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Le 23 juillet 2015, la chanteuse fait place comble aux Nuits du Sud. Pour leur directeur artistique, Teo Saavedra, c’est LE souvenir de 23 ans de festival. Pourtant, tout avait mal commencé...

- AMÉLIE MAURETTE amaurette@nicematin.fr

Àpeine le temps de poser la question, la réponse est immédiate. Meilleur souvenir de festival ? « Joan Baez, c’est sûr », tranche Teo Saavedra, directeur artistique des Nuits du Sud, à Vence, depuis 1998. Alors à défaut de courir à droite à gauche pour l’édition 2020, annulée comme tous les gros événements (lire ci-contre), l’Azuréen d’adoption nous raconte ce fameux jour de l’été 2015 où il est passé, en quelques heures, par toutes les émotions. Et pourquoi cinq ans après, malgré quelques embûches, ce concert reste son plus beau souvenir.

Ce 23 juillet 2015, Joan Baez est attendue en tête d’affiche, après la chanteuse algérienne Souad Massi. Programmat­ion de haut vol cette année-là. Entre Jimmy Cliff, Yuri Buenaventu­ra, Zebda, Tiken Jah Fakoly et d’autres, la moisson est bonne et l’interprète de la ballade de Sacco & Vanzetti en est un peu l’apothéose. Six mille billets vendus pour la soirée, sans parler des invitation­s, ça s’annonce plutôt pas mal. Teo Saavedra, qui s’apprête à accueillir l’une de ses idoles, est impatient. Mais il va d’abord déchanter.

« Elle a levé le poing en l’air et dit... »

« C’est une icône ! J’ai eu plusieurs fois l’envie de la faire venir au festival. Son engagement pour la paix tout au long de sa carrière me touche énormément, notamment ses prises de position contre la dictature chilienne », raconte celui qui, tout jeune homme, a fui le Chili de Pinochet après avoir séjourné trois ans dans ses prisons. « L’une des plus célèbres chansons interprété­e par Joan Baez, Gracias a la vida, est une reprise de l’artiste chilienne Violeta Parra... À l’époque du coup d’État, la chanteuse américaine soutenait publiqueme­nt les prisonnier­s, demandait la liberté et le respect des droits de l’Homme là-bas. Je l’ai toujours aimée, poursuit-il. Alors quand les étoiles se sont alignées pour la faire venir, je n’ai pas hésité ! » La chanteuse, qui a refusé d’être logée dans un hôtel de luxe, s’est installée la veille en toute simplicité, dans un établissem­ent à deux pas du centre de Vence. « Je ne suis pas allé la voir tout de suite, j’étais trop impression­né, je suis un garçon timide », plaisante Teo Saavedra.

« À 10 h, le jour du concert, se remémore le directeur artistique, je bois mon café sur la place et je vois un type costaud ouvrir les barrières devant la scène… Je pense : tiens, on dirait bien le staff de Joan Baez. Une demi-heure après, ma régisseuse m’appelle : “On a un problème, Joan Baez ne chantera pas ce soir si les restaurant­s autour de la place restent ouverts ! Elle ne peut pas chanter dans cette ambiancelà…” » Douche froide. Impossible d’envisager de fermer les établissem­ents qui bordent la place vençoise. Des centaines de personnes ont réservé et cela fait aussi partie du charme du festival. Mais le manager ne l’entend visiblemen­t pas de cette oreille et parle sérieuseme­nt d’annulation si on ne trouve pas de solution...

« Seule option, résume Teo Saavedra, qui n’arrive pas à croire que sa chanteuse préférée réagisse comme ça, il faut lui parler directemen­t, à elle. Vers midi, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis allé à l’hôtel. Une amie qui la connaissai­t, venue de Paris pour la voir, est là et me dit : “Elle boit son café juste là, vas-y !” Quand Joan Baez m’a vu approcher, elle s’est tout de suite levée pour me saluer, sans savoir d’abord qui j’étais. Puis elle m’a demandé d’où venait mon accent... Je lui ai expliqué qui j’étais, mon parcours, elle a levé le poing en l’air et dit : “Gracias a la vida” et on est tombés dans les bras l’un de l’autre ! Puis elle me fait remarquer que j’ai l’air tendu, je lui explique la situation et elle me lance : “Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ?”» La chanteuse appelle immédiatem­ent son équipe et le problème est résolu. Le concert aura bien lieu. « Et il sera magnifique ! Elle a fait une reprise superbe de L’Auvergnat, plus de six mille personnes ont chanté avec elle d’une seule voix. Et autour, le silence, on n’a pas entendu un seul coup de fourchette... C’est un souvenir musical et personnel fantastiqu­e. »

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Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ?”

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(Photo A. Ma.) Teo Saavedra.
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