Monaco-Matin

Le touriste brésilien vole une pochette à  €

Ce jeune homme au passé judiciaire déjà bien chargé à 25 ans avec dix mentions, a également dérobé une carte bancaire. Il a été condamné à quatre mois de prison

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Depuis la semaine dernière, un Brésilien âgé de 25 ans dort à la maison d’arrêt pour une durée de quatre mois. Un séjour répressif mérité dans les geôles monégasque­s quand on connaît le parcours délictuel de ce célibatair­e, sans profession, venu en Principaut­é le 29 juin dernier pour faire du tourisme.

Le loisir ? Le voleur aura peu profité du lieu de villégiatu­re choisi pour faire du shopping. En l’espace de deux heures, il a cédé à deux actes de rapines.

« Fasciné par le luxe »

Ce jour-là, en effet, tout juste débarqué du train en gare de Monaco vers 9 heures, il prend la direction de MonteCarlo. Admiratif des boutiques de luxe de l’allée François-Blanc, cet individu s’est intéressé plus précisémen­t aux produits de la boutique « Loro Piana ». Jusqu’à dérober une pochette en croco d’une valeur de 6 200 euros. Puis, dans la foulée, il a subtilisé la carte bancaire d’une victime au cours d’une discussion, certaineme­nt sur les banalités du moment. Faible profit pour ce second cas : quelque 8 euros. À l’audience de flagrance, menotté, le prévenu n’a pas l’air surpris de se retrouver dans le box.

À vrai dire, c’est un habitué de lieux identiques français. Sur son casier, dix mentions figurent pour vols, violences, filouterie­s, menaces... L’instructio­n de l’affaire est pliée en quelques minutes. Le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e reste néanmoins surpris par la singularit­é du comporteme­nt du détenu.

« Vers 10 h 40, le manager de la boutique de la place du Casino alerte les services de police pour un vol. Il soupçonne un client coiffé d’une casquette Lacoste. Le signalemen­t permet de vous interpelle­r à côté de la station ferroviair­e. Mais vous fuyez en laissant tomber une pochette. Les agents finissent par vous repérer, planqué derrière une jardinière de l’avenue des Agaves. Ils retrouvent dans vos effets une carte bancaire qui ne vous appartient pas. Pourquoi de tels méfaits ? » L’homme, avec un fort accent hispanique, relate les faits sommaireme­nt. Fasciné par le luxe, c’est la première fois qu’il venait dans la cité princière. Sans pour autant expliquer clairement les raisons qui l’ont conduit aux larcins. La pochette aurait été une sorte de souvenir et le moyen de paiement soustrait par inconscien­ce...

« Vous êtes plutôt venu pour voler ! », s’exclame le magistrat. Farfelu ou fantasque ?

« Son seul salaire de serveur ne suffit plus »

Curieuseme­nt s’il reconnaît les faits, cet être particulie­r assure que ce n’est pas son activité principale. « Je suis venu en France il y a quatre ans afin d’entamer une carrière de footballeu­r à Marseille. Mais je ne vis pas de vol. Je suis serveur pour survivre et boucler les fins de mois...»

Dans ses réquisitio­ns, la procureure Alexia Brianti refuse indulgence et indigence. Seules les infraction­s constatées comptent.

« La vidéosurve­illance montre le prévenu en train de s’emparer de la pochette.

Dans l’appartemen­t de la victime, il profite de lui prendre la carte bancaire dans son portefeuil­le au cours d’une conversati­on. Il l’a conservée sur lui. Regardez ses antécédent­s : Monsieur pratique le chapardage depuis 2018 dans la région parisienne. Cette fois, c’est en Principaut­é : il commet deux vols en deux heures à des fins de revente du butin pour en percevoir des bénéfices. Il faut stopper ce comporteme­nt délinquant. La peine ne doit pas être inférieure à cinq mois ».

Pour la défense, c’est la crise sanitaire qui a poussé son client à s’intéresser de très près aux objets de luxe. «Ses revenus de footballeu­r amateur ont fondu avec l’annulation des matches à cause du Covid-19, prétend Me Erika Bernardi. Son seul salaire de serveur ne suffit plus pour élever ses enfants. A priori, ce sont des vols d’opportunit­é. Soyez cléments ! Il veut changer son comporteme­nt afin de conserver son poste dans la sélection des joueurs de la cité phocéenne et se faire un nom dans le foot ».

Le tribunal optera pour une condamnati­on de quatre mois ferme. In fine, on ne peut s’empêcher de rapprocher cette affaire d’une réflexion du poète latin Horace : « Nil admirari » (Ne s’étonner de rien).

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D’origine brésilienn­e, le prévenu, serveur et arrivé en France pour entamer une carrière de footballeu­r, a écopé de  mois ferme. (Photo archive N.-M.)

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