été hospitalis­é à cause du Coronaviru­s. Est-ce que cela a changé quelque chose dans votre vision de la crise ?

Avant qu’il ne soit touché, j’étais un peu détaché de tout ça. Je regardais les informatio­ns et j’avais la naïveté de penser que ça ne concernait que mes parents, mes grands-parents. Là, ça tombe sur un athlète de  ans. Je connais très bien Junior, je sais qu’il a respecté toutes les consignes, c’est vraiment l’histoire d’une mauvaise rencontre. Ça m’a marqué. Vraiment. J’ai pris conscience que ça pouvait être dangereux et que personne n’était à l’abri. Dès lors, j’ai encore plus fait attention.

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Tout le monde a repris en Europe, sauf nous. Voilà. Maintenant il faut regarder devant”

Quand Sambia a été hospitalis­é, j’ai pris conscience que ça pouvait être dangereux pour un athlète de haut niveau”

Avez-vous pu profiter de vacances au final ? Comment coupe-t-on dans une telle situation ?

On ne coupe pas vraiment. D’habitude, quand la saison s’arrête, on voyage, on se vide la tête, on part à l’étranger ou en France découvrir de nouveaux horizons. Là, on a coupé une semaine en Corse, sans que cela ne soit la cohue, mais je n’ai pas vraiment coupé psychologi­quement. Mentalemen­t, on n’a jamais vraiment coupé avec le football, j’espère qu’on ne le paiera pas plus tard car une saison ça se joue aussi sur la fraîcheur mentale.

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