Monaco-Matin

Il paye deux fois sa Porsche à cause d’un intermédia­ire véreux

- JEAN-MARIE FIORUCCI * Assesseurs : Mmes Carole Delorme-Le Floch et Séverine Lasch.

Acheter la Porsche de ses rêves au meilleur prix, c’était le souhait d’un acquéreur monégasque avant d’être arnaqué.

En janvier 2017, il dénichait le modèle convoité vendu par un garage de la région. Le véhicule prestigieu­x était cédé pour la somme de 51 000 euros. Parcimonie­ux, l’éventuel preneur consultait les cotes de l’Argus pour entrevoir un tarif plus avantageux. Il pouvait négocier jusqu’à 47 000 euros. Pour pallier toute inquiétude et s’en tenir au barème préférenti­el, l’intéressé contactait un commercial de Sainte-Maxime. Un profession­nel qui, par le passé, avait déjà obtenu un rabais en agissant dans une transactio­n pour le résident monégasque. Mais le client avait choisi la mauvaise personne.

Par des manoeuvres frauduleus­es et un bon de commande falsifié, le mandataire escroc empochait l’argent… pour payer les dettes de sa société défaillant­e. Adieu la Porsche…

« J’ai compris que tout était faux…»

« Quand j’ai contacté le garage, détaille le plaignant à l’audience, j’ai compris que tout était faux. Il fallait remettre ce montant au seul propriétai­re du véhicule. J’ai dû repayer la voiture au tarif affiché de 51 000 euros. Mais je n’ai jamais été remboursé de la somme remise à l’intermédia­ire. J’ai porté plainte. Je la réclame… »

À la marche, le prévenu apparaît désolé. « J’ai mal géré mon entreprise… » Transition ingénieuse du président Florestan Bellinzona

sur l’absence de remboursem­ent (*) depuis le temps : « Pour quelle raison ? Même partiel ? Vous avez deux mentions sur votre casier pour abus de confiance et ivresse au volant. »

Le client n’a jamais accepté d’échéancier, d’après le coupable. Le demandeur s’en explique : « C’était uniquement dans la parole. Jamais dans les actes. Plus encore, je n’ai jamais voulu d’acompte, mais toujours la somme complète, afin de ne pas mettre un terme à la procédure. »

Dans le cadre cette escroqueri­e astucieuse, la procureur Alexia Brianti requiert une sanction de deux mois de prison ferme. «Ce sont des manoeuvres frauduleus­es. Cet individu joue sur la confiance commercial­e pour sauver sa société. Des faits intolérabl­es qu’il faut réprouver. » À l’heure de réclamer le préjudice, la défense met en exergue un cas classique avec une mauvaise image de cavalerie et une infraction qui n’est pas contestée.

« Comment vais-je faire si je suis en prison ? »

« Cet intermédia­ire, affirme Me Thomas Brezzo, continue ses agissement­s en toute impunité. Alors, aujourd’hui, il est intéressan­t de le contraindr­e au remboursem­ent des sommes dues. Monsieur s’est reconstrui­t ? Qu’il s’engage à réparer à hauteur de 54 000 euros. »

Au prévenu de s’épouvanter pour conclure : «Jesuisun père de famille de quatre enfants. Ma femme est sans revenu. Comment vais-je faire si je suis en prison ? Je veux travailler pour rembourser… » Le tribunal en a pris bonne note. Après en avoir délibéré, les juges s’en tiendront à huit mois avec sursis, liberté d’épreuve pendant trois ans et le remboursem­ent de 47 000 euros à la partie civile.

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(Illustrati­on MM) Grâce à un faux bon de commande le prévenu a utilisé la somme de 47 000 € remise par l’acheteur pour payer les dettes de sa société défaillant­e.

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