Monaco-Matin

« Dans trente ans, il y aura plus de plastique que de poissons en mer »

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« Dramatique », souffle Christophe Geloni, en évoquant la raie pastenague rencontrée au large d’Antibes par l’équipe d’Hugo Clément. Le responsabl­e de l’associatio­n Ensemble pour la protection du littoral antibois se désole : « C’est toujours et encore le même problème. Certes, la fin est heureuse pour cet animal, et il faut s’en réjouir. Mais il faut voir la problémati­que de manière plus large. » Organisant depuis plusieurs années de nombreux ramassages citoyens, le photograph­e engagé reste abasourdi devant les chiffres annoncés par la communauté scientifiq­ue. « Quand on sait qu’en 2050, il y aura plus de plastiques que de poissons dans les océans… On se doit de réagir. » L’urgence s’avère on ne peut plus prégnante : « 8 millions de tonnes de déchets plastiques s’ajoutent dans nos mers chaque année (1)!»Une présence dévastatri­ce pour toute forme de vie : « Neuf oiseaux marins sur dix auraient du plastique dans leur organisme (2) » Un constat sombre sur lequel il est pourtant possible d’agir. Le nerf de la guerre ? « L’enjeu prend place au niveau de notre consommati­on, du recyclage également qui à l’heure actuelle est bien trop faible concernant le plastique. » Et si la législatio­n avance petit à petit [voir encadré], le compte à rebours, lui, défile au galop…

Macrodéche­ts à la pelle

Un impératif qui, aujourd’hui, prend chair dans les clichés pris par Greg Lecoeur. « Ah non ! je n’ai jamais rien vu de tel », lance Jacky Fieschi de l’associatio­n antiboise Les Fonds bleus en évoquant la scène capturée par le chasseur d’images. « Mis à part une vieille murène dans un tube… Nous, on est surtout sur du non-vivant », indique celui qui traque la pollution en tous genres avec ses comparses. Ce matin, il plongera à nouveau dans les fonds juanais au niveau de pont Dulys : « Il y a de quoi faire dans cette zone. En l’absence de coup de mer, les déchets stagnent au niveau des posidonies. »À chacune de ses sorties, l’associatio­n relaie le résultat de sa « pêche du jour » sur les réseaux sociaux. Comme bien souvent, les plastiques sont en première ligne. Si dans certains endroits comme dernièreme­nt à la Garoupe au cap d’Antibes, le peu de déchet se trouve rapidement ramassé, dans d’autres sites, la donne s’avère différente. Comme devant le Garden Beach à Juan-les-Pins où les macrodéche­ts ont été collectés à la pelle par la fine équipe au début du mois de juillet. Ces bénévoles mesurent, chaque semaine, l’impact des filets de récupérati­on installés sur les émissaires d’eaux pluviales. « Quand on va dans les communes qui s’en sont dotées, on voit clairement la différence. À Mandelieu, Théoule-sur-Mer ou encore Villeneuve­Loubet pour n’en citer que quelquesun­es, on se rend compte des bienfaits. » En clair : une baisse nette des déchets terrestres dans les zones de baignade. Pour autant, cette solution – récemment adoptée par la ville de Cannes dans le vieux port – ne fait pas encore l’unanimité sur le littoral azuréen. Mais cela ne pourrait être qu’une question de temps…

1. Selon la Fondation Ellen MacArthur.

2. Selon la publicatio­n de la revue américaine PNAS.

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