La pétanque se « pointe » au conseil de Beausoleil
Ce mercredi soir, la baisse de subventions de l’Entente Bouliste et la fin du prêt gracieux de ses locaux par la mairie a opposé la majorité et Lucien Bella, élu d’opposition et président du club
Àl’ombre des oliviers du clos des Moneghetti, où évolue l’Entente bouliste de Beausoleil qu’il préside depuis près de deux décennies, Lucien Bella est plutôt du genre pointeur. Mercredi soir en conseil municipal, l’élu d’opposition a pourtant « tiré » à tout-va quand est venu le temps de délibérer sur le réajustement des subventions aux associations. La crise sanitaire du Covid-19 ayant largement réduit, voire supprimé, l’activité de certaines associations, huit d’entre elles voient leur dotation financière fondre pour l’année 2020. De 3 000 euros à 500 euros pour l’Entente bouliste, par exemple. D’où l’ire de Lucien Bella qui, dégainant le premier, part en quête de réponses auprès de la majorité. Tout comme la poignée de boulistes, placés dans le public derrière lui et habillés aux couleurs du club de pétanque. « Quels sont vos arguments ? Le club dispose d’un palmarès qui en fait l’une des associations sportives les plus performantes de la ville, si ce n’est la plus performante, prêche Lucien Bella. M. le maire, vous assouvissez votre vengeance à mon égard. Je ne veux pas croire que mes anciens collègues, présents ce soir, et les nouveaux élus vous suivent sur le chemin de cette vendetta. »
« Vous jetez hors des murs un club »
En filigrane, le conseiller municipal d’opposition et président de l’Entente bouliste reproche à Gérard Spinelli de lui faire payer son récent changement de bord politique et rapprochement avec Stéphane Manfredi (1).
Le sujet déborde alors hors du cadre de ladite délibération. « Vous tentez de jeter hors des murs un club qui existe depuis 1984 », poursuit Lucien Bella. Référence non feinte à une missive envoyée le 9 juin par Gérard Destefanis, Premier adjoint au maire [et ancien président du club, N.D.L.R.], à Lucien Bella. « La commune a mis à disposition de votre association, à titre gracieux, des terrains communaux. Dans le cadre d’un projet d’intérêt communal, ces locaux et terrains devront être remis à disposition de la collectivité. »
Le club de pétanque est, de fait, invité à libérer les lieux. Au plus tard le 30 septembre. « Sans concertation, sans proposition sans rien (...) tout cela n’est que basse vengeance », fulmine Lucien Bella.
« Je suis choqué de ton intervention »
« Je suis surpris, pour ne pas dire choqué, de ton intervention, amorce Nicolas Spinelli, en guise de réponse. Il y a une confusion extrêmement grave entre ton mandat de conseiller municipal et ton engagement associatif. Défendre un intérêt privé et personnel est contraire à l’article 2 de la charte
(2) de l’élu local que nous avons signé en début de mandat. C’est totalement hors de propos. Il y a eu des échanges verbaux et des courriers qui ont été clairs et précis. » Colère noire de Lucien Bella : «Sijenela défends pas au conseil, où est-ce que je la défends ? »
Stéphane Manfredi, chef de file de l’opposition « n’étant ni président, ni membre du bureau de l’Entente bouliste », tente alors de glaner plus d’explications. D’abord sur la baisse de subventions, regrettant au passage que toutes les associations sportives ne soient pas logées à la même enseigne. « L’association a eu une activité de deux mois sur 2020 et n’en aura plus pour le reste de l’année. On a donc appliqué un prorata de 1/6e sur la subvention de 3 000 euros », argue Nicolas Spinelli. Puis, sur la nature du projet, qualifié « d’intérêt communal » par la municipalité, censé supplanter le clos des Moneghetti. Stéphane Manfredi n’en saura guère plus, la majorité Spinelli refusant d’évoquer le sujet car non inscrit à l’ordre du jour. Sollicitée au terme des deux heures de séance, Cindy Genovese, adjointe aux aménagements paysagers et urbains, nous en dit plus : « Il est question de rénover le local pour en faire une salle polyvalente à destination du quartier, avec des animations pour les familles, pour la crèche et pour la maison de retraite. L’extérieur sera réaménagé en espace convivial ouvert aux habitants avec, éventuellement, le maintien d’un terrain de pétanque ouvert à tous. » Fin de l’histoire ? Pas vraiment. Dans un communiqué du 9 juillet, Lucien Bella se disait déjà prêt à « utiliser tous les moyens juridiques pour [s’] opposer à cette expulsion. »
Lucien Bella était l’adjoint à l’Environnement de (1)
Gérard Spinelli de 1995 à 2001 et de 2014 à 2020. En janvier, il avait claqué la porte de la majorité pour figurer sur la liste « Soyons fiers de Beausoleil » de Stéphane Manfredi aux élections municipales.
(2) « Dans l’exercice de son mandat, l’élu local poursuit le seul intérêt général, à l’exclusion de tout intérêt qui lui soit personnel, directement ou indirectement, ou de tout autre intérêt particulier. »