Monaco-Matin

Grégoire Tarride remet du braquet

Cycliste profession­nel de 2012 à 2015, le Saint-Cézarien est aujourd’hui un ostéopathe comblé. Un épanouisse­ment qu’il doit aussi à sa deuxième activité, pas si éloignée de son passé de coureur...

- CORENTIN MIGOULE

Faire deux choses en même temps, n’est-ce pas le meilleur moyen de mal faire les deux ? Grégoire Tarride semble en être le parfait contre-exemple. À 29 ans, ce natif de SaintPries­t-en-Jarez (42) a mené de front une honnête carrière de cycliste et de brillantes études d’ostéopathi­e. Si la première activité a pris fin précocemen­t il y a bientôt 3 ans, la seconde a débouché sur l’achat d’un cabinet à Antibes, où l’ancien profession­nel est depuis installé. Cette capacité à mener plusieurs batailles, le cycliste la met en oeuvre en intervenan­t une à deux fois par semaine auprès du magasin Golden Cycles, à Vallauris. Moyennant 250€, les clients peuvent profiter de l’expertise de l’ostéopathe qui procède à des études posturales.

« Tout le monde veut se mettre au vélo »

« Cela permet de partir du bon pied. Il faudrait presque que ce soit obligatoir­e à l’achat d’un vélo », glisse l’Azuréen d’adoption. Et de poursuivre : « Il y a trop de gens qui ne prennent plus de plaisir à faire du vélo car ils ont une mauvaise position. » Grégoire Tarride est là pour y remédier. La procédure est bien huilée : passage sur la table de massage, prise des mensuratio­ns, angulation des genoux, hauteur de selle, réglage de la potence du guidon... Tout y passe, jusqu’à l’obtention de la position parfaite ! « Depuis plusieurs semaines, ça n’arrête pas ! La pandémie actuelle aura au moins eu un aspect positif : tout le monde veut se mettre

au vélo », assure l’ancien coureur, qui n’a pas pris un gramme depuis la fin de sa carrière. Passé par le triathlon, Grégoire l’hyperactif bifurque à l’âge de 16 ans vers le cyclisme. Dès sa première saison, il obtient une prometteus­e 3e place au championna­t de France sur route juniors. Frédéric Rostaing, alors manager du club La Pomme Marseille (rebaptisé NippoDelko One Provence depuis le début de l’année), le fait signer. L’équipe obtient le statut profession­nel, Grégoire Tarride avec. S’il s’adjuge une étape du Tour d’Alsace en 2014, portant même le maillot jaune durant 3 jours, le Ligérien ne confirme pas le potentiel entrevu : « Je faisais mes meilleures performanc­es l’été, pendant les vacances scolaires. » Ereinté par un cursus scolaire exigeant qui ne lui permet pas de s’entraîner aussi dur que les autres, le jeune coureur sent le vent tourner : «Onnemelere­prochait pas directemen­t mais je voyais bien que mes études

dérangeaie­nt. » Fin 2015, lorsque son équipe accède à la deuxième division du cyclisme (UCI Pro Team), son contrat n’est pas renouvelé. Il redescend d’un étage, espérant rebondir, en s’engageant avec l’AVC Aix-en-Provence (DN1).

« Le jour où tout s’arrête, qu’est-ce que j’ai ? »

Ses études s’achèvent et ses résultats s’en ressentent. Grégoire Tarride est dans la forme de sa vie. Mais fin 2017, à 26 ans, il met un terme à une aventure entamée 10 ans plus tôt. La faute à une offre sportive intéressan­te qui n’arrivera pas. « Les meilleures années étaient devant moi. Au vélo, la maturité s’atteint entre 28 et 32 ans, sauf quelques exceptions comme Egan Bernal. J’aurais aimé repasser pro, mais les dirigeants ont préféré miser sur des plus jeunes. » Le grand brun ira même jusqu’à comparer le nouveau modèle de recrutemen­t du cyclisme à celui du football. Pragmatiqu­e, le jeune homme avait anticipé depuis longtemps en

privilégia­nt les études : «Jesavais que même avec mon bon niveau, je ne deviendrai­s jamais une grosse star du cyclisme qui m’aurait permis de bien gagner ma vie. Je me suis dit : le jour où tout s’arrête, qu’est-ce que j’ai ? » Aujourd’hui, l’ancien coureur est un homme comblé. D’autant que sa double activité lui permet de garder un lien avec son monde d’avant puisqu’il côtoie régulièrem­ent des profession­nels comme Clément Russo, coureur chez ArkéaSamsi­c. Au moment de se quitter, Grégoire Tarride conclut : « Être heureux au travail ça n’a pas de prix. J’espère travailler toute ma vie. »

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(Photo C.M.) Grégoire au côté d’une pièce rare du magasin Golden Cycles.

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