Monaco-Matin

EMPLOIS EN PÉRIL

Depuis l’annonce d’un plan de restructur­ation fin juin au coeur de la firme, des pourparler­s sont en cours entre la direction monégasque et les délégués du personnel pour limiter la casse sociale

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Après Monacair, c’est au tour de la Single Buoy Moorings Offshore – spécialisé­e dans les solutions d’extraction du pétrole – d’écrémer ses effectifs, dont une partie est basée à Monaco. Et il s’agit, pour l’heure, de la partie émergée de l’iceberg puisque d’autres entreprise­s de la Principaut­é ont, d’ores et déjà, engagé des plans de restructur­ation dans un contexte économique, on le sait, chamboulé par la crise sanitaire du Covid-19. Une décision annoncée, le 24 juin par mail, aux milliers de salariés à travers le monde. « C’est avec un profond regret que je dois dire qu’une réduction des postes est inévitable (...) C’est ce qu’il faut pour assurer la survie de l’entreprise à long terme », écrivait alors Bruno Chabas, le P.-D.G. de SBM Offshore, après un argumentai­re détaillant un contexte fragile. L’antenne du quartier de Fontvieill­e, où le groupe employait près de 1 000 personnes en juin, devrait payer un lourd tribut : 180 emplois sont menacés dans trois des six entités monégasque­s (1).

La crise, « un catalyseur »

« Le fait de devoir constammen­t s’adapter n’est pas quelque chose de nouveau pour l’industrie pétrolière et gazière. Mais la conjonctio­n d’événements exceptionn­els au cours de ces derniers mois – crise sanitaire du Covid-19 et la situation OPEP-Russie – a eu des conséquenc­es sans précédent pour le marché de l’énergie, justifie le service de communicat­ion de SBM Offshore. Ce qui nécessite une accélérati­on de notre transforma­tion afin de rester compétitif­s dans un contexte où de nombreux grands projets sont repoussés ou annulés par les grandes compagnies pétrolière­s, dont nos clients. » Arguant, au passage, que la crise sanitaire a agi « comme un catalyseur », poussant le groupe à adapter sa structure pour « devenir plus compétitif ».

D’abord « choqués » par cette soudaine annonce du 24 juin, les délégués du personnel ont réagi deux jours plus tard. « Encore des incertitud­es et des licencieme­nts (2). Notre but est toujours le même : aucun départ contraint », écrivaient-ils aux salariés du groupe, prêchant logiquemen­t pour un plan de départs volontaire­s. Ce à quoi la direction répondait, toujours par mail, le 1er juillet : « Les sociétés impactées feront, bien entendu, tous leurs efforts afin de favoriser les départs volontaire­s et les reclasseme­nts et éviter ainsi au maximum les départs contraints. »

Depuis cette communicat­ion au personnel par mails interposés, la direction monégasque et les délégués du personnel se sont mis autour de la table. Depuis le 8 juillet dernier, date à laquelle les seconds ont été informés officielle­ment de l’ouverture du plan, les négociatio­ns vont bon train.

« Personne ne peut assurer s’il sera menacé »

« La surprise des salariés a fait place à de l’incompréhe­nsion. SBM Offshore se fonde sur des prévisions alarmistes pour justifier ces mesures. Les salariés, représenté­s par leurs délégués du personnel, questionne­nt la portée de ces prévisions, explique Maître Delphine Frahi, avocate spécialist­e en droit du travail et conseil des délégués du personnel des entités SBM Offshore à Monaco. Mais nous pouvons observer une très grande solidarité parmi le personnel, qui se dit prêt à un effort collectif significat­if pour parvenir à préserver l’emploi et permettre à l’entreprise de s’adapter à un contexte sans précédent. Si les suggestion­s (lire ci-contre) des salariés n’étaient pas prises au sérieux, il y aurait très certaineme­nt une grogne majeure parmi le personnel car cela laisserait à penser que le groupe poursuit d’autres objectifs que la simple volonté de s’adapter à une situation inédite. »

A priori, la direction devrait, dans les jours à venir, se positionne­r sur ces suggestion­s alternativ­es aux licencieme­nts. Trois sessions d’informatio­ns par écrans interposés, dont une aujourd’hui, doivent permettre aux salariés de poser leurs questions à leurs représenta­nts. Et lever (en partie) le voile sur leur avenir. « On ne sait pas encore quelles positions [postes,

ndlr] sont impactées. Du coup, personne ne peut assurer s’il sera menacé ou non », conclut un salarié, sous couvert d’anonymat. (1) Single Buoy Moorings Bureau d’Études SAM ; Offshore Energy Developmen­t Corporatio­n SAM ; Imodco Terminals S.A.

(2) Il y a eu deux plans de départs en 2015 et 2016.

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(Photo C.D.) Trois des six entités monégasque­s sont concernées par le plan de restructur­ation.

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